Face au nouveau décret, les acteurs du privé partagés entre enthousiasme et perplexité
Le nouveau décret relatif aux marchés publics au Maroc, numéro 2-22-431 du 8 mars 2023, suscite des réactions mitigées parmi les acteurs économiques privés. Les analyses détaillées de Hassan MAA, expert consultant international et dirigeant de la société Interp Consulting, et de Abed Chagar, directeur général de Colorado et président de la Fédération de chimie parachimie, mettent en lumière les avancées significatives en matière d’innovation, de développement durable et de transparence. Cependant, des préoccupations subsistent quant à la mise en œuvre effective de ce décret et la nécessité d’ajustements pour garantir son efficacité et son équité dans tous les secteurs économiques.
Le nouveau décret des marchés publics au Maroc est là, et il fait parler de lui ! Entre discussions sur les PME, les prix de référence et les études d’impact, les acteurs économiques ne manquent pas de le commenter. Il faut dire que ce nouveau code des marchés publics ouvre la voie à des changements significatifs dans l’accès à la commande publique. Contactés par Challenge, des acteurs du privé soulignent les opportunités qu’il offre en termes d’innovation, de développement durable et de transparence, tout en évoquant les ajustements nécessaires pour une mise en œuvre réussie. Entre digitalisation, préférence nationale et débats sur la définition des TPME, rien n’est laissé au hasard. Des réactions qui mettent en évidence les enjeux et les préoccupations entourant ce décret, qui vise à améliorer le climat des affaires et à favoriser la participation des acteurs locaux.
Nécessité d’un changement de mentalité et d’une transformation des habitudes
La première réaction est celle de Hassan MAA, expert consultant international et dirigeant de la société Interp Consulting, qui livre son analyse détaillée du nouveau décret relatif aux marchés publics au Maroc, numéro 2-22-431 du 8 mars 2023. Selon lui, ce décret apporte une véritable révolution dans l’accès à la commande publique, favorisant l’innovation, la consommation locale, l’amélioration du climat des affaires et le développement durable. Cependant, il souligne également la nécessité d’un changement de mentalité et d’une transformation des habitudes de traitement des marchés publics pour assurer une mise en œuvre réussie. L’expert met en évidence les principaux apports de ce nouveau décret. Tout d’abord, la digitalisation des procédures est saluée comme une avancée majeure permettant une gestion plus efficace et transparente des marchés publics.
Lire aussi | Hydrogène naturel. La suisse HyNat se prépare à lever 10 millions d’euros pour produire au Maroc
De plus, le soutien aux produits locaux et à l’expertise nationale est mis en avant, favorisant ainsi le développement économique du pays. Une nouveauté intéressante introduite par le décret est la notion de prix de référence, qui vise à encadrer les prix des produits et services proposés dans les marchés publics. Cela permettra de garantir une meilleure valorisation de la qualité des offres et de prévenir les pratiques déloyales. Par ailleurs, l’introduction du dialogue compétitif est perçue comme un moyen d’obtenir les meilleures offres possibles, en favorisant l’échange entre les acheteurs publics et les concurrents. Le décret accorde également une attention particulière au développement durable, reflétant ainsi la volonté politique de promouvoir des pratiques respectueuses de l’environnement. Cette dimension met en évidence l’importance de la responsabilité sociale des acteurs économiques dans la réalisation des marchés publics.
Les défis persistants dans la catégorisation des entreprises
Cependant, malgré ces avancées, Hassan MAA soulève quelques points à améliorer. Il propose notamment d’approfondir la dématérialisation des procédures pour éviter le téléchargement inutile de certains documents. Il suggère également que la communication des résultats d’évaluation se fasse en temps réel via le portail des marchés publics, renforçant ainsi la transparence et la confiance dans le système. En ce qui concerne la catégorisation des entreprises, l’expert estime que la définition de TPME (Très Petites et Moyennes Entreprises) est trop large et qu’il serait préférable de les classer en fonction de leurs secteurs d’activités et de tailles plus spécifiques, en lien avec les marchés concernés. De plus, il souligne l’exclusion des autoentrepreneurs et des coopératives dans certains appels d’offres, en raison des références exigées avec des montants précis. Enfin, l’exigence d’agréments spécifiques pour les concurrents marocains, comme une étude d’impact, est jugée excessive par rapport aux justificatifs de compétences demandés aux concurrents étrangers.
Préoccupations sur l’alignement des procédures d’achat et digitalisation
Le nouveau décret relatif aux marchés publics au Maroc, numéro 2-22-431 du 8 mars 2023, n’a pas fini de susciter des réactions de la part des acteurs économiques privés. Après l’analyse d’Hassan MAA, expert consultant international et dirigeant de la société Interp Consulting, c’est au tour d’Abed Chagar, Directeur Général de Colorado et Président de la Fédération de Chimie Parachimie, de livrer ses commentaires et préoccupations concernant ce décret.
Lire aussi | Sahara. Le Qatar réaffirme son soutien au plan d’autonomie
Le patron exprime sa satisfaction quant à la publication du nouveau décret et l’espérance d’une mise en application rapide. Il souligne l’importance d’aligner les procédures d’achat de toutes les entreprises publiques et administrations sur ces nouveaux textes, ainsi que la nécessité de digitaliser l’ensemble du processus dans une plateforme unique pour assurer la transparence et la gestion efficace des réclamations. En ce qui concerne les nouvelles dispositions du décret, Abed Chagar reconnaît les avantages du Dialogue Compétitif, de la notion de prix de référence, des mesures visant à encourager la participation des PME aux marchés publics, ainsi que des mesures renforçant l’intégrité et la lutte contre la corruption.
Des améliorations nécessaires dans la définition des PME et des ETI
Cependant, Chagar soulève également des points à améliorer. Il propose une redéfinition claire de la notion de PME en privilégiant celles dont l’objet concorde avec l’appel d’offres et qui sont véritablement opérationnelles. Il suggère également de revoir à la hausse le chiffre d’affaires pris en considération par l’administration pour intégrer les ETI ( Entreprise de taille intermédiaire, ndlr ) . De plus, il met en avant la nécessité d’expliciter la notion de préférence nationale en favorisant la fourniture de produits fabriqués localement avec la mise en place d’un label « Fabriqué au Maroc ». L’expertise d’Abed Chagar, en tant que représentant du secteur privé de la chimie et de la parachimie, souligne l’importance de prendre en compte les spécificités de chaque secteur lors de l’application du décret. Ses commentaires mettent en lumière la nécessité d’une vision plus ciblée et pragmatique pour maximiser l’efficacité et la pertinence des marchés publics dans différents domaines d’activité.
Enthousiasme et préoccupations des entreprises privées face au nouveau décret
En somme, les réactions d’acteurs économiques privés, telles qu’exprimées par Hassan MAA et Abed Chagar, mettent en évidence à la fois l’enthousiasme et les préoccupations entourant le nouveau décret des marchés publics. Les avantages potentiels en termes d’innovation, de développement durable et de participation des acteurs locaux sont reconnus, mais des ajustements et des clarifications sont nécessaires pour assurer une mise en œuvre réussie et équitable.