Edito. La marocanité du Sahara n’est pas négociable
Plus que les « politiques officielles intérieures », toujours à la recherche d’un équilibre et d’une relative stabilité systémique, les « politiques étrangères » des Etats sont avant tout l’expression d’intérêts nationaux et d’alliances internationales complexes, tenant compte des rapports de force internationaux, jamais statiques, et imposant souvent des calculs au sens purement machiavélique du terme.
L’intégrité territoriale du Royaume du Maroc a toujours été et demeure, de manière constante, une « priorité des priorités ». C’est le « to be or not to be ». Et, paradoxalement, l’affaire dite du Sahara occidental, tout en étant incontestablement une affaire d’abord interne, a été « internationalisée » dans un contexte historique bien connu, celui de la « guerre froide », contexte actuellement largement dépassé. Avec les reconnaissances internationales qui se multiplient, et qui sont toujours les bienvenues, quelle que soit leur origine, tout en étant pour les Marocains du « tahssil al hassil » (simple confirmation d’une vérité historique qui crève les yeux), cette affaire devrait, à terme, trouver une solution définitive.
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A l’issue de ce processus irréversible, un autre Maghreb pourrait émerger et commencer à soigner ses plaies internes. Là pourrait commencer un autre processus plus profond de réconciliation, sans vainqueurs ni vaincus. Les anciennes graines de ce processus existent toujours. Le terrain est fertile. Il suffit de replanter ces graines et de les irriguer suffisamment d’une bonne volonté politique. Pendant les années 1950, dans le nord-est du Maroc, des noyaux de résistance armée, composés de Tunisiens, d’Algériens et de Marocains, « frères de sang », s’entrainaient, côte à côte, face aux armées coloniales. La coordination était assurée au Caire par le « Bureau du Maghreb », avec Abdelkrim El Khattabi, symbole mondial des luttes anticoloniales. Presque au même moment, lorsque le syndicaliste Ferhat Hachad a été lâchement assassiné, c’est tout le Maghreb qui s’était embrasé. Il y a quelques semaines, lorsque le jeune adolescent Nahel, a été froidement abattu, à Paris, pas loin de la Place Nelson Mandela, les jeunes ayant exprimé spontanément leur colère ont été non seulement des descendants d’immigrés tunisiens, algériens et marocains, mais de toutes les nationalités, y compris français, face à une injustice à combattre, par des êtres humains refusant l’humiliation, la défaite et la résignation.
La région du Sahara, au sud du Maroc, source d’un conflit artificiel qui dure depuis presque 50 ans, peut devenir une source de paix et d’union. En réalité, c’est toute l’Afrique, continent pendant longtemps convoité et pillé, qui aspire à cette paix, pour pouvoir affronter les vrais défis et menaces de ce 21ème siècle.
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La diaspora marocaine, comme c’est le cas pour la diaspora de toute l’Afrique dans le monde, est une richesse humaine exceptionnelle, capable, de par son expérience internationale, de contribuer à ce processus alimenté par un nouveau souffle libératoire. Pour que la Mer Méditerranée ne soit plus cette « grande fosse commune » qui, chaque jour, engloutit des enfants fuyant guerres et misère. Pour que l’Afrique devienne un modèle créé par ses enfants. Un modèle, fruit des luttes sociales et respectueux de la dignité humaine et de la nature. Est-ce un cri lancé dans le désert ? Pourquoi pas ? Puisque même dans les villes les plus peuplées au monde, des êtres humains déshumanisés se côtoient, chaque jour, chaque seconde, sans pour autant se voir, sans s’entendre, sans se parler ! Bonne année 1445 !