Edito. Il reste la « feinte »
Que reste-t-il au vieux boxeur, après ses nombreuses victoires sur le « ring » de l’histoire mondiale ? Il lui reste, comme dirait l’autre, la « feinte ». C’est le cas de l’Europe actuelle ayant perdu toutes ses dents, cachant ses rides et cicatrices, malgré leur beauté, et refusant de reconnaître les « lois de la nature ». Dans sa jeunesse, l’Europe, en tant que boxeur, catégorie poids lourd, a pu envoyer sur le tapis et soumettre pas mal de peuples qu’elle a transformés en colonies. Dans certaines régions du monde, l’écrasement a même été quasi total, effaçant presque toute trace des formations sociales antérieures. C’est le cas du continent américain, surtout au Nord. C’est aussi le cas en Australie ou en Océanie. Cela a failli être le cas en Afrique du Sud, avec le régime d’apartheid. C’est actuellement une menace réelle pour la Palestine.
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Les résistances et les mouvements de libération nationale ont donné un nouveau souffle aux peuples colonisés et ont, par la suite, déclenché un processus de renaissance. En Afrique, cette renaissance est aujourd’hui celle de l’espoir d’un continent, mais aussi d’un monde nouveau, libéré de tous les complexes, de tous les préjugés, un monde où la dignité humaine est la première valeur universelle, un monde de respect et d’équité, un monde de paix.
Pendant plusieurs siècles, l’Europe a accumulé des richesses en exploitant, à outrance, les ressources naturelles non renouvelables et en pillant sauvagement le reste du monde, tout en prétendant être la « civilisation suprême ». Ce pillage a été maintenu et reproduit sous des formes moins visibles, plus sophistiquées, moins directes. Les mécanismes financiers, dont l’endettement, constituent actuellement le « noyau dur » pour faire perdurer cette domination euro-étasunienne sur le monde. Mais, là-aussi, le « système financier mondial », qui a prévalu depuis les fameux accords de Bretton Woods, se fissure.
La dernière rencontre de Davos illustre bien ce paradoxe où une partie des riches de l’ancien monde commencent à prendre conscience de l’irréversibilité de ce processus qui, certes, n’est pas linéaire. L’hyper concentration des richesses mondiales est devenue intolérable même pour celles et ceux qui en profitent. Des milliardaires demandent à payer plus d’impôt. Cela veut dire qu’une autre mondialisation est possible, une mondialisation fondée non pas sur la logique exclusive et aveugle du profit, mais d’abord sur le bien-être humain et le respect de tous les équilibres éco-systémiques. C’est là un point de vue idéaliste ? Pourquoi pas, si cet idéalisme pourrait éclairer les consciences, nourrir les espoirs et surtout les actions, et sauver la planète de l’autodestruction et de l’ultime barbarie nucléaire ?