Dominique de Villepin : une lucidité inébranlable même dans les situations les plus chaotiques
Dominique de Villepin est né en 1953, à Khemisset, à 70 km de Rabat, capitale du Royaume du Maroc. Le contexte historique était exceptionnel. C’est peut être cette double appartenance à une époque et à des cultures différentes qui fera la force morale et intellectuelle de cet homme qui a toujours su garder le cap, celui du « devoir de l’humanité », même dans les circonstances les plus troubles et les plus dramatiques.
our D. de Villepin, ce qui se passe à Gaza n’est pas une surprise. Car, que peut-on attendre d’une « prison à ciel ouvert », d’un « chaudron », d’une « cocotte minute oubliée sur le feu », si ce n’est l’émergence certaine d’un « enfer sur terre » ? Voici un homme, bien droit dans ses principes, qui dit ce qu’il pense, qui incarne une vision tirée de la profondeur historique des faits, et qui, sans être indifférent face à la barbarie et à la monstruosité que génèrent la haine et la violence aveugle, demeure constamment lucide.
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Cette lucidité est indispensable, même si la situation est extrêmement trouble et source de confusions, comme il l’a bien reconnu lors de son dernier passage à France Inter. « Marcher sur des œufs », sans en casser, c’est oser affronter la complexité, au lieu de tomber dans le piège du manichéisme. Il existe incontestablement une responsabilité de la Communauté internationale qui a contribué au maintien, voire au pourrissement d’une situation humainement injuste et insupportable, devenue ainsi un « enfer sur terre ».
D. de Villepin a la force morale et le courage de prendre du recul et d’essayer de mieux comprendre pour confronter les deux regards, les deux positions antagoniques, toutes deux nourries par des faiblesses et des préjugés, créant ainsi des obstacles aux solutions possibles, et donnant lieu à des échecs. Ce qui est à l’origine de la tragédie actuelle dont sont quotidiennement victimes, avant tout, des populations civiles. « Le Hamas n’est pas le peuple Palestinien ». C’est d’abord une expression alimentée par le désespoir, par une situation d’impasse, voire par les échecs répétés. Dans tout système démocratique effectif, les valeurs humanistes doivent prévaloir et être la boussole dans la recherche de véritables solutions politiques et non pas seulement de compromis tactiques, sources d’amnésie. La force militaire, en elle-même, ne peut jamais être une solution. C’est un moyen et non pas une fin.
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En devenant une fin, elle ne peut engendrer que des destructions et éloigner la paix. Les expériences humaines sont historiquement nombreuses pour illustrer cette vérité si élémentaire. Les Etats Unis d’Amérique, après le 11 septembre, en attaquant l’Irak et en dévastant des régions entières au Moyen Orient, n’ont rien pu construire avec la force. L’histoire se répète. Le fiasco a été total. Le « devoir d’humanité » est pour D. de Villepin, le premier principe universel qui permet de sauvegarder l’espoir et de ne pas enfanter de nouvelles barbaries. Ce qui se passe aujourd’hui, à Gaza, rappelle à la communauté internationale que la solution de deux Etats, au Proche Orient, est urgente et incontournable. C’est pour D. de Villepin, l’unique solution pour mettre fin à une injustice et à un conflit qui durent depuis 75 ans.