L'édito

Edito. Eau et électricité ne sont pas des jeux d’enfants

Dans tous les domaines ou secteurs, au niveau macroéconomique ou microéconomique, le développement ne ressemble jamais à une autoroute bien tracée et balisée, où l’on peut appuyer sur l’accélérateur et conduire en écoutant de la musique.

Par M. Amine

Le développement du secteur de l’énergie au Maroc peut illustrer cette réalité complexe où l’évolution n’est jamais linéaire. Secteur hautement stratégique, sa libéralisation ne peut pas se faire du jour au lendemain, selon le désir des uns et des autres. A travers l’ONEE, organisme public doté d’une grande expertise mondialement reconnue et partagée, surtout en Afrique, le Maroc a pu atteindre des résultats exceptionnels. En effet, en quelques années, l’électrification du monde rural a été réalisée quasi-totalement, pour atteindre aujourd’hui 99,88%.

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Ce résultat aurait-il pu être atteint si ce secteur avait été privatisé ? Ce résultat est le fruit d’équipes d’ingénieurs et de techniciens qui ont accumulé un savoir faire et qui ont été motivés par un mode de gouvernance fondé sur la transparence et le dévouement à un service public de qualité au profit d’une population vivant majoritairement dans la précarité. Permettre à des citoyens, ayant vécu pendant longtemps dans des zones enclavées, d’accéder à la lumière et à l’eau potable, n’a pas été motivé par la recherche d’un profit. La privatisation n’est pas une recette magique en matière de développement. A moins d’être prisonnier du dogmatisme de la « doxa libérale ».

Pour éviter les erreurs du passé, le processus de libéralisation exige une préparation patiente des conditions nécessaires pour éviter les deux situations extrêmes que sont la rente et la « loi de la jungle ». Le cas de la « privatisation » de La Samir est un antécédent, non isolé, à ne pas oublier. Les « naissances prématurées » sont à éviter dans un contexte où le capital privé marocain a été et demeure moulé principalement dans une logique spéculative. N’est-ce pas l’Etat qui a joué et continue à jouer un rôle stratégique et décisif dans le secteur des énergies renouvelables dont la part dans la capacité énergétique totale dépasse aujourd’hui 40 % ? Ce qui a permis au Maroc d’être dans le Top 10 mondial.

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L’eau et l’électricité ne sont pas des jeux d’enfants. C’est un domaine où l’intérêt général prime. Il suffit d’observer les bonnes pratiques internationales et les expériences réussies, notamment en Asie. Outre le soleil et le vent qui ont un grand avenir en tant que source d’énergie, le Maroc dispose d’un littoral qui s’étend sur plus de 3500 km, sur deux façades maritimes, en Mer Méditerranée et dans l’Océan Atlantique.

C’est là un potentiel exceptionnel, actuellement sous estimé et sous exploité, qui ouvre de belles perspectives aussi bien en matière de dessalement de l’eau mer qu’en matière de production d’énergie renouvelable, sans oublier les richesses halieutiques dont l’exploitation prudente et durable peut constituer une réponse à la question stratégique de la souveraineté alimentaire. Les océans et les mers séparent et unissent. Avec le port de Dakhla au Sud, celui de Tanger au nord, et celui de Nador dans l’Oriental, en plus du grand port historique de Casablanca, sans oublier Agadir, le Maroc se connecte à l’ensemble des continents.

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C’est une nouvelle économie « décentrée » qui émerge lentement, discrètement, mais sûrement et irréversiblement. Les médias, réellement indépendants, devraient être professionnellement capables de scruter cette tendance lourde et la décrypter pour mieux éclairer et orienter les investisseurs nationaux privés, sincères et patriotes. « C’est le sérieux qui dure ». Le Maroc a surtout besoin de vrais entrepreneurs capables de créer durablement de la valeur ajoutée et de l’emploi qualifié. L’économie de la « Hamza », de l’opportunité, comme l’avait nommée le sociologue Mohamed Guessous, a fait beaucoup de mal à l’économie marocaine.

L’entreprise citoyenne demeure un projet. C’est une entreprise où l’intérêt particulier n’est pas antinomique à l’intérêt général. C’est une entreprise responsable, armée d’une culture de la transparence et respectueuse des normes socio-environnementales. Elle cherche à réaliser légitimement des bénéfices, sans jamais perdre la boussole qui rappelle aux égarés le sens de l’intérêt général. C’est là la philosophie profonde du partenariat public privé (PPP) où entreprise privée et service public œuvrent, main dans la main, dans la même direction.  

 
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