Transport ferroviaire

La bataille entre les géants mondiaux s’annonce rude pour le lucratif marché de l’ONCF

Les géants mondiaux du ferroviaire sont à l’offensive sur le mégacontrat de l’Office National des Chemins de Fer (ONCF), où la bataille s’annonce très rude. En jeu, un investissement de 16 milliards de DH avec l’obligation de créer une coentreprise ONCF-opérateur adjudicataire, spécialisée dans la maintenance et la fabrication des trains au Maroc.

Alors que l’ONCF vient d’officialiser son appel à concurrence pour l’acquisition de 168 trains (150 trains pour les services inter-villes, Trains Navettes Rapides et Métropolitains, ainsi que 18 Trains à Grande Vitesse pour les extensions des lignes Grande Vitesse), ce marché verra s’affronter au Maroc tous les grands constructeurs internationaux de matériel roulant, notamment européens et chinois. Le français Alstom, l’allemand Siemens Mobility, les espagnols CAF et Talgo, l’italien Ansaldo Breda (devenu Hitachi Rail Italy), le chinois CRRC ou encore le coréen Hyundai, comptaient déjà parmi la dizaine d’industriels présélectionnés lors d’un un Appel à Manifestation d’Intérêt international (AMI) autour de cette acquisition, lancé en novembre 2022 par l’ONCF au Maroc. Désormais, ils se positionnent comme candidats fermes.

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Si des entreprises de construction chinoises, dont le géant du BTP CCCC, se sont, par ailleurs, positionnées sur les futurs travaux de l’extension des lignes à grande vitesse, le groupe chinois à capitaux publics CRRC, N°1 mondial du ferroviaire, s’est notamment dit prêt à entrer dans la course. Il faut dire que le leader mondial, a plus d’une raison de croire à ses chances. En juillet dernier, l’ONCF a confié le marché des études d’Avant-projet sommaire (APS) de la ligne grande vitesse Marrakech-Agadir à la société de conception ferroviaire China Railway Design Corporation (CRDC), affilié à la société d’État China State Railway Group.

Devenu N°2 mondial du ferroviaire depuis janvier 2021 avec le rachat des activités ferroviaires du groupe canadien Bombardier, Alstom se prépare pour répondre à l’appel d’offres pour les TER et TGV. Le groupe français, qui est de longue date fournisseur de l’ONCF, mais aussi des sociétés de transport public de Rabat et Casablanca avec ses tramways, part avec une longueur d’avance sur ses rivaux. C’est ainsi qu’il a notamment fourni le matériel roulant (12 Alstom Euroduplex) du train à grande vitesse Tanger-Casablanca (Al Boraq), inauguré le 15 novembre 2018.

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En plus de bien connaitre le marché marocain, Alstom est, à ce jour, est le seul constructeur ferroviaire international à avoir une présence industrielle significative dans le Royaume, à travers sa filiale marocaine. Le groupe avait ouvert une première usine (alors avec Nexans, sorti depuis) de harnais électriques et des transformateurs à Fès, dans lesquels il a constamment réinvesti. Il a annoncé le 13 juillet dernier la création pour 14,6 millions d’euros d’un second site industriel, également près de Fès, qui fabriquera des cabines de conduite de trains régionaux et de métros. 

Or, au vu de son mégacontrat, l’ONCF exigera, selon les termes de l’appel à concurrence pour l’acquisition de 168 trains, que ses fournisseurs s’engagent sur des investissements industriels dans le matériel roulant. L’objet du méga-appel d’offres groupé est de créer un effet de masse et donc de susciter la création d’un écosystème ferroviaire complet dans le Royaume.

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Outre cette volonté de l’Office dirigé par Mohamed Rabie Khlie de créer des filières industrielles dans le royaume, l’ONCF veut obliger le fournisseur choisi de monter localement une structure de maintenance courante et industrielle. Cette coentreprise ONCF-opérateur adjudicataire, spécialisée dans la production de rames automotrices, autour de laquelle un écosystème ferroviaire de fournisseurs et sous-traitants, devra s’articuler. Autrement dit, il s’agira de produire des trains pour le renouvellement de la flotte de l’ONCF mais aussi pour les besoins de l’export. Et cela avec un taux d’intégration industriel qui se situe entre  60% à 80%.

Il faut dire que l’ONCF sait très bien que son marché lucratif est lorgné par un nombre important d’acteurs sur la planète qui se livrent une concurrence féroce. On peut évoquer également l’espagnol Talgo qui a clairement fait savoir son intérêt de participer à cet appel d’offres. «Talgo cherche à mettre en évidence le potentiel important de deux de ses principaux produits : le train à grande vitesse (TGV) AVRIL et le train léger de banlieue et régional EMU, qui peut atteindre 160 kilomètres à l’heure, mais qui n’a pas encore été commercialisé», explique La Información, non sans préciser que ce train a récemment obtenu l’autorisation définitive de circulation en Espagne et attise déjà les convoitises d’opérateurs internationaux qui envisageraient d’effectuer des commandes. De quoi laisser présager une féroce bataille pour ce mégacontrat avec des prix tirés à la baisse. Pour les concurrents, l’enjeu est important. A noter que le planning de livraison s’étalera sur 4 ans entre 2027 et 2030.

 
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