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Export : faut-il penser d’autres espaces ?

Les perspectives de croissance atone en Europe, en 2024, pourraient avoir un impact significatif sur l’économie du Maroc, particulièrement l’export, selon la direction des études économiques du groupe Crédit Agricole. N’est-il pas temps d’impulser une nouvelle diplomatie économique à l’aune de l’émergence du marché continental?

Dans son livre « les dynamiques du capitalisme », l’historien français Braudel, explique que les grandes économies ou les économies émergentes se définissent par leur capacités à faire le commerce au loin…Et le Maroc, ces dernières décennies a fait du commerce au loin un des leviers de son économie. Cependant, même si les flux d’exportations en destination de l’Europe sont louables, elles commencent aujourd’hui à souffrir des externalités négatives dues aux turbulences économiques que connait ce marché ces derniers temps. « La croissance déprimée chez les principaux partenaires européens devrait impacter l’activité économique au Maroc en 2024 ».

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C’est le constat au demeurant amer dressé par la direction des études économiques du groupe français Crédit Agricole. «Les prévisions de croissance du PIB en Espagne, en France et en Italie sont en assez forte contraction et cela devrait peser sur les exportations marocaines», alerte le pôle d’intelligence économique de Crédit Agricole. Alors que la France devrait enregistrer une hausse de son PIB de seulement 0,9% en 2023 et de 1% en 2024, l’Italie devrait enregistrer des taux respectifs de 0,7% et 0,6%. En revanche, l’Espagne devrait connaître une année 2023 plus prometteuse avec une croissance de 2,4%, mais qui décélérerait à 1,6% en 2024. «Pour le Maroc, le commerce international des biens avec ses partenaires du sud de l’Europe revêt une grande importance, représentant conjointement 43,3% de ses exportations. L’Espagne occupe la première place avec 19,6% des exportations, suivie par la France avec 19,1%, et enfin l’Italie avec 4,5%», est-il précisé dans une note d’information fraîchement publiée par la direction des études économiques de l’Institution. Selon ces experts, l’impact d’une performance économique un peu déprimée en Europe du Sud pourrait donc se transmettre dans les volumes d’exportation du pays.

Le Maroc exporte principalement des automobiles, des produits électriques et électroniques et du matériel aéronautique en France et en Espagne et plutôt des vêtements et des produits de grande consommation en Italie. Des exportations par ailleurs assez diversifiées. La croissance des exportations vers ces principaux partenaires a été plutôt soutenue en 2021 (+22%) illustrant le rebond post-Covid et aussi en 2022 (+7,6%), compte tenu de l’industrialisation progressive du pays, indique la note. Dans un tel contexte n’est-il pas temps de penser une autre détente économique ?

Une nouvelle diplomatie économique 

L’entrée en vigueur de la ZLECAF le 1er janvier dernier constitue une opportunité majeure pour le Maroc. Les échanges commerciaux du Royaume avec les pays africains se sont développés au cours des dernières décennies, et ce, en raison de la diplomatie économique du Maroc qui a su construire un véritable couloir de coopération avec certains pays d’Afrique, notamment ceux de l’Afrique de l’ouest. Même si les efforts sont louables et les retombées économiques sont également là, le Maroc cependant dans certaines régions du continent n’a pas encore déployé sa présence. Ce constat a été partagé par l’économiste Hicham Alaoui.

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Selon ce dernier, le Maroc doit profiter de la ZLECAF pour explorer les régions où il est moins présent et exporter son expertise. D’après une étude de la DEPF, les secteurs qui bénéficieraient le plus de l’accord seraient «l’industrie manufacturière, de l’alimentaire et du textile». L’institution de Bretton Woods, souligne pour sa part que la réduction drastique des obstacles au commerce et à l’investissement devrait libérer le potentiel de croissance des secteurs exportateurs, dont le textile, les produits chimiques, le caoutchouc et le plastique, ainsi que les aliments transformés. L’industrie pharmaceutique nationale, à titre d’exemple, devrait renforcer sa présence dans le continent. Ce secteur qui réalise près de 10% de son chiffre d’affaires à l’export, essentiellement avec les pays subsahariens francophones, devrait améliorer sa compétitivité grâce à la réduction des droits de douane et des barrières tarifaires. Devant ses opportunités, une étude de l’IMIS prévenait sur la faiblesse des exportations en destination de l’Afrique : «Les exportations restent inférieures par rapport à leur potentiel». Contacté par Challenge l’Economiste Ivoirien Samuel Mathey nous confie que «le Maroc à tous les atouts pour être un des acteurs clés de ce marché continental en construction».

Un marché de 1,3 milliard de personnes

La ZLECAF propose à l’Afrique la possibilité de créer la plus grande zone de libre-échange au monde, capable d’unifier 1,3 milliard de personnes, dans un bloc économique de 2 500 milliards de dollars, et d’inaugurer une nouvelle ère de croissance économique. Dans le détail, les principaux objectifs de la ZLECAF consistent à donner vie à un nouveau marché continental de biens et de services, avec une libre circulation des personnes et des capitaux et à ouvrir la voie à la création d’une union douanière.

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Ladite zone développera également le commerce intra-africain grâce à une meilleure harmonisation et à une meilleure coordination de la libéralisation des échanges à travers le continent. Elle favorisera de facto une augmentation de 52 % des échanges de biens et de 32 % de ceux de services. La ZLECAF renforcera en outre la compétitivité des industries et des entreprises grâce à l’exploitation des opportunités de production à grande échelle, à l’accès au marché continental et à une meilleure redistribution des ressources. D’autre part, il faut aussi noter que ce projet d’intégration économique pourra éventuellement être à la base de la création de plusieurs emplois sur le continent.

 
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