Gouvernance

Edito. Un Maroc sans corruption, c’est possible

Selon l’Indice de Perception de la Corruption (IPC), en 2022, la corruption a été qualifiée de « menace à la sécurité au niveau mondial ». A défaut de mondialiser ce qu’il y a de meilleur, les Etats se partagent les pratiques destructrices des valeurs éthiques universelles. Deux tiers des pays ont obtenu un score inférieur à 50 sur 100, avec une moyenne mondiale de 43 sur 100. Pour le Maroc, l’IPC n’a pas changé. En 2022, le Maroc se situe à la 94ème place à l’échelle mondial, soit une dégradation depuis 2012 (88ème place).

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Systémique, la corruption est reconnue comme étant le principal obstacle au développement au Maroc. « Secret de polichinelle », ce n’est plus un tabou. Ne manquant nullement de ressources naturelles ou humaines, le Royaume dispose d’un potentiel exceptionnel pour se transformer en une formation sociale où les rapports sociaux sont régis par des valeurs de transparence, de liberté, de justice et de respect de la dignité humaine. Reconnaître officiellement l’existence de la corruption et exprimer la volonté politique de la combattre est un premier pas courageux. Mais hésiter ou tarder dans la mise en œuvre effective des actions concrètes de lutte contre ce phénomène, peut se révéler plus dangereux, car pouvant être perçu comme une incapacité, voire une impuissance publique. L’indifférence et l’impunité contribuent à la banalisation de ce « mal » devenu endémique. Présente presque partout, dans la vie quotidienne, la corruption est souvent perçue comme une « tare culturelle ». Cette « explication » culturaliste est encore plus dangereuse, voire complice, en termes de justification, d’acceptation passive et donc de résignation. La corruption, au sens large, « al fassad » en arabe, a des causes structurelles. Il ne s’agit pas simplement de pratiques individuelles contournant des normes publiques pour satisfaire des intérêts personnels au détriment de l’intérêt général. La corruption, au sens large, a noyauté le cœur du système de gouvernance, c’est-à-dire le mode d’organisation et de fonctionnement du vivre ensemble. Dans cette situation, est-il possible de demander à des acteurs publics corrompus de devenir leurs « propres fossoyeurs » ?

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La situation actuelle des secteurs clés de l’économie est là pour bien illustrer cette réalité. Depuis l’indépendance, les richesses ont été quasi-systématiquement accumulées de manière illicite. L’accumulation primitive du capital est restée primitive dans ses méthodes et procédés. Conflits d’intérêts et enrichissement illicite demeurent la règle. La compétence et le mérite sont l’exception. Cette réalité explique la faiblesse des investissements privés à risques, créateurs d’emploi et producteurs  de valeur ajoutée. Toutes les réflexions et analyses engagées au cours des dernières décennies convergent vers cette vérité élémentaire, exprimée timidement et implicitement dans les rapports officiels. Le principal « nœud » explicatif du non ou mal développement se situe à ce niveau. Les solutions sont forcément structurelles et douloureuses. A côté du chantier en cours de la généralisation de la protection sociale et des grands chantiers de développement des infrastructures publiques, celui de la lutte contre la corruption est incontournable et déterminant dans la transformation sociétale et la réconciliation effective avec ces « générations sacrifiées » qui ont osé rêver sans jamais désespérer.  

 
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