Energie éolienne

Éolien en Mer : Le Maroc en pole position !

Dans un récent rapport, le Global Wind Energy Council (GWEC) a intégré pour la première fois le Maroc parmi les marchés à surveiller dans le secteur de l’éolien offshore. Décryptage !

Le Maroc se démarque ces dernières années sur le continent dans le domaine des énergies renouvelables. De l’organisation de la COP 22 à ses gigantesques projets dans le vert, le Maroc dispose d’une véritable aura en la matière. Après l’hydrogène vert, le Maroc semble avoir le vent en poupe dans le secteur de l’éolien offshore. Selon le dernier rapport 2024 du GWEC, « Le Maroc dispose d’une ressource importante et d’un gouvernement engagé dans le développement de cette technologie dans la région ». C’est l’idée principale qui se dégage du Global Offshore Wind Report 2024 édité par le GWEC.

Un rapport sur l’évolution du secteur de l’éolien en mer à l’échelle mondiale afin d’aiguiller les industries vers l’objectif des 380 GW d’énergie éolienne en mer nécessaires d’ici 2030 pour rester sur une trajectoire de 1,5°C. Il faut d’ailleurs noter que la grande surprise de cette édition est l’intégration du Maroc et de l’Afrique du Sud. « La croissance de l’éolien en mer est désormais bien plus qu’une histoire européenne, chinoise ou américaine, car les marchés émergents prennent des mesures importantes pour devenir des marchés matures », explique le GWEC. En Afrique, la liste des leaders potentiels du marché éolien offshore comprend le Maroc en première place, suivi de l’Afrique du Sud, de la Tunisie, de l’Égypte et du Kenya.

Une côte atlantique à fort potentiel

Toujours selon les experts du GWEC, le potentiel du Maroc repose sur ses ressources naturelles en matière d’énergie éolienne. La côte atlantique sud du Royaume dispose d’un potentiel important pour accueillir des parcs éoliens offshore, avec une vitesse moyenne du vent supérieure à 10 mètres par seconde (m/s), souligne le rapport du GWEC. Il faut également noter que la Banque européenne d’investissement (BEI) a récemment accordé à l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN) une subvention de 2 millions d’euros pour la réalisation d’une étude de faisabilité sur l’éolien offshore au Maroc. L’étude évaluera le potentiel de transformation de la côte atlantique du Maroc en un centre d’énergie éolienne offshore, en tenant compte des exigences techniques, environnementales et économiques de ces projets.

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Contacté par Challenge, l’expert en énergie Said Guemra nous apporte ses précisions sur les défis de cette technologie : « L’éolien en mer trouve son intérêt dans l’absence d’obstacles que le vent rencontre sur terre, de ce fait, il y a une meilleure régularité des vents en mer, et une production qui peut être nettement plus intéressante que sur terre. L’investissement en matière d’éolien en mer est pratiquement le double que sur terre, avec des difficultés de rentabilité sur certains projets. Pour faire face aux problèmes de transport, l’hydrogène peut être produit aux pieds des éoliennes et évacué par la suite. Le facteur de charge qui caractérise la production éolienne est en moyenne de 24 % en Europe sur terre, alors qu’en mer, ce même facteur est de 38 %, soit 50 % en plus, ce qui explique l’engouement européen pour l’éolien en mer. »

« Pour le cas du Maroc, la moyenne du facteur de charge éolien sur terre varie entre 34 % et 43 %. La production éolienne terrestre marocaine est donc supérieure à la production de l’éolien en mer européen, ce qui ne veut pas dire que nous n’avons pas besoin d’éolien en mer. Nous devons étudier la question surtout sur nos côtes atlantiques. Ces chiffres expliquent en majeure partie le grand succès du Maroc en matière de production de l’hydrogène et la compétitivité future du coût de production qui dépend en majeure partie de la production éolienne. L’éolien en mer peut devenir intéressant pour le Maroc, à partir d’un facteur de charge de 60 % voire 70 %. Des études doivent être menées particulièrement dans nos régions du sud, afin de comprendre s’il y a une opportunité pour des projets éoliens en mer. Cette option est prévue pour certains projets de production de l’hydrogène à Dakhla, ce qui veut dire que les investisseurs n’écartent pas la possibilité de l’éolien en mer. Les premières mesures nous renseigneront sur les possibilités offertes, mais la compétition entre l’éolien en mer et l’éolien terrestre sera rude pour le Maroc, qui dispose déjà d’excellentes ressources éoliennes sur terre, et il sera difficile de justifier le double de l’investissement », poursuit notre expert.

Source: GemTech

De son côté, le professeur en physique et expert en énergie Amin Bennouna est plus pessimiste sur le sujet. « Même si la citation du Maroc dans ce prestigieux rapport est à saluer, la technologie de l’éolien en mer n’est pas encore à l’ordre du jour pour des raisons de coût et de gain de performance. »

Nécessité d’un environnement propice

« La majorité de ces éoliennes sera installée au tournant de la décennie, et les deux tiers entre 2029 et 2033. Cette expansion rapide du déploiement doit s’appuyer sur une collaboration croissante entre l’industrie et le gouvernement ainsi que sur la création de cadres politiques et réglementaires rationalisés et efficaces. Cette croissance anticipée sera stimulée par l’arrivée de la prochaine vague de marchés de l’éolien en mer, tels que l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, les Philippines, le Vietnam, le Brésil, la Colombie, l’Irlande et la Pologne, où l’évolution des politiques et une attention sans précédent de la part des gouvernements, de l’industrie et de la société civile créent les conditions d’un développement à long terme et à grande échelle de l’éolien en mer », estiment les experts du GWEC. De ce fait, les installations annuelles d’éoliennes en mer devraient tripler en 2028 par rapport aux 10,8 GW de 2023. D’ici 2033, elles devraient atteindre 66 GW, faisant passer la part de l’offshore dans les nouvelles installations éoliennes de 9 % à au moins 25 %.

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Badr Ikken, CEO de GI3, souligne : « Le Maroc possède un immense potentiel éolien terrestre encore largement inexploité. Ce potentiel théorique dépasse les 11 000 TWh par an, permettant ainsi l’installation de plusieurs centaines de gigawatts. Dans notre contexte national, l’installation d’éoliennes en mer n’est pas pertinente car les alternatives terrestres offrent également des facteurs de charge supérieurs à 60 %. L’une des principales préoccupations concerne l’impact sur la biodiversité marine. Les zones désignées pour les parcs éoliens en mer sont souvent des habitats essentiels pour de nombreuses espèces marines et sont cruciales pour la pêche et d’autres activités économiques vitales pour les communautés côtières. De plus, les coûts de maintenance des éoliennes en mer sont significativement plus élevés que ceux des éoliennes terrestres. L’accès aux éoliennes offshore nécessite des infrastructures spécialisées et des opérations plus complexes en raison des conditions marines, entraînant ainsi des dépenses supplémentaires et des défis logistiques. Ces coûts rendent l’énergie produite par les éoliennes offshore moins compétitive que les énergies renouvelables terrestres. En conclusion, l’installation d’éoliennes en mer doit être soigneusement évaluée. Dans le cas du Maroc, les alternatives terrestres présentent clairement moins d’impacts environnementaux et des coûts de maintenance réduits, ce qui les rend plus viables et respectueuses de l’environnement. »

 
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