Deep Tech, nouveau credo de l’UM6P
En osant le pari d’un domaine à la pointe de l’innovation technologique, l’UM6P souhaite se positionner assez tôt sur la chaîne de valeur régionale.
Il y a un peu plus d’un an, une centaine d’experts en intelligence artificielle ont exigé, à travers une lettre ouverte, un moratoire sur le développement des systèmes d’IA générative, invoquant de « graves risques pour l’humanité ». Requête suivie, en début de mars, par une plainte d’Elon Musk devant le tribunal de San Francisco. Le milliardaire accuse Sam Altman et Greg Brockman, cofondateurs d’OpenAI, d’avoir détourné les statuts de l’organisation – à but non lucratif -, conçue initialement pour « œuvrer pour le bien de l’humanité », en s’alliant notamment avec Microsoft.
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C’est dans un contexte fort tendu marqué par l’ascension fulgurante de l’IA, et où l’humanité semble se diriger vers la singularité technologique, – le point de non-retour où la technologie pourrait échapper à tout contrôle humain -, que s’est tenue la première édition du Deep Tech Summit. Ce forum, à l’interface de la philosophie et de la technologie, qui a lieu du 8 au 10 mai sur le campus de Benguerir de l’UM6P, se fixe pour objectif de déchiffrer, dans l’état actuel, les enjeux contemporains, partant de la progression des technologies cognitives, à l’automatisation des processus, voire de l’imminence d’une guerre nucléaire. « C’est une plateforme de discussions qui rallie plus de 2000 participants et compte plus de 70 intervenants, ce qui témoigne de l’engouement pour les technologies de pointe en Afrique », fait valoir Yassine Laghzaoui, directeur général d’UM6P Ventures.
Mais au-delà de servir de plateforme d’échange, pour l’UM6P, c’est le parfait alibi pour s’investir dans les innovations de rupture. Ce secteur qui englobe des technologies de pointe telles que l’IA, la biotechnologie, la robotique est caractérisé par un potentiel disruptif considérable. « C’est une démarche audacieuse, certes, mais elle est en ligne avec notre vision qui consiste à faire de l’Afrique le nouveau terrain de jeu des technologies de rupture », déclare Yassine Laghzaoui, directeur général d’UM6P Ventures.
Investissements lourds
De par leur nature avant-gardiste, ces innovations exigent de lourds investissements en recherche et développement. Pour une université, même à la pointe de la technologie, mobiliser ces ressources peut représenter un défi majeur. Les avancées dans les filières comme la biotechnologie appliquée à l’agriculture montrent que la synthèse biologique peut révolutionner la production alimentaire, offrant des solutions durables face aux défis de l’insécurité alimentaire. Toutefois, ces applications, bien que prometteuses, requièrent un long processus de développement, depuis la conception initiale en laboratoire jusqu’à la production à grande échelle. Idem pour d’autres secteurs tels que la robotique, où l’automatisation poussée nécessite des investissements massifs en R&D.
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La maturité des technologies deep tech pose également un défi pour les business angels et les venture capitalists, car nombre de ces innovations exigent un appui financier solide dans les stades amont de développement. En effet, investir dans ces technologies peut s’avérer risqué, le succès commercial n’étant pas forcément au rendez-vous en bout de chaîne. S’y ajoutent les synergies opérationnelles nécessaires entre startups, investisseurs et entreprises établies.
Construire un tel écosystème en Afrique du Nord est désormais le nouveau credo de l’écosystème UM6P. « À la date du sommet, l’Afrique compte pour seulement 0,3 % de l’économie mondiale de la Deep Tech, avec 3,5 % des investissements en capital-risque en 2022 », explique Yassine Laghzioui, Directeur de l’Entrepreneuriat et du Venturing à l’UM6P, soulignant l’importance de cette rencontre pour unir les forces et projeter l’Afrique dans un avenir où la Deep Tech est un moteur d’innovation et de création de valeur.
Se positionner en leader de la deep tech peut radicalement changer le paysage économique local, mais exige également d’adapter les politiques publiques aux spécificités des nouvelles technologies. « Nous avons besoin d’une classe politique qui comprend globalement la méta-psyché pour réguler efficacement sans freiner le progrès », indique Gilles Babinet, Président du Conseil National du Numérique, mettant en avant la nécessité d’harmoniser innovation et réglementation.