Industrie pharmaceutique

Économie XXL : le médicament comme locomotive

Tout le monde reconnaît aujourd’hui le rôle de l’industrie pharmaceutique dans notre économie comme un pari d’avenir. Ce secteur, qui poursuit sa montée en gamme, aiguise désormais l’appétit des hommes d’affaires américains.

Le président de l’Indian American Chamber of Commerce (IAICC), KV Kumar, qui effectue dans le Royaume une visite de prospection, voilà une grosse surprise ! Sur cette information qui vaut son pesant d’or, les principaux intéressés ont refusé de confirmer ou d’infirmer quoi que ce soit, tant que rien d’officiel n’a été encore fait. Mais selon le site Africaintelligence, généralement bien informé, KV Kumar, qui est aussi président de KMF Investment Group, LLC (basé à Washington) «était accompagné d’une délégation d’entrepreneurs nord-américains dont les noms n’ont pas filtré». L’un des objectifs du voyage : mettre sur pied un accord entre Rabat, Washington et New Delhi pour la production et l’exportation de médicaments vers les États-Unis.

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L’homme d’affaires indien veut ainsi tirer profit de l’accord de libre-échange entre les États-Unis et le Royaume. Pour comprendre la démarche du patron de la chambre de commerce, il faut juste savoir que le mot d’ordre de ladite chambre de commerce est de «promouvoir et favoriser le développement économique des États-Unis d’Amérique, de la République de l’Inde et du reste du monde pour le bénéfice de tous». Et si on veut être plus précis, on peut considérer l’institution comme un groupe de pression visant à̀ promouvoir le commerce entre l’Inde et les États-Unis. Si l’Inde gagne de plus en plus d’influence auprès de l’Oncle Sam, il n’en reste pas moins que la machine exportatrice de ce pays donne des signes d’essoufflement et n’a pas l’expertise pointue dans des secteurs comme celui du secteur pharmaceutique qui représente une véritable industrie dans le Royaume, doté d’une main-d’œuvre au top, de laboratoires reconnus internationalement et d’une force de frappe commerciale sans précédent.

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De là, à ce que le chairman de la chambre de commerce cherche à compenser la baisse de régime du «made in India» par un partenariat à trois Inde/Maroc/États-Unis est un pas vite franchi. Une force de frappe qui ressort d’ailleurs des derniers chiffres du secteur où on apprend que le Maroc peut produire jusqu’à 70% de ses besoins en médicaments, y compris les génériques. Un secteur qui réalise entre 14 et 15 milliards de dirhams de chiffre d’affaires par an, dotés d’entreprises qualifiées bénéficiant d’une stratégie nationale dont l’objectif est d’encourager l’industrie pharmaceutique locale avec des conventions garantissant la décentralisation de ces industries dans diverses localités du pays dont la dernière en date n’est que l’usine pharmaceutique de Benslimane. Un mégaprojet censé assurer la souveraineté nationale médicamenteuse ainsi que la souveraineté vaccinale pour faire face à d’éventuelles pandémies dans le monde, en mettant à disposition des populations, des vaccins fabriqués localement.

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Selon les derniers chiffres de la Chambre de Commerce d’Industrie et de Services Casablanca-Settat (CCISCS), l’industrie pharmaceutique représente 1,5% du PIB et 5,2% du PIB industriel national. Le secteur pharmaceutique marocain se situe aujourd’hui au 2ème rang en Afrique avec un chiffre d’affaires qui dépasse les 21,630 milliards de dirhams, dont plus de 15 milliards de dirhams réalisés uniquement sur le marché pharmaceutique privé. Le Royaume couvre 75% de la demande nationale de médicaments en volume et exporte entre 8% et 20% de sa production vers l’étranger, principalement vers l’Afrique subsaharienne, la région MENA et l’Europe. Cerise sur le gâteau, les capacités de production du tissu industriel pharmaceutique marocain dépassent largement celles de la consommation nationale des médicaments.

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Or, malgré la présence de nombreux fabricants pharmaceutiques indiens déjà très bien implantés aux États-Unis, l’Inde qui a été vite dépassée par la pandémie de la covid, en raison notamment de sa forte dépendance de la Chine dans l’importation des matières premières nécessaires à la fabrication du médicament au moment où le Royaume avait montré au monde entier qu’il était possible de vacciner tout le monde et quasi gratuitement ! Aujourd’hui, les États-Unis sont très sensibles à la disponibilité de médicaments génériques de qualité, en particulier pour les pauvres et les populations démunies du pays. Exigeant sur le meilleur rapport coût-efficacité, les autorités sanitaires américaines ont lancé ainsi une politique visant à réduire les prix des médicaments avec l’augmentation de la production et de l’utilisation des génériques.

Efficient sur le plan commercial et financier puisque le secteur pharmaceutique national est ressorti avec le plus grand nombre d’acquis sur le plan des exportations vers l’Europe et l’Afrique, il n’aura aucune peine à̀ passer à l’étape d’après, autrement dit, celle de s’implanter dans ce gigantesque marché américain.

 
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