Du Football à l’entreprise, comment Arsène Wenger redéfinit le Management
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A Casablanca, lors de la première édition du Challenge Leadership Show, Arsène Wenger, légende vivante du football, a captivé un public composé de personnalités influentes en partageant sa vision du « manager performant ». Dans un échange intime de type one-to-one, l’ancien entraîneur d’Arsenal a exposé les parallèles entre le monde du football et celui de l’entreprise, révélant les clés de son succès et ses réflexions sur le leadership. Pour lui, être entraîneur et manager d’entreprise relève du même défi : celui de guider, motiver et inspirer ses équipes. Ses précieux enseignements ont résonné bien au-delà du terrain, offrant une véritable leçon de management.
Le mercredi 5 février 2025, une ambiance vibrante et pleine d’enthousiasme s’est emparée du cinéma Mégarama de Casablanca. Cet événement unique en son genre, la première édition du «The Challenge Leadership Show», a réuni un public de passionnés de leadership, de sport, et de business pour une soirée marquée par la présence d’une légende du football mondial. Cette soirée exceptionnelle, organisée par Les Editions de La Gazette et le magazine Challenge, avait un invité d’honneur : Arsène Wenger, l’ex-entraîneur légendaire d’Arsenal, surnommé affectueusement «Le Professeur», qui a partagé sa vision du leadership. Son approche, fondée sur l’innovation, la gestion humaine, et la quête constante de performance, a offert au public une expérience mémorable.
Arsène Wenger et Michel Denisot, deux Icônes du sport et des médias
C’est vêtu d’un costume sombre, d’une chemise bleue claire, et affichant une silhouette élancée qu’Arsène Wenger a fait son entrée dans la grande salle du Mégarama. Après 22 années passées à révolutionner le football anglais, l’ancien entraîneur des Gunners est désormais une figure incontournable du monde sportif et de la réflexion sur le leadership. À ses côtés, Michel Denisot, un autre géant de son domaine, journaliste légendaire et ancien animateur de l’iconique Grand Journal sur Canal+, et ancien président du PSG, était chargé de modérer cette rencontre. Les deux figures mythiques ont parfaitement incarné la thématique de la soirée, un échange de haute volée entre l’expérience du sport et des valeurs universelles de leadership.
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Kamal Lahlou, l’hôte visionnaire de l’événement
L’événement a été ouvert par Kamal Lahlou, Président du Groupe Les Editions de La Gazette, la société éditrice de Challenge, VH, et Lalla Fatima. Ce dernier a adressé un message de bienvenue à un public de leaders, d’entrepreneurs, de responsables d’entreprises, ainsi qu’à des figures emblématiques du monde sportif. En sa qualité de Président du Groupe Les Editions de La Gazette, la société éditrice de Challenge, VH, et Lalla Fatima, et Président de MFM Radio, il a non seulement introduit l’événement mais a aussi présenté les deux personnalités qui allaient occuper le devant de la scène.
Kamal Lahlou a souligné que la question centrale du jour était : «Le leadership est-il inné ou acquis ?», un sujet qui allait être exploré au fil de la soirée avec une série d’interventions et de dialogues entre les invités et le public. Il a précisé que cette soirée unique allait permettre de réunir deux grandes figures du football et des médias, à savoir Arsène Wenger et Michel Denisot, dont les carrières exemplaires incarnaient parfaitement les valeurs du leadership.
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Le rôle de Kamal Lahlou dans le sport marocain
Avant de lancer officiellement la discussion sur le leadership, Kamal Lahlou a été honoré par un hommage émouvant, présenté sous la forme d’un mini-documentaire captivant, retraçant son parcours exceptionnel et son engagement de longue date pour le sport marocain. Le Président du Groupe Les Editions de La Gazette, ancien vice-président du Comité national olympique marocain (CNOM), est l’un des grands architectes du sport au Maroc et au-delà.
Le baptême des «Lions de l’Atlas»
L’une des actions les plus marquantes de Kamal Lahlou fut sans aucun doute son rôle dans l’attribution du surnom mythique à l’équipe nationale du Maroc : «Les Lions de l’Atlas». Il a donné cette appellation symbolique à l’équipe marocaine, une dénomination qui résonne avec fierté et puissance lors de chaque compétition internationale. Au-delà de ce geste, l’héritage de Kamal Lahlou s’étend bien plus loin et touche à des dimensions diplomatiques et globales du sport.
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L’Initiative de la Journée Internationale du Sport pour le développement et la paix
Kamal Lahlou n’est pas seulement une légende du football marocain, il est également à l’origine d’une initiative majeure : la création de la Journée internationale du sport pour le développement et la paix. Cette journée, célébrée le 6 avril chaque année, a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2013. Cette vision ambitieuse et humaniste a vu le jour lors du 2e Forum international à Genève en 2011, où tout a commencé. Ce jour-là, Kamal Lahlou, représentant le CNOM, prit la parole devant des figures majeures telles que Jacques Rogge, l’ex-président du Comité international olympique (CIO), et Ban Ki-Moon, l’ex-Secrétaire général des Nations Unies. C’est là qu’il proposa, avec conviction et détermination, l’idée d’une journée internationale pour célébrer le rôle fondamental du sport dans le développement humain et la paix mondiale.
L’année suivante, lors de l’assemblée générale de l’A.C.N.O. à Moscou, Kamal Lahlou réitéra sa proposition, soulignant l’importance capitale de cette journée pour sensibiliser le monde aux valeurs humaines portées par le sport. Cette fois, l’accueil fut particulièrement chaleureux, et l’idée reçut un soutien croissant.
L’impact de son initiative se concrétisa en août 2013, lorsque l’Assemblée générale des Nations Unies proclama officiellement le 6 avril comme étant la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix. Ce fut un moment historique, une reconnaissance mondiale du rôle unique du sport pour promouvoir l’éducation, les modes de vie sains et, surtout, pour œuvrer à la paix et à la solidarité entre les peuples.
Kamal Lahlou a ainsi inscrit son nom dans l’histoire du sport et de la diplomatie sportive, devenant un pionnier dans l’utilisation du sport comme un puissant outil développement humain, de solidarité internationale et de paix.
Arsène Wenger, un leadership hors pair
Une fois les hommages terminés, Arsène Wenger est monté sur scène pour partager sa propre vision du leadership. D’emblée, il a reconnu l’importance du parcours de Kamal Lahlou, soulignant que le leadership ne se limitait pas aux aspects théoriques mais se manifestait par des actions concrètes, humaines et de long terme. «En voyant les images du parcours de mon ami Kamal, il n’y a même pas besoin de continuer la conférence. Voilà ce qu’est le leadership ! » Avant de poursuivre, l’ancien entraîneur d’Arsenal développe une réflexion plus profonde, expliquant que l’homme est avant tout un imitateur plutôt qu’un initiateur, et qu’il tend naturellement à suivre les actions des autres. Wenger, figure du football mondial, a immédiatement captivé l’attention de l’audience par ses propos simples mais puissants.
Le leadership : innée ou acquis ?
Pour Wenger, la question du leadership n’a pas une réponse unique. Selon lui, le leadership peut être inné pour certaines personnes, celles qui, naturellement, prennent la tête d’un groupe et ont un sens inné du commandement. Cependant, il distingue également d’autres types de leaders qui se forment au fil des situations, ceux qui, dans des circonstances spécifiques, se retrouvent à assumer des rôles de leadership par nécessité.
Dans ses propos, Wenger a introduit trois types de leaders. Le premier est le leader « inné », celui qui se sent prédestiné à diriger, et qui, par sa personnalité et ses qualités, émerge naturellement comme un modèle à suivre. Ensuite, il y a le leader de circonstance, celui qui se trouve à la tête d’un groupe, mais non par ambition personnelle. Ce type de leader surgit dans des moments où l’urgence ou les circonstances appellent une direction, comme dans une situation de crise. Enfin, Wenger a évoqué le «leader d’expertise», celui qui se distingue par ses compétences techniques. Un leader dont l’expertise dans son domaine inspire les autres à le suivre sans que des qualités de leadership strictes ne soient nécessaires.
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Un autre moment marquant de la soirée a été l’évocation du parcours personnel d’Arsène Wenger. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Wenger n’a jamais envisagé de devenir un leader. Lorsqu’il était joueur à Mulhouse, il ne se percevait pas comme un leader. À 22 ans, alors que l’équipe traversait une situation difficile avec des retards de paiement, ses coéquipiers l’ont désigné pour aller négocier avec le président du club. «C’est là que tout a commencé», confia-t-il, soulignant que le leadership n’est pas toujours une vocation mais peut naître d’une circonstance particulière.
Le rôle du leader : inspirer et donner une direction
Au cours de la soirée, Wenger a pris le temps de répondre à la question qui a marqué cette édition du Challenge Leadership Show: «Tout le monde peut-il devenir leader ?» Pour l’ancien entraîneur d’Arsenal, la réponse est claire : «Oui, tout le monde peut devenir leader, mais cela dépend de la manière dont vous abordez la question de vos rêves et de la réalisation de ces rêves.» Il a expliqué que l’essence même du leadership réside dans la capacité à se poser des questions cruciales sur soi-même : «Quel est ton rêve ? Comment peux-tu le réaliser ? Quelles actions vas-tu entreprendre pour atteindre ton objectif ? »
L’importance de la curiosité et de la remise en question dans le leadership
Un autre principe fondamental du leadership que Wenger a abordé durant cette soirée fut la nécessité de cultiver une « culture de la performance ». Il a insisté sur le fait que dans un monde de plus en plus compétitif, où l’excellence est un impératif constant, il ne suffit pas de rechercher des résultats ; il faut également entretenir une curiosité insatiable pour l’apprentissage et l’adaptation. «La curiosité est la clé pour comprendre un monde qui évolue sans cesse », a-t-il souligné, expliquant que pour diriger une équipe, un leader doit non seulement être compétent, mais aussi être ouvert à l’apprentissage constant.
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La gestion des talents : Un défi crucial pour le leader
L’un des aspects les plus fascinants de l’intervention de Wenger fut son analyse de la gestion des talents au sein d’une équipe. Selon lui, disposer de talents exceptionnels dans son équipe est une richesse, mais cela implique également des défis. Le leader doit être capable de maintenir une dynamique de groupe sans permettre à des talents individuels de nuire à l’équilibre collectif. «Le leader doit gérer les talents avec discernement, sans accorder de privilèges qui pourraient diviser l’équipe», a-t-il précisé.
Une Leçon d’adaptation et de gestion des relations
Lors de cette rencontre, une question a particulièrement intéressé le public : comment Wenger a-t-il réussi à rester à la tête d’Arsenal pendant 22 ans, un exploit rare dans le monde du football ? Arsène Wenger a expliqué que cette longévité était le fruit d’une adaptation constante aux évolutions du football, mais aussi d’une gestion subtile des relations humaines avec ses joueurs. Selon lui, il est crucial pour un leader de maintenir un équilibre entre fermeté et bienveillance. «Vous devez être exigeant, mais aussi être capable de comprendre et de soutenir vos joueurs. Si vous ne montrez pas d’empathie, vous perdrez la confiance de votre équipe», a-t-il ajouté.
Wenger a également souligné l’importance de l’humilité. Il a partagé des anecdotes sur des moments où il a dû remettre en question ses propres méthodes et s’adapter pour répondre aux besoins spécifiques de ses joueurs. Cette capacité à évoluer tout en restant fidèle à ses principes fondamentaux a été, pour lui, la clé de sa réussite à long terme.
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Les défis et les échecs : un leadership réellement forgé dans l’adversité
Un autre moment captivant de la soirée a été lorsqu’Arsène Wenger a abordé l’échec, un aspect essentiel du leadership. Il a expliqué que les grands leaders sont souvent ceux qui ont su tirer des leçons de leurs échecs. Selon lui, chaque défaite, chaque erreur est une opportunité d’apprendre et de progresser. Il a évoqué l’un de ses plus grands regrets à Arsenal : la finale de la Ligue des champions en 2006, lorsqu’il a perdu contre le FC Barcelone. Bien que cette défaite fût amère, Wenger a insisté sur le fait que ce type de revers est inévitable dans la quête de l’excellence.
«L’échec fait partie intégrante du parcours de tout leader. Ce qui compte, c’est la manière dont vous réagissez face à l’adversité. Un leader doit savoir se relever, apprendre et pousser son équipe à avancer malgré les obstacles», a-t-il déclaré, soulignant que l’humilité, la persévérance, et la capacité à se remettre en question sont des qualités essentielles pour un leader.
Lors de sa discussion avec Michel Denisot, Arsène Wenger a également parlé de sa vision du football moderne. Il a expliqué que, pour être un bon leader, il faut non seulement être capable de gérer le quotidien, mais aussi de penser à long terme. Il a partagé son expérience en matière de gestion de la formation des jeunes talents, soulignant l’importance de bâtir une équipe solide, non pas seulement en recrutant des joueurs vedettes, mais en créant un environnement propice à l’épanouissement de chacun.
«Le vrai leadership consiste à avoir une vision à long terme. À Arsenal, l’un de mes objectifs était de construire une équipe capable de rivaliser au plus haut niveau, non seulement pendant une saison, mais sur plusieurs années. Pour cela, il fallait intégrer les jeunes joueurs, les former, et leur donner une chance de se développer au sein de l’équipe», a-t-il expliqué.
Michel Denisot : le modérateur inspirant
Michel Denisot, avec sa grande expérience en tant que journaliste et animateur, a parfaitement su modérer cette conversation avec Wenger. Sa présence a apporté une dynamique supplémentaire à la soirée, en permettant à l’audience de mieux comprendre les subtilités du leadership à travers les yeux d’une personnalité du monde sportif. Denisot, qui a une vision très humaniste du leadership, a posé des questions pertinentes, stimulant des échanges riches entre Wenger et le public. Sa propre expérience dans les médias et le sport lui a permis d’apporter un éclairage unique sur le rôle du leader dans un environnement aussi exigeant que celui du football professionnel.
Le public : un partenaire actif dans la discussion
L’interactivité a été l’une des caractéristiques marquantes de cet événement. Après les interventions des invités, le public a eu l’opportunité de poser des questions, ce qui a enrichi le débat. Les participants ont posé des questions sur des sujets aussi variés que la gestion des crises, la manière de gérer les egos au sein d’une équipe, ou encore la façon dont Wenger a abordé sa transition après son départ d’Arsenal.
Une question particulièrement intéressante a été celle de savoir comment un leader peut maintenir sa propre motivation au fil des années. Arsène Wenger a répondu en expliquant que la passion pour ce qu’il faisait l’avait toujours maintenu motivé. Mais, il a également insisté sur le fait qu’un leader doit être capable de se renouveler et de rester inspiré par l’évolution de son environnement. «Vous devez vous entourer de personnes qui vous challengent, et ne jamais cesser d’apprendre », a-t-il conseillé.
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Une soirée d’inspiration et de partage
La soirée s’est clôturée sur une note optimiste et inspirante. Les participants sont repartis avec des leçons précieuses sur le leadership, la gestion des talents, la persévérance face à l’échec, et l’importance de la vision à long terme. Le «Challenge Leadership Show» a parfaitement répondu à ses objectifs : offrir une plateforme unique de réflexion et de partage autour des principes du leadership, tout en permettant aux participants de s’inspirer des parcours exceptionnels d’Arsène Wenger et de Michel Denisot.
La réussite de cette première édition augure bien pour l’avenir de ce type d’événements, qui ont pour but de propager des valeurs humaines et d’excellence dans les domaines du sport, des affaires, et de la société en général. Le public, qui a eu l’opportunité de vivre cette expérience unique, attend déjà avec impatience la prochaine édition du «The Challenge Leadership Show», espérant une nouvelle rencontre aussi enrichissante et pleine de perspectives.