Edito. Le Maroc, une belle maison à reconstruire
« Abri, logement, maison, appartement (…) » sont des concepts inséparables de celui de « famille » ou « ménage », qui fusionnent ensemble dans le mot « foyer ». Depuis que l’humanité a appris à vivre de manière sédentaire, ces mots sont devenus des symboles de la stabilité morale et matérielle de tout individu, laquelle stabilité impacte fortement l’équilibre et le développement/épanouissement des êtres humains. Certes, la vie nomade avait aussi ses avantages. L’être humain se déplaçait en permanence, en équilibre avec l’ensemble des écosystèmes naturels. L’on retrouve encore des traces dans les « modes de vie semi nomades » où des groupes humains continuent à se déplacer, en dressant par exemple des tentes ou en stationnant avec des caravanes de manière plus durable qu’autrefois, même en Europe (cas des Tziganes). Au Maroc, avec notamment le chantier de la melkisation des terres collectives, ces traces nomades ancestrales sont appelées à devenir de vieux souvenirs de la vie communautaire. Aujourd’hui, la mondialisation libérale impose une tendance à la standardisation des modes de vie, basés avant tout sur la culture de consommation, le « chacun pour soi et le chez soi », l’individualisme dont la « famille nucléaire » en est la principale caractéristique.
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La possession d’un « chez soi » est aussi très positive pour l’ensemble de la société, basée sur l’économie de marché, et pour le système politique en place, en termes d’équilibre et de stabilité. Bien sûr, l’accès au logement, à lui seul, n’est guère suffisant. Disposer d’un abri décent nécessite aussi une source de revenus. La question d’aide d’accès au logement ne peut pas et ne devrait pas être isolée des autres questions sociales, notamment celles relatives à l’emploi, à la création d’entreprise, à la santé, à l’éducation, au sens le plus large du terme, à l’accès à l’eau potable, à l’électricité, à l’assainissement, au transport public (…). Cette approche globale est intégrée des politiques publiques a d’ailleurs été explicitement consacrée et fortement recommandée dans le rapport sur le nouveau modèle de développement. Le Programme « Villes sans bidonvilles » a été entamé dès le début des années 2000. De nombreuses villes ont connu une transformation radicale. Des centaines de milliers de ménages ont pu accéder à un logement décent, première condition pour garantir la protection de la dignité humaine. Un arsenal de mesures a été mis en place pour accompagner ce chantier, en termes d’aides publiques directes et indirectes. C’est notamment le cas des incitations fiscales, de la mobilisation d’une partie du foncier public, et des facilitations d’accès au financement bancaire.
Après plus de deux décennies, il s’est avéré indispensable de rénover l’approche, en priorisant les mécanismes d’aides publiques directes qui s’avèrent être plus transparents et plus équitables. Par ailleurs, la temporalité de l’ « Etat social » est différente de celle des gouvernements. Pour autant, ces derniers, bien qu’ayant souvent une vie relativement courte, ne peuvent pas être exemptés de procéder à des bilans périodiques des réalisations, non seulement pour rendre compte aux citoyens, à travers les résultats effectivement atteints, mais aussi et surtout pour prendre conscience des difficultés, faiblesses et obstacles rencontrés et pouvoir mieux se projeter dans l’avenir.
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C’est d’ailleurs là l’une des principales orientations contenues dans le dernier discours Royal prononcé lors de l’ouverture de la session parlementaire au mois d’octobre. Mettre en place des mécanismes de suivi, d’évaluation, de correction et de reddition des comptes, c’est aussi redonner sens et crédibilité à l’action politique. C’est aussi dire que l’Etat et l’ensemble de ses institutions sont, en permanence, à l’écoute des citoyens, voire en sont l’émanation, en tant que première substance vivante de la démocratie. Par M. Amine.