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Delta holding. Fouad Fahim, 12 ans de succès dans la transition générationnelle

Succession réussie chez Delta Holding. Cela fait déjà douze ans que Hadj Fahim, fondateur et patriarche, a passé le flambeau à ses fils, Fouad, actuel PDG, et Mustapha, vice-président. Le groupe, spécialisé dans les secteurs de l’eau, de l’environnement, des infrastructures, de la métallurgie, de la parachimie et des services, a affiché des résultats financiers remarquables pour le premier semestre 2024.

Au cours des six premiers mois de cette année, le groupe familial Fahim a maintenu une solide performance dans l’ensemble de ses filiales, confirmant ainsi sa dynamique de croissance à travers ses principaux indicateurs financiers.

Une performance financière remarquable

Le chiffre d’affaires consolidé a augmenté de 4% par rapport au premier semestre 2023, atteignant 1 375 millions de DH, tandis que le résultat d’exploitation consolidé a progressé de 23% pour atteindre 170 millions de DH. Le résultat net consolidé a, lui, bondi de 84% s’élevant à 169 millions de DH, tandis que la part du groupe dans ce résultat a progressé de 81%, atteignant 142 millions de DH. De plus, l’endettement financier a significativement diminué, avec une baisse de 134% au niveau des comptes consolidés et de 121% au niveau des comptes sociaux par rapport à l’année précédente.

Cerise sur le gâteau, le carnet de commandes restant à réaliser à la fin du premier semestre 2024 s’élève à 2 828 millions de DH représentant ainsi neuf mois de chiffre d’affaires. Déjà, en 2023, le groupe avait enregistré une hausse de 12% de son chiffre d’affaires consolidé par rapport à 2022, atteignant 3 133 millions de DH, avec 18% provenant des exportations.

Des fondamentaux solides

Depuis que Hadj Fahim a passé les rênes, l’avenir de la société semble entre de bonnes mains. « La transition entre les générations se fait en douceur, Hadj Fahim restant administrateur et apportant son soutien à ses fils. Contrairement à de nombreuses autres entreprises familiales, Delta Holding a opté pour une approche transparente, évitant ainsi une succession brutale », souligne un analyste financier qui suit la société cotée à la Bourse de Casablanca, depuis plusieurs années.

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Diplômé de l’École du Génie Rural, Hadj Fahim (79 ans) a débuté sa carrière professionnelle au sein du ministère de l’Agriculture, où il a occupé le poste de chef de service de l’Equipement. A l’âge de 29 ans, il quitte la fonction publique pour se lancer dans le secteur privé. En 1974, il devient directeur général de SATCO, une entreprise de signalisation routière dans laquelle il avait investi, marquant ainsi le début de Delta Holding.

Dès le départ, Hadj Fahim élabore une stratégie de développement à long terme pour son groupe, centrée sur des secteurs correspondant à son expertise. Cette approche conduit rapidement à une diversification équilibrée des activités, avec un accent particulier sur la qualité, l’adaptation aux nouvelles technologies et l’évolution économique. Le groupe se fait d’abord un nom dans le secteur du BTP, accumulant une solide expérience dans la réalisation d’infrastructures majeures, notamment des autoroutes, des barrages, des projets de construction et de l’immobilier.

Expansion dans l’industrie

Delta Holding poursuit son expansion dans l’industrie, en particulier dans la métallurgie, et se distingue par son expertise en construction métallique, chaudronnerie lourde, tôlerie de précision, et équipements électromécaniques pour barrages, des secteurs auparavant dominés par des entreprises étrangères. Le groupe s’établit également dans la production d’éthanol (dont il est le seul producteur au Maroc), ainsi que dans les gaz industriels et médicaux, tout en développant ses compétences en galvanisation et fonderie.

Toujours en quête de nouvelles opportunités, Delta Holding investit dans le secteur de l’eau et de l’environnement, devenant un leader dans la fabrication et l’installation de conduites d’eau en béton précontraint. En 1990, alors qu’il préside des entreprises comme Galvacier, Grands Chantiers Routiers (GCR), la Société civile immobilière des aciéries de Skhirat (SCIAS), AIC Métallurgie, et HFI, Hadj Fahim réorganise l’ensemble sous la forme d’une holding, tout en siégeant aux conseils de Sogetrama-GLS et de l’Omnium maghrébin des conduites d’eau (OMCE).

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2004, pour célébrer ses 30 ans, Delta Holding a défini de nouveaux axes de croissance, notamment à l’international. Deux ans plus tard, le groupe ouvre une filiale à Dakar, au Sénégal, avec une usine de galvanisation à chaud, visant à s’implanter en Afrique de l’Ouest. Sur le plan international, le groupe exporte également des produits tels que l’éthanol, les équipements de sécurité et les pièces de fonderie vers les pays voisins.

Une société distincte pour gérer les biens de la famille

En 2007, la famille Fahim, qui détient environ 70% du conglomérat, crée HF Internatipnal (HFI), une société distincte pour gérer ses biens hors du périmètre de Delta Holding. HFI regroupe les participations cédées par le conglomérat pour des raisons de non-cohérence stratégique et détient 15% de Delta Holding. Parmi ses autres participations, au-delà de Delta holding, figurent Rim Supermarché, BTP Rama, Maroc Signal, et Promiter, avec un conseil d’administration composé des enfants du fondateur : Fouad, Mustapha, Meryem et Leila.

En 2008, Hadj Fahim décide de renforcer l’expansion internationale de Delta Holding en investissant dans les concessions de services publics. En établissant des partenariats locaux solides, Delta remporte son premier contrat d’affermage d’eau potable au Cameroun via la Camerounaise des Eaux (CDE). Ce contrat couvre la gestion complète de l’eau dans les villes de Douala, Yaoundé et 104 autres centres urbains. Après 10 ans de gestion, et voyant la CDE rétablie, l’État camerounais décide de ne pas renouveler la concession.

Des filiales autonomes

Afin de structurer sa gestion, Delta Holding accorde une autonomie à ses filiales, tout en assurant un suivi rigoureux par le biais de contrats-programmes, de reportings mensuels et d’audits réguliers. Le groupe soutient également ses filiales via un système de « cash pooling » pour optimiser leur gestion de trésorerie. Les 20 filiales de Delta Holding sont regroupées en cinq pôles d’activités : Infrastructures, Industrie, Parachimie, Environnement et Services. Un pôle dédié à l’international est également mis en place, renforçant les synergies internes et le management technique.

Avec plus de 3000 employés, dont 400 cadres et 100 ingénieurs, Delta Holding est devenu un acteur majeur du secteur marocain du BTP et des infrastructures. En 2008, le groupe fait son entrée en Bourse, devenant le premier groupe BTP coté à Casablanca, marquant ainsi une nouvelle étape dans son développement.

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Un an après son entrée à la Bourse de Casablanca, Delta Holding s’est engagé dans de nombreux projets d’envergure. Parmi eux, l’entretien des tronçons autoroutiers Rabat-Fès et Casablanca-Settat, ainsi que la réalisation des travaux de signalisation verticale et horizontale, des dispositifs de sécurité et des équipements de péage sur l’autoroute Marrakech-Chichaoua. Le groupe s’est également concentré sur la conception et l’installation d’équipements électromécaniques pour les barrages de Wirgane, près de Marrakech, et Oued El Maleh, dans la région de Benslimane. En parallèle, Delta Holding a pris part à la construction et à l’extension de structures industrielles et commerciales, comme les hypermarchés Marjane, le laminoir Univers Acier à Sidi Hajjaj, ainsi que la salle couverte de la Wilaya de Rabat Zaer. De plus, le groupe a finalisé les travaux.

Acquisitions et défis

En 2010, Delta Holding acquiert 51% de Sel de Mohammedia (SSM) auprès de l’État pour 655 millions de DH, dans le but de renforcer ses secteurs de parachimie et de travaux publics. La SSM fournit en effet du sel aux grands industriels ainsi qu’aux sociétés d’autoroutes pour le déneigement. Parallèlement, Delta Holding crée Africbitumes, une coentreprise avec la SAMIR.

Cependant, en 2012, un conflit entre Delta Holding et certains ouvriers temporaires dégénère, entraînant la fermeture des usines de Kénitra. Ce blocage, combiné à une conjoncture défavorable, provoque une chute de près de 20% du chiffre d’affaires et de près de 55% du résultat net. Face à cette situation, l’entreprise décide de délocaliser une partie de ses activités à l’étranger et au Maroc.

Transition réussie

Fouad Fahim, qui dirigeait déjà plusieurs filiales depuis le début des années 1990, succède à son père, Hadj, à la tête de Delta Holding en octobre 2011. Il connaît bien l’entreprise, ayant commencé sa carrière en 1992 en tant qu’ingénieur de production chez AIC Métallurgie, une filiale de Delta spécialisée dans la construction métallique et mécanique, la chaudronnerie, ainsi que les équipements hydromécaniques et d’éclairage public. En 1998, il est nommé directeur général de cette même entité.

En 2000, après avoir obtenu un diplôme en génie industriel et mécanique à l’École des hautes études d’ingénieur-Junia (HEI) en France, il rejoint Delta Holding SA en tant que directeur général chargé du développement.

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Fouad Fahim, né en 1968, met rapidement en œuvre les stratégies de Delta Holding, qui s’impose depuis 38 ans dans le secteur des infrastructures à travers le Royaume, tout en y ajoutant sa touche personnelle. Il est épaulé dans sa mission par son frère Mustapha, également vice-président de Delta Holding. Mustapha, né en 1972 et diplômé de l’École Hassania des travaux publics (EHTP) en 1997 en spécialité Routes et Ouvrages d’art, possède également un MBA de l’École nationale des ponts et chaussées (ENPC) obtenu en 2008.

Mustapha, à l’instar de son frère aîné, débute sa carrière en 1997 à la Société G.C.R (Grands Chantiers Routiers), une filiale de Delta Holding spécialisée dans les travaux routiers et leader dans son secteur. Il commence comme ingénieur travaux chargé d’affaires et gravit rapidement les échelons pour devenir directeur général en 2003. En 2008, il rejoint Delta Holding SA en tant que Directeur Général du pôle Infrastructures. Ensemble avec leur père, Hadj Fahim, qui reste administrateur, les deux frères parviennent à résoudre un mouvement de grève qui a paralysé pendant plusieurs mois six grandes entreprises du groupe à Kénitra. Grâce à l’intervention des autorités, la situation commence à se stabiliser dès janvier 2013.

Meriem Bensaleh Chaqroun, alors présidente de la CGEM, joue un rôle clé pour mettre fin à cette « grève sauvage ». Pour la première fois depuis son introduction en Bourse en 2008, Delta Holding décide de différer la distribution de dividendes. Fouad multiplie les missions à l’international, notamment en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord. Les frères Fahim s’engagent à renforcer l’exportation et à développer les activités du groupe à l’international. Présent au Sénégal, au Cameroun et au Togo, le groupe s’implante également en France avec sa filiale Isosign, où il ouvre une unité de fabrication de panneaux routiers et de chantier à Saint-Eusèbe (Saône-et-Loire). L’investissement pour les équipements s’élève à 1,8 million d’euros, auquel s’ajoutent 870 000 euros pour le foncier et l’immobilier.

En avril dernier, le groupe Fahim vend sa participation de 53,5 % dans Isosign, détenue indirectement via sa filiale DHE, à Alizon Participations. Cette cession, au-delà de valoriser l’investissement initial, vise à renforcer les capacités opérationnelles et financières de Delta Holding pour saisir de nouvelles opportunités d’investissement à l’international.

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Sous la direction de Fouad Fahim, Delta Holding, qui célèbre cette année son cinquantième anniversaire, a vu son nombre de filiales atteindre la barre des 34, avec 3600 collaborateurs. Selon notre analyste financier, la véritable force de Delta Holding réside dans sa capacité d’écoute et de conseil, son savoir-faire familial transmis de génération en génération, son esprit d’innovation, ses relations de confiance avec ses clients et la synergie entre ses filiales.

En 2015, le magazine Forbes a classé Fouad Fahim à la 82ème position des 100 personnalités arabes les plus riches, avec une fortune estimée à environ 220 millions de dollars. Il a également été classé 5ème parmi les fortunes marocaines.

Les entreprises familiales, considérées comme l’épine dorsale de l’économie marocaine, ont souvent souffert de successions mal gérées. Bien que longtemps considérée comme un sujet tabou pour des raisons culturelles, la famille Fahim a su ouvrir la voie. Discrète par nature, elle l’est encore plus avec la nouvelle génération, dont les photos sont absentes des réseaux sociaux et sur la toile d’une manière générale.

 
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