Économie de l’espace : entre enjeux clés et menaces [Par Charaf Louhmadi]
Alors que le secteur spatial connaît une croissance exponentielle, avec un chiffre d’affaires mondial attendu à 1 000 milliards de dollars d’ici 2030, il soulève aussi des enjeux cruciaux : régulation, écologie et concurrence féroce entre géants privés comme SpaceX et Blue Origin.
Quelques chiffres
Le domaine spatial est très utile à l’humanité : nous utilisons en moyenne 40 satellites par jour. Il représente l’un des enjeux les plus importants du 21ᵉ siècle. À la fin de la décennie 2010-2020, on dénombrait environ 2 000 satellites autour de la Terre ; en 2025, on en compte plus de 10 000, et la tendance s’accélère puisqu’en 2030, il devrait y en avoir plus de 100 000 sur orbite. Un tiers du marché mondial est détenu par les États et deux tiers par les entreprises privées.
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Le chiffre d’affaires mondial du secteur spatial avoisine 400 milliards de dollars aujourd’hui et devrait franchir la barre des 1 000 milliards à l’horizon 2030. Ce marché est en partie en concurrence avec des solutions terrestres comme les câbles transocéaniques ou la fibre optique, notamment pour le déploiement d’internet.
Les satellites ont une durée de vie limitée ; leur remplacement est donc obligatoire. Ceux en fin de vie deviennent des « débris spatiaux », avec des conséquences écologiques néfastes, bien qu’une partie d’entre eux soit envoyée dans l’espace hors des orbites terrestres. Il n’existe à ce jour ni technologie généralisée de nettoyage (appelée « aspirateur ») ni cadre réglementaire à l’échelle internationale.
Les milliardaires américains se partagent le gâteau des orbites terrestres
Elon Musk et Jeff Bezos se livrent une bataille acharnée dans la conquête de l’espace, essentiellement en « basse altitude ». Pour l’instant, le très controversé patron de Tesla, X et SpaceX a de l’avance sur son grand rival de la Silicon Valley. Jeff Bezos, qui envoie des touristes depuis des années dans l’espace via son entreprise Blue Origin, a longuement peaufiné la préparation du lancement de sa fusée « New Glenn », opérationnelle depuis le 16 janvier. Elle concurrence désormais les fusées « Falcon » et « Starship » d’Elon Musk.
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Les deux entrepreneurs milliardaires, souvent présents sur le podium des hommes les plus riches de la planète, s’intéressent également à la conquête de la Lune et de Mars. « New Glenn », avec une capacité de transport de 13 tonnes sur l’orbite géostationnaire terrestre (36 000 km), permet de couvrir un angle fixe grâce à une vitesse angulaire similaire à celle de la Terre. Sa hauteur de 98 mètres et sa capacité de plus de 45 tonnes en orbite basse en font un concurrent sérieux des fusées SpaceX.
Les décollages de Blue Origin ont lieu depuis le mythique Cap Canaveral en Floride. Toutefois, la concurrence entre ces deux géants augmente le risque de saturation des orbites basses. La probabilité de collisions entre satellites croît naturellement avec leur nombre. À noter que SpaceX et Blue Origin utilisent des orbites a priori différentes, bien que proches.
Starlink se positionne sur le marché marocain
L’attribution d’autorisations et de licences à Starlink pour opérer au Maroc serait prévue pour 2025, selon l’ANRT (Autorité Nationale de Régulation des Télécommunications). Cela permettrait une couverture internet dans les régions reculées du Royaume, notamment en zones montagneuses et rurales. Cependant, sans subventions de l’État, le coût des équipements (plus de 6 500 dirhams) et des abonnements (plus de 1 100 dirhams par mois) pourrait constituer un obstacle pour les foyers modestes.
SpaceX a choisi Casablanca pour démarrer ses démarches administratives. Aucune source ne confirme pour l’instant le démarrage des services Starlink début 2025. Ce déploiement s’inscrit dans la vision du Maroc numérique à l’horizon 2030.
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En France, Starlink progresse notamment dans les campagnes. Le premier ministre François Bayrou a récemment annoncé son déploiement à Mayotte, ravagée par le cyclone Chido.
La nouvelle administration américaine s’incruste dans les campagnes électorales européennes et canadiennes
Outre les voitures électriques (Tesla), l’espace (SpaceX) et le transhumanisme (Neuralink), Elon Musk s’implique activement en politique. À la tête d’un ministère de l’Efficacité gouvernementale dans l’administration Trump, il s’attaque crescendo aux principaux concurrents économiques des États-Unis : la Chine et l’Union européenne.
Musk, désormais habitué aux polémiques, cible régulièrement des dirigeants occidentaux (allemands, canadiens, entre autres). Ces quatre prochaines années du mandat Trump s’annoncent donc marquées par de fortes turbulences géopolitiques dans un monde déjà miné par l’instabilité politique, les dettes croissantes des États, les problèmes climatiques et les conflits armés sur quasiment tous les continents.
Après avoir reçu Giorgia Meloni en Floride, Trump a délibérément omis d’inviter plusieurs dirigeants occidentaux à la cérémonie de son investiture.
Concernant le Canada, Trump a évoqué son souhait d’annexer le pays aux États-Unis, ainsi que le Groenland (territoire danois) et le canal de Panama. Ces annexions, bien que peu probables, reflètent l’orientation controversée de la nouvelle administration américaine. De son côté, Musk ne se prive pas d’invectiver le président sortant Justin Trudeau.