Edito. Compter d’abord sur ses propres forces
La précarité chronique des populations vivant dans les zones les plus touchées par le séisme a certainement aggravé les conséquences de cette catastrophe. Un coup d’œil sur les politiques publiques menées auparavant, aux niveaux national et local, permet de bien comprendre l’origine de cette précarité et de mieux agir dans l’avenir immédiat. Bien sûr, les conditions géographiques spécifiques aux montagnes ont aussi rendu l’accès difficile aux premiers secours. Malgré cela, toute la population s’est mobilisée spontanément pour exprimer sa solidarité aux victimes. Jean Luc Mélenchon sait de quoi il parle en disant « la richesse du Maroc, ce sont les Marocains », lesquels n’ont aucun problème ni avec la France et les Français ni avec tout autre peuple dans le monde.
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En fait, compter sur ses propres forces est un principe universel. L’« aide externe » ne peut jamais se substituer à la force interne d’une nation souveraine. Le Maroc, à travers le rapport sur le nouveau modèle de développement, l’a bien compris, en s’assignant comme principal objectif stratégique, la construction d’un « Etat fort », c’est-à-dire un Etat qui tire sa force du respect de la loi et de la participation/responsabilisation effective des citoyens dans la gestion du vivre ensemble, que ce soit en temps normal ou en cas de catastrophe. C’est là un processus entamé dans la transformation des rapports sociaux où le sens et la substance de l’Etat doivent changer. Les premiers pas se sont traduits par la généralisation de la protection sociale et la réforme des systèmes de santé et d’éducation. Ces premiers pas constituent la base du développement humain, tout en préparant d’autres actions pour relever les grands défis partagés avec la communauté internationale, notamment ceux afférents au réchauffement climatique.
Le séisme ne sera certainement pas un obstacle dans la poursuite de ce processus. Au contraire. Les Forces Armées Royales (FAR), guidées par le Souverain, symbole de la permanence de la nation, ont été la « colonne vertébrale » de ce moment fatidique, pour faire face aux effets immédiats du séisme. A travers l’action, les FAR ont su redonner l’image d’une institution suprême au service du peuple.
Maintenant, le Maroc est déjà prêt à se redresser. Après les actions urgentes, sont planifiées et entamées des actions pour reloger l’ensemble des survivants dans des conditions humainement dignes. Mais l’ambition collective exprimée va bien au-delà : reconstruire sur des bases solides tout en réduisant les inégalités territoriales, surtout dans les zones enclavées.
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Les actions conjoncturelles devraient préparer les transformations structurelles. D’où l’importance d’une vision stratégique et intégrée comme réponse aux priorités exprimées par les populations, avant d’être déclinées techniquement. Le dernier communiqué Royal s’inscrit pleinement dans cette optique : « les mesures devront non seulement œuvrer à réparer les dégâts du séisme, mais également à lancer un programme réfléchi, intégré et ambitieux pour la reconstruction et la mise à niveau générale des régions touchées, aussi bien en termes de renforcement des infrastructures que de rehaussement de la qualité des services publics ». Et il ne s’agit pas seulement de déclaration de bonnes intentions. Le programme vise la réhabilitation de plus de 50 000 logements, des aides financières directes aux ménages, et la mise en place d’infrastructures et de services publics de qualité. Cela nécessitera une enveloppe budgétaire d’un montant global d’environ 100 MMDH, soit presque 8% du PIB. Les ressources publiques propres du Maroc sont prioritaires, avec un accueil plus que chaleureux aux aides financières internationales, sincères et désintéressées.