Tribune et Débats

Etre un acteur dynamique dans un monde multipolaire

Tels sont l’ambition et l’objectif stratégique du Royaume du Maroc. Nombreux sont les obstacles et les résistances.

Pour certains Etats, le monde est régi exclusivement par des intérêts et des rapports de force. La diplomatie de ces Etats est empreinte de machiavélisme. Dans cette conception des relations internationales, la fin justifie les moyens. La diplomatie est synonyme de ruse. La guerre n’est que l’aspect le plus visible de la force qui est multiforme. Les adeptes de cette conception sont surtout les acteurs étatiques puissants dominant le système international. Leur unique souci est le maintien d’un équilibre et donc d’un statu quo jamais statique. Face à cette réalité, de nouveaux acteurs essaient d’émerger et d’occuper une place en vue d’être capable d’agir et d’influencer le système international en leur faveur. Dans certaines situations, il y a des « gagnants-gagnants » surtout dans un cadre multilatéral. Mais, souvent, il y a des « gagnants-perdants », en particulier dans les rapports bilatéraux. Cette réalité internationale pure et dure se confirme, d’autant plus que l’ONU est quasiment dans une situation d’impuissance et d’impasse.

Lire aussi | Quand Macron décide de construire son mur à lui !

Depuis plusieurs années, le Maroc a opté pour une grande ouverture sur l’économie mondiale, avec aujourd’hui plus de 60 accords de libre échange. C’est le moment de faire un bilan et d’évaluer cette ouverture pour en tirer les leçons, vaincre les faiblesses, capitaliser sur les forces et innover. En fait, la diversification maximale des rapports internationaux du Maroc est un choix stratégique irréversible. Après la guerre froide qui a « bipolarisé » le monde (ou « tripolisé » si l’on tient compte du « Tiers Monde »), la brève tendance/tentative observée a été celle d’une « unipolarisation », à peine perturbée par la montée économique et commerciale de la Chine dans le monde. Aujourd’hui, les tendances lourdes annoncent une « multipolarisation » dans laquelle le Maroc ne se comporte pas comme simple spectateur. Avec les Etats Unis d’Amérique, la Chine et la Russie, le Royaume garde des rapports solides non préférentiels. Aucun alignement idéologique. Son retour en Afrique a été un succès facilité par son ancrage historico-géographique.

C’est aussi le cas dans le « monde arabe » où les liens matériels et immatériels sont inséparables. Le préambule de la Constitution consacre explicitement cette double appartenance arabo-africaine, tout en priorisant la coopération Sud-Sud. Dans ses rapports bilatéraux, le Maroc met systématiquement en avant le principe non négociable de son intégrité territoriale dans une démarche réaliste et constructive. Au centre de ce processus, l’acteur principal est le Souverain, symbole de l’Etat nation, au niveau international. Dans la pratique diplomatique, le ministère des affaires étrangères a un rôle moteur. Au niveau international, les représentations diplomatiques constituent le relai principal du Royaume. Celles-ci sont appelées à jouer un rôle actif, dynamique et multidimensionnel. La « diplomatie parallèle » a aussi son mot à dire.

Lire aussi | Nouvelles dispositions adoptées

Partis politiques, ONG et syndicats sont des acteurs potentiels non négligeables. C’est aussi le cas de la « classe entrepreneuriale », représentée principalement par la CGEM qui gagnerait à mieux s’investir, notamment en matière d’attraction des investissements privés, au niveau international. Celle-ci devrait, au préalable, se libérer du « biberon fiscal » et des « béquille étatiques » que représentent les marchés publics et les situations de quasi-monopole. Elle devrait essayer de prendre l’exemple dans les exploits réalisés notamment dans le domaine du football. De même, médias, artistes, acteurs territoriaux (…) devraient être impliqués dans le processus diplomatique sur la base d’une vision stratégique et globale, bien définie et partagée. C’est là que les citoyens attendent le « maestro » qu’est le ministère des affaires étrangères….

 
Article précédent

"Capital Croissance", nouveau fonds d'investissement de BMCE Capital Investments

Article suivant

Le franco-italien Essilor Luxottica restructure ses opérations au Maroc