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Finance Climat. Où en est le Maroc ?

Avec l’appui de la Banque Mondiale (BM), le Ministère de l’Économie et des Finances, Bank Al-Maghrib, l’ACAPS et l’AMMC ont élaboré une Stratégie de développement de la Finance Climat à l’horizon 2030. Cette stratégie vient d’être déclinée dans un rapport qui fait l’état des lieux de la Finance Climat au Maroc et qui identifie les leviers pour la mobilisation des financements du secteur privé, qui reste très peu impliqué dans le financement des projets climatiques au Maroc.

D’après le rapport, le Maroc s’est résolument engagé en faveur du développement durable à travers des stratégies et politiques nationales ainsi que des engagements pris au niveau international. Dans cette optique, le secteur financier a un rôle central à jouer dans la facilitation des investissements nécessaires pour l’atteinte des objectifs climatiques. A cet égard, la feuille de route pour l’alignement du secteur financier marocain sur le développement durable, élaborée dès 2016 à l’occasion de la COP-22, a établi un cadre stratégique clair pour réussir cet alignement.

Toutefois, l’analyse de la finance climat au Maroc indique, qu’à ce jour, les flux de financement sont principalement d’origine publique, avec seulement 25-30% de contribution privée. Cette proportion est inférieure à celles observées dans les pays de la région MENA et dans les pays à revenu comparable où la part de financement privée dans la finance climat s’élève aux environs de 50%. De plus au Maroc et à l’échelle mondiale aussi, les financements privés sont principalement orientés à 90% vers des projets d’atténuation (production d’énergie verte, électrification du transport…), car ces projets offrent généralement des modèles d’affaires plus rentables et sont donc plus attractifs pour les investisseurs privés. En revanche, les projets d’adaptation, qui visent à atténuer les effets actuels et futurs du changement climatique, attirent peu les financements privés car près de 98% des financements pour des projets climatiques d’adaptation proviennent du secteur public, notamment des États et des banques de développement.

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D’après l’étude, pour attirer des financements privés pour des projets climatiques, il est essentiel de mettre en exergue un modèle économique rentable, ce qui n’est pas toujours possible sans la mise en place de mécanismes ou de politiques de soutien appropriés. En ce qui concerne les instruments de financements verts mis à la disposition des opérateurs, et en comparaison avec les pratiques internationales, le Maroc dispose déjà d’une panoplie presque complète d’instruments et de mécanismes, qu’il s’agisse d’instruments de dette (Green bonds), d’instruments de capital ou de blended finance (financement mixte) et autres. Il est aussi question d’étoffer ces offres d’instruments et mécanismes financiers disponibles par la création de produits d’investissements avec des sous-jacents « verts », des offres innovantes mobilisant les Fintech, un marché carbone volontaire et, surtout, des produits à destination du grand public (achat de véhicules électriques, travaux d’isolation thermique…).

Néanmoins, les parties prenantes des secteurs publics et privés, consultés dans le cadre de l’exercice de définition de la présente stratégie à l’horizon 2030, ont unanimement souligné la nécessité de disposer d’une « taxonomie » qui permettra aux investisseurs, aux porteurs de projets et aux autorités publiques de disposer d’une définition commune des activités économiques pouvant être considérées comme « vertes ». C’est dans ce sens, que le ministère de l’Economie et des finances, avec les autres régulateurs du secteur financier et avec l’appui de la BM, ont lancé le projet de mise en place de la taxonomie financière verte au Maroc. Par ailleurs, les données disponibles, sur la base des besoins d’investissements exprimés dans les différentes stratégies et plans à l’horizon 2030 pour atteindre les objectifs d’abattement d’émission de gaz à effet de serre du Royaume (-45,5% d’ici 2030) et le taux de réalisation des mesures associées, ont permis de faire ressortir un potentiel attractif pour le secteur privé estimé à 4,5 milliards de dollars par an entre 2025 et 2030.

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En définitive, la Stratégie de Développement de la Finance Climat à l’horizon 2030 vise à accélérer la mobilisation de financements privés pour les projets climatiques et combler les déficits de financement en vue de répondre aux objectifs du Maroc en matière d’atténuation et d’adaptation. Cette stratégie vise à mobiliser 50% des ressources nécessaires auprès du secteur privé, en s’alignant sur les meilleures pratiques internationales tout en renforçant la résilience du secteur financier face aux risques climatiques. Pour ce faire, la nouvelle stratégie a été construite autour de 3 piliers comprenant 9 axes stratégiques. Le 1er pilier vise la mise en place d’une offre de marché intégrée,  le second vise à promouvoir les accélérateurs clés nécessaires à l’atteinte des objectifs de la stratégie et le 3ème pilier concerne des éléments fondamentaux qui ont été identifiés comme nécessaires pour renforcer les bases sous-jacentes d’un marché du financement climatique structuré et approfondi. Et pour sécuriser la mise en œuvre des leviers de la stratégie, il a été procédé à la mise en place d’une gouvernance permettant de piloter la stratégie en cadrant les orientations stratégiques et en supervisant la mise en œuvre des initiatives de financement du climat.

La Banque mondiale augmente ses financements liés au climat
La BM a indiqué, le 19 septembre dernier, avoir consacré 42,6 MM $ au financement de l’adaptation au changement climatique au cours de son exercice 2024, un montant record en hausse de 10% par rapport à l’année précédente. L’institution s’est engagée, également, à augmenter de 35% à 45% la part de son financement total consacré à l’adaptation au changement climatique à partir de son exercice 2025. Cette somme comprend des prêts, ainsi que d’autres instruments financiers tels que des subventions et des garanties. Ce financement contribue à soutenir les efforts visant à atténuer la pauvreté sur une planète vivable et à investir dans une énergie plus propre.

78 MM $ pour construire une économie marocaine à faibles émissions de carbone d’ici 2050
Selon le rapport de la BM sur le climat et le développement du Maroc, publié le 3 novembre 2022, « Le Maroc aurait besoin d’investir un total d’environ 78 MM $ pour construire résolument une économie résiliente et à faibles émissions de carbone d’ici 2050. Si le Maroc investit une telle somme dans la lutte contre le changement climatique et prend les mesures politiques appropriées, les bénéfices seront immenses. En effet, des actions climatiques ambitieuses contribueront à revitaliser les zones rurales, créer de nouveaux emplois et positionneront le Royaume comme une plateforme industrielle verte, tout en l’aidant à réussir ses objectifs de développement ».

Instruments et mécanismes de la Finance Climat
Depuis la mise en place de la feuille de route du secteur financier de 2016 plusieurs avancées ont été réalisées au sein du secteur financier. Il s’agit notamment :
– de la mise en place du régime de couverture des conséquences d’événements catastrophiques;
– d’une directive réglementaire édictée par Bank Al-Maghrib fixant ses attentes vis-à-vis des  établissements de crédit en matière de gestion des risques financiers liés au changement climatique;
– de la Publication par l’AMMC d’une série de guides sur les instruments de financement durable (Green Bonds, Social & Sustainability bonds, Gender Bonds), et la réalisation de 7 émissions (MASEN, BCP, ONCF, BMCE Bank, CFC, Al Omrane….) avec un volume global de près 0.5 MM $;
– de la publication par l’AMMC d’un guide sur l’investissement socialement responsable pour encourager l’adoption des critères ESG  (Environnement, Social et Gouvernance) dans les processus et politiques d’investissement des OPCVM;
– de la signature d’une convention portant sur les principes pour une assurance durable (Principles for Sustainable Insurance) entre l’ACAPS, la fédération marocaine des sociétés d’assurance et de réassurance et le programme des Nations Unies pour l’environnement;
– du développement d’instruments d’appui public au profit de financements des projets verts des TPME tels que le produit de cofinancement Tamwilcom « Green Invest »;
– de la mobilisation des financements verts par les banques dans les domaines des énergies renouvelables, de l’agriculture durable et de l’eau ; et la mise en place des systèmes de catégorisation des risques environnementaux;
– de l’indice ESG adopté par la bourse de Casablanca fin 2018.

 
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