Dessalement de l’eau de mer. une alternative incontournable
Sans eau, aucune vie n’est possible. L’eau est le premier élément révélateur de ce rapport évolutif, matériellement et historiquement nécessaire entre l’être humain et la nature. L’eau révèle aussi la complexité des rapports sociaux. Sous l’effet du réchauffement climatique et de la surexploitation des eaux souterraines, l’eau connait une raréfaction continue et chronique. Cette situation qui ne cesse de s’aggraver au Maroc, fait appel à des solutions urgentes et structurelles. Outre le traitement des eaux usées et leur recyclage pour des usages spécifiques, ainsi que le dessalement de l’eau de mer, option nécessaire et incontournable bien que coûteuse, un nouveau mode de gouvernance des ressources hydriques s’impose.
Apeine 30% de l’eau douce totale est potable, soit 0,75% du volume total de l’eau sur Terre, dont presque 70% sous forme de ressources inaccessibles sous forme de glaciers et de calottes glaciaires, presque 30% sous forme d’eau souterraine et 0,27% sous forme d’eau de surface (Gleik et al, 2012). Alors que l’eau salée représente près de 97,5% du volume total d’eau sur Terre et est accessible à presque tous les pays disposant d’un littoral. Ce qui fait aujourd’hui du dessalement de l’eau de mer une option stratégique pour sécuriser l’approvisionnement en eau, surtout dans les pays en situation de stress hydrique. Actuellement, la capacité mondiale de dessalement est de plus de 100 millions de m3 par jour, provenant de plus de 16 000 usines réparties dans 175 pays. Les pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) détiennent presque la moitié de cette capacité mondiale. Les technologies de dessalement les plus utilisées sont l’osmose inverse (RO), le flash multi-étapes (MSF), la distillation multi-effets (MED), l’électrodyalyse (ED) et les technologies hybrides, avec respectivement une part de 63%, 23%, 8%, 3% et 3%.
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La situation climatique actuelle au Maroc due principalement au réchauffement global et à la variabilité temporelle et spatiale des précipitations, a négativement impacté l’ensemble des secteurs, en particulier la production d’eau potable et de l’eau d’irrigation agricole. Pour pallier les problèmes dus à la pénurie d’eau, la mobilisation des ressources en eaux non conventionnelles, notamment l’eau de mer dessalée, est une option qui s’impose, d’autant plus que le Maroc dispose d’un littoral maritime de plus de 3 500 km, avec un poids corporel de l’ordre de 500 millions de m3 (Hssaisoune et al. 2020). Aujourd’hui, les procédés les plus utilisés sont ceux qui présentent le moins de coûts aussi bien économiques qu’environnementaux. C’est notamment le cas de l’osmose inverse mais aussi de la nanotechnologie, de la distillation par membrane ou de l’électrodyalyse. Le Plan national de l’eau a prévu la construction d’usines de dessalement d’eau de mer pour produire près de 515 millions de m3 par an, en 2030. L’ONEE a déjà réalisé plusieurs projets de dessalement, principalement dans les provinces du Sud pour des raisons d’aridité intense du climat et de rareté des ressources en eaux conventionnelles. Ainsi, l’ONEE approvisionne une dizaine de localités en eau potable issue du dessalement (SW) ou de la déminéralisation (BW), pour une capacité de 100 000 m3 par jour. Le plus grand projet de dessalement se trouve dans la ville côtière d’Agadir (Douira SWRO). L’eau dessalée produite serait dédiée conjointement à l’approvisionnement en eau potable et à l’irrigation agricole. Ce projet a bénéficié d’un budget de plus de 3 MMDH, avec une capacité de traitement d’environ 75 millions de m3 d’eau dessalée par an, et une capacité journalière maximale de 450 000 m3 par jour. Le financement est à la fois public et privé, dans le cadre du « partenariat public privé » (PPP). Cependant, le « hic » réside dans le fait qu’il s’agit d’une agriculture d’exportation bénéficiant de l’eau dessalée dont le coût est subventionné à 50% par l’argent public (déclaration de Nizar Baraka au Parlement, en réponse à une question lors d’une session à la Chambre des représentants). Le Groupe OCP, depuis 2008, s’est engagé, dans sa vision stratégique, à la construction de stations de dessalement et de traitement des eaux usées, en vue d’assurer son autonomie hydrique totale (Voir encadré ci-contre). Par ailleurs, la grande usine de Casablanca prévoit d’atteindre une capacité de dessalement de 250 millions de m3 par an, en 2030. Presque toutes les usines de dessalement utilisent des systèmes d’osmose inverse (RO).
Source : Revue bibliographique et études de cas sur le dessalement d’eau de mer et son impact sur le milieu marin. Institut national de recherche halieutique (INRH).