Droits de douane: la volte-face de Trump dope les Bourses en Asie

Donald Trump a dopé les Bourses en Asie jeudi après sa spectaculaire marche arrière sur les droits de douane imposés au reste du monde, bien qu’il ait encore augmenté la surtaxe contre le rival chinois à un taux prohibitif de 125%.
Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a annoncé mercredi à Washington une suspension pendant 90 jours des taxes à l’importation contre des dizaines de pays et partenaires, notamment contre l’Union européenne, en principe en vigueur depuis mercredi 04H01 GMT.
« Il faut être flexible », a justifié Donald Trump devant la presse à la Maison Blanche en reconnaissant que sa retentissante décision d’un matraquage douanier « effrayait un peu » des investisseurs « fébriles ».
Il a reconnu avoir suivi le marché obligataire où la dette de la première puissance mondiale, valeur refuge par excellence, a été vivement chahutée ces derniers jours.
Le Japon, allié militaire et partenaire commercial de premier plan des Etats-Unis, a dit jeudi « accueillir positivement » ce revirement, son gouvernement « exigeant avec force » la suppression du taux plancher de 10%, qui s’applique toujours, « ainsi que les surtaxes douanières sur l’acier, l’aluminium, les voitures et pièces automobiles ».
Donald Trump a encore durci les droits de douane qu’il a imposés à la Chine en invoquant un prétendu « manque de respect », les portant à 125%, contre 104% la veille.
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Donald Trump s’est par ailleurs félicité que « plus de 75 pays » se soient manifestés pour « négocier ».
Ces partenaires commerciaux des Etats-Unis n’ayant selon lui pas « riposté », il leur a accordé « une pause de 90 jours et des droits réciproques substantiellement réduits durant cette période, de 10%, également effectifs immédiatement ».
« Cela venait du coeur », l’idée étant de ne « pas faire de mal » à ceux qui sont prêts à discuter, a justifié l’impétueux milliardaire dans le Bureau ovale.
En réaction, les Bourses en Asie se sont envolées dans le sillage de Wall Street à New York.
Vers 03H40 GMT à Tokyo, l’indice vedette Nikkei a bondi de 8,32% et l’indice Kospi de Séoul a gagné 5,38%. Même en Chine, la Bourse de Shanghai est repassée dans le vert, en hausse de plus de 1%.
Les surtaxes décidées par Washington et dorénavant suspendues frappaient les économies d’Asie très dépendantes de leurs exportations, dont le Japon (surtaxé à 24%), la Corée du Sud (25%), la Thaïlande (36%) ou le Vietnam (46%).
Avant de faire volte-face, l’imprévisible président américain conservateur, qui bouleverse l’ordre économique et géopolitique, avait écrit sur Truth Social « C’EST LE MOMENT D’ACHETER », en allusion à l’effondrement des Bourses depuis vendredi.
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Alors que les sondages montrent une défiance croissante d’Américains envers celui qui a été réélu en novembre, ses partisans ont volé à son secours.
« C’était sa stratégie depuis le début », a assuré son ministre des Finances Scott Bessent. Quand son conseiller Stephen Miller a vanté sa « stratégie magistrale » et son « audace » pour « isoler » Pékin.
Donald Trump réunira son gouvernement jeudi à 15H00 GMT, selon la Maison Blanche.
Le 47e président des Etats-Unis de 78 ans a semé la panique dans le monde en annonçant la semaine dernière des surtaxes douanières sur les produits de 60 partenaires commerciaux, avec un traitement encore plus brutal contre la Chine.
Cette dernière a répliqué du tac-au-tac, en portant ses surtaxes contre les produits américains à 84%, et non 34% comme initialement prévu.
Visée depuis mi-mars par des droits de douane américains de 25% sur l’acier et l’aluminium, l’UE a adopté ses premières mesures calibrées, contre plus 20 milliards d’euros de marchandises « made in USA ».
Bruxelles s’était toutefois dite prête à suspendre ses droits de douane « à tout moment » en cas d’accord « juste et équilibré » avec Washington.
Pour le futur chancelier allemand Friedrich Merz, la marche arrière de Donald Trump est une « réaction à la détermination des Européens ».
Reste donc à savoir comment va de nouveau réagir Pékin, Donald Trump assurant que la Chine « voulait » un accord mais ne « savait pas comment s’y prendre ».
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Nombre d’économistes alertent sur les risques de flambée de l’inflation et de récession mondiale.
La guerre commerciale pourrait réduire de « jusqu’à 80% » les échanges de marchandises entre les deux premières économies de la planète et effacer « près de 7% » du PIB mondial sur le long terme, a mis en garde la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala.
Sans même parler de l’escalade diplomatique sino-américaine, les deux géants ayant déjà des relations tendues.
Pékin a ainsi appelé ses ressortissants à la « prudence » face aux « risques » d’un voyage touristique aux Etats-Unis.
Challenge (avec AFP)