Edito. L’être humain nait. Il devient ensuite femme ou homme
Le rapport entre hommes et femmes est une construction sociale. Ce constat de Simone de Beauvoir, ayant été à la base de la dénonciation des causes sociales de l’injustice dans laquelle vivent les femmes, a une valeur explicative universelle. En effet, le genre humain a été façonné par l’histoire et c’est dans l’histoire qu’il est possible de comprendre l’origine des inégalités entre les humains. Dans toutes les formations sociales (FS), la femme a été et demeure perçue comme un « être humain inférieur à l’homme ». Les cultures dominantes, y compris les religions, ont contribué à cet « abaissement » pour justifier et consacrer des rapports sociaux inégalitaires. Pourtant, dans les religions premières créées par l’humanité, a existé un ancien culte dédié à la « grande déesse », témoignant ainsi de la valorisation du principe féminin, comme source de vie et de création. Les monothéismes, et surtout leurs interprétations humaines, auront des positions contradictoires sur la femme. En Islam, le principe « La: yakouno’L mo’mino mo’minane hatta: yohibba liâkhi:hi ma: yohibbo linafsih » (Le vrai croyant, c’est celui qui aime pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même) consacre une reconnaissance fondamentale de l’égalité des humains, femmes et hommes, et surtout une consécration du respect de la dignité humaine. Principe que l’on retrouve dans l’Evangile : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
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Par ailleurs, l’observation de la réalité sociale est la meilleure source de destruction des préjugés nés d’interprétations anachroniques. Ainsi, les résultats, dans tous les niveaux scolaires et universitaires, sont là pour témoigner du potentiel réel des femmes. Malgré cela, nombreux sont les obstacles à l’égalité d’accès à l’emploi et dans la promotion, dans presque tous les secteurs. Les femmes demeurent les premières victimes de l’analphabétisme, de l’abandon scolaire, du travail des enfants, des violences pas seulement conjugales, des licenciements abusifs, du chômage (…).
Pourtant la réalité crève les yeux. Déjà en 2010, l’âge moyen des femmes au mariage est passé à 26,6 ans, contre 17,3 en 1960. Le célibat, aussi bien féminin que masculin, n’est plus une exception ni un tabou (6,7% pour les femmes et 5,8% pour les hommes). La violence faite aux femmes, encouragée par le laxisme judiciaire, représente un énorme coût économique et social (plus de 2 MMDH). L’obsolescence de l’arsenal juridique favorise cette violence. Chaque jour, 800 avortements clandestins sont effectués avec tous les risques sanitaires qui en découlent.
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Les NTIC accélèrent l’évolution de la réalité et transforment radicalement le rapport au travail en l’« asexuant ». En effet, avec l’automatisation croissante, le travail digital est sans identification sexuelle. L’intelligence artificielle n’est ni masculine ni féminine. Alors, devrait-on continuer à régir cette réalité avec des règles datant de plusieurs siècles ?