Dette souveraine. Pourquoi S&P a relevé la perspective de la note marocaine
La récente décision positive de S&P ouvre la voie à un regain d’optimisme pour l’économie marocaine. Charaf Louhmadi nous décrypte, dans cette tribune, les efforts du Royaume et les perspectives à venir, entre performances économiques et événements sportifs de renom.
La décision favorable de S&P
Le Maroc est bien parti pour récupérer son investment grade auprès de l’agence de notation américaine Standard And Poor’s. S&P a relevé la perspective associée à la dette souveraine du Maroc de « stable » à « positive ». En revanche, la note de la dette à long terme et à court terme en devises et en monnaie locale du Maroc demeure toutefois égale à « BB+/B », cette note avec perspective stable, lui fut accordée en avril 2021 après un upgrade post covid.
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L’agence mentionne que « la perspective positive reflète nos attentes selon lesquelles le Maroc s’appuiera sur son récent bilan de mise en œuvre des réformes socio-économiques et budgétaires, ouvrant ainsi la voie à une croissance inclusive et une réduction des déficits budgétaires ».
À noter qu’une autre agence de notation américaine, en l’occurrence Fitch, avait maintenu fin 2023 la note du Maroc à « BB+ » avec perspective stable.
Les efforts et les investissements du Royaume portent leurs fruits
La décision de S&P ne vient pas ex nihilo, c’est le fruit d’une conjonction d’efforts et d’investissements du Royaume, couplée à des réserves de liquidité et de financements disponibles. Il s’agit notamment de l’accès à la LCM (Ligne de crédit modulable) du FMI d’une valeur de 5 milliards de dollars, ainsi que la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD) toujours octroyée par le FMI et valorisée à hauteur de 1,32 milliard de dollars.
L’agence concède une bonne structure de la dette du Maroc, celle-ci représentait 69,7% du PIB en 2023 selon le FMI. La dette en devises étrangères représente environ 25% de la dette globale, et le tiers de celle-ci provient des levées obligataires sur les marchés internationaux. S&P souligne également une fluidité dans les remboursements des nominaux empruntés.
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En outre, S&P souligne que le Royaume maîtrise ses expositions aux risques de taux et de change, et qu’il fait preuve d’une forte résilience vis-à-vis des défis auxquels il fait face, notamment le stress hydrique et ce par la construction d’usines de désalinisation et de nouveaux barrages. Le Maroc est également confronté à une inflation alimentaire et énergétique touchant particulièrement les foyers les plus modestes.
Une bonne image à l’international et l’organisation d’événements clés à venir
Le Maroc jouit d’une excellente réputation à l’échelle internationale, en témoigne l’émoi, l’émotion et la solidarité unanime suite au séisme dévastateur survenu en septembre dernier.
Le Royaume dispose également de la confiance des investisseurs internationaux ; lors de sa récente levée obligataire en mars dernier, il y a eu un fort engouement pour la dette marocaine.
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Notons également les prouesses au niveau sportif ; demi-finaliste de la coupe du monde 2022 organisée par le Qatar et donc première nation arabe et africaine à réaliser cet exploit. Le Royaume a par ailleurs organisé avec brio la coupe du monde des clubs en 2022 et s’apprête à accueillir sur son sol, la Coupe d’Afrique des Nations en 2025 et de la Coupe du monde de football en 2030 coorganisée avec l’Espagne et le Portugal. Ces événements devraient booster la croissance, les recettes de l’Etat et renforcer par ricochet les indicateurs macroéconomiques de manière générale.
S&P prévoit in fine que le déficit budgétaire serait de l’ordre des 3% du PIB à l’horizon 2027. De surcroît, l’agence anticipe une hausse progressive des flux IDE dans les années à venir, en conséquence des réformes économiques structurelles mises en place par le Maroc et dont l’objectif est l’attrait graduel des investisseurs.