Edito. Souveraineté nationale et solidarité internationale ne sont pas incompatibles
La mondialisation n’est pas un phénomène récent. Elle date tout au moins de plusieurs siècles. Elle a été entamée à travers le commerce à longue distance. La « Route de la soie », et plus tard le « commerce triangulaire », illustrent bien ce phénomène. Plus tard, ce seront les conquêtes coloniales ou le « partage du monde » entre des Etats européens. Et, avec les indépendances, se mettra en place une « division internationale du travail (DIT), où le « Tiers monde » fournit aux pays industrialisés principalement des matières premières transformés par ces derniers en équipements et en produits à consommer, pour être exportés en partie vers le dit « Tiers monde ». Cette DIT a été encouragée et idéologiquement appuyée par la « théorie des avantages comparatifs ». Elle a favorisé des échanges inégaux et a été à l’origine du développement inégal des formations sociales dans le monde. En fait, pour le « Tiers monde », c’est une « mondialisation subie », voire imposée par les anciennes puissances coloniales, par le biais des institutions financières internationales, mises en place après la seconde guerre mondiale, cette autre « face meurtrière » de la mondialisation.
Lire aussi | L’IATA développe une industrie aéronautique en Afrique
Ce qui est nouveau, c’est le « visage libérale » de cette mondialisation. Les capitaux sont libres de circuler. Mais les humains ne le sont pas, à moins d’être riches, voire super riches. Puis vint la phase des « délocalisations », imposées par la concurrence internationale et la recherche de taux de profit plus élevés, réalisables dans des pays où les coûts d’exploitation, notamment celui du facteur travail, sont les plus bas. La crise sanitaire mondiale due au Covid est venue perturber cette évolution, déjà mise à mal par l’émergence de nouvelles puissances industrielles (BRICS). Prolongée actuellement par la guerre en Ukraine, la crise sanitaire mondiale a suscité des interrogations sur le devenir du monde et a réveillé d’anciens réflexes où le souverainisme rime avec le populisme.
Dans ce nouveau contexte mondial, où le Royaume du Maroc a déjà opté pour une insertion tout azimuts dans l’économie mondiale, avec plus de 60 accords de libre échange, l’économie marocaine s’est retrouvée dépendante des aléas externes souvent non maitrisables. Presque tous les secteurs sont concernés : agriculture, tourisme, industrie, énergie (…). Economie extravertie combinée à l’intérieur à une économie de rente.
Lire aussi | Hajj et Omra. Un business en pleine mutation
Quelle alternative ? La souveraineté nationale n’est pas incompatible avec la solidarité internationale. Au contraire, l’Etat en harmonie avec sa propre population ne peut être que positivement plus actif dans la communauté internationale et contribuer à la stabilité et à la paix. L’ouverture sur le monde est incontournable. Néanmoins, les facteurs endogènes sont toujours déterminants, en dernière instance, en matière de souveraineté et de développement. La finalité de toute économie, dans un Etat démocratique, est de contribuer à des conditions de vie où la dignité humaine est garantie pour l’ensemble de la population. C’est ce principe basique qui devrait guider les nations, en attendant que l’Histoire avance, tout en évitant de retomber dans de nouvelles barbaries meurtrières.