Rapport

Économie bleue: L’IMIS met en lumière le formidable potentiel de Dakhla

Lors d’un dîner-débat précédant l’ouverture du Salon Halieutis, l’Institut Marocain d’Intelligence Stratégique (IMIS) a présenté son dernier rapport intitulé « L’Économie Bleue Afrique-Atlantique à Dakhla : Une success story venue du sud face à de nouveaux défis ».

Ce Policy Paper, fruit de quatre mois de recherches intenses, a été dirigé par Kabiné Komara, ancien Premier ministre de Guinée et expert international en développement industriel. La présentation a réuni de nombreuses personnalités marocaines et internationales, parmi lesquelles Chakib Alj, président de la CGEM, autour du thème « Europe-Afrique Atlantique : Quel partenariat d’avenir dans un monde multipolaire ? ». L’événement a offert une plateforme d’échanges sur les perspectives de coopération entre le Maroc, ses partenaires africains et européens, dans un contexte mondial en mutation.

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Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a opéré une profonde métamorphose de son secteur halieutique, notamment dans la région de Dakhla-Oued Eddahab. Le rapport souligne que le Royaume a réussi à remplacer progressivement les armateurs étrangers par des investisseurs nationaux, consolidant ainsi sa souveraineté économique et industrielle. Cette stratégie a permis l’émergence d’un écosystème complet allant de la capture à la transformation et à la commercialisation des produits halieutiques. Aujourd’hui, le secteur génère plus de 3 milliards de dirhams de chiffre d’affaires annuel, mobilise 32 navires industriels et compte 40 unités de transformation, employant directement 14 000 personnes. Ce succès a transformé Dakhla en un véritable hub industriel et logistique, exportant des produits de la mer vers plus de 120 pays.

Menaces et enjeux critiques

Malgré ces réalisations, le secteur est confronté à des défis croissants. Le rapport met en avant plusieurs enjeux critiques : la transition écologique et le changement climatique perturbent les écosystèmes marins et la migration des espèces halieutiques, menaçant les pratiques de pêche traditionnelles. La surpêche et la pêche illicite, non déclarée et non réglementée en Afrique de l’Ouest, exercent une pression accrue sur les ressources marines. Par ailleurs, la décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne en octobre 2024, imposant des restrictions sur l’étiquetage des produits des provinces du Sud, constitue une menace pour les exportations marocaines.

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Pour faire face à ces défis, l’IMIS présente un ensemble de recommandations stratégiques. L’institut estime qu’il est primordial de renforcer la collaboration entre les acteurs publics et privés, en encourageant la recherche conjointe et en améliorant la surveillance des ressources halieutiques. L’innovation et la durabilité doivent être au cœur des politiques, avec des investissements dans des infrastructures modernes et l’adoption de technologies respectueuses de l’environnement.

Coût socio-économique de la pêche illégale en Afrique de l’Ouest. Crédit: IMIS.

Face aux décisions de la CJUE, le rapport préconise la mise en place d’un Fonds Spécial de Transition pour compenser les nouvelles barrières tarifaires et sécuriser le partenariat entre l’Europe et le Maroc. Il est également nécessaire d’harmoniser les politiques locales et régionales, en renforçant les compétences locales grâce à des programmes de formation adaptés, tout en développant des dispositifs de protection sociale et de requalification professionnelle.

Une « Ceinture Bleue » africaine

Parmi les propositions phares, la création d’une « Ceinture Bleue » africaine est suggérée pour une gestion coordonnée des ressources marines entre les États bordant l’Atlantique, favorisant un développement durable et inclusif. Le rapport de l’IMIS positionne l’expérience de Dakhla comme un modèle de réussite pour l’ensemble de la côte atlantique africaine. En mobilisant des ressources diplomatiques, technologiques et économiques, le Maroc peut non seulement préserver cet acquis, mais aussi inspirer d’autres nations africaines à adopter des stratégies similaires.

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Ce rapport constitue un appel à l’action pour les décideurs, soulignant que la pérennité de l’économie bleue à Dakhla dépendra de la capacité à anticiper et à gérer les défis globaux tout en maintenant un équilibre entre développement économique et durabilité environnementale.

 
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