Gestion de l'eau

Forage de puits : de l’eau facile à l’eau fragile

Depuis quelques années, le Royaume est victime d’une terrible vague de sécheresse, une situation critique qui amplifie le stress hydrique. Ce qui n’empêche pas le creusement illégal de puits dans de nombreuses régions, au grand dam des autorités.

L’histoire de ce MRE à Settat, contraint de payer une amende de 40 000 DH, plus les désagréments conséquents à l’enquête administrative pour avoir tenté de creuser illégalement un puits, n’est pas isolé puisque dans toutes les régions du pays, les autorités ont serré la vis pour empêcher ces initiatives qui mettent à mal des ressources hydriques en souffrance.

La vigilance qui a accompagné les mesures mises en place ces dernières années pour faire face à la sécheresse a été renforcée après le dernier discours prononcé récemment à l’occasion de la Fête du Trône par S.M. le Roi qui a consacré la majeure partie de son allocution au sujet de la sécheresse et des actions que doit mener le gouvernement pour éviter la catastrophe, et ce, non seulement par les autorités locales, mais également par le ministère de tutelle.

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Les fonctionnaires du ministère de l’Équipement ont ainsi quitté leurs bureaux pour se rendre sur le terrain, d’abord avec une mission d’information sur les puits déjà existants, ce qui constitue un enjeu important de sécurité et de protection de l’environnement, et ensuite pour éviter que des puits soient illégalement ouverts, notamment dans des contextes géologiques et environnementaux défavorables. Une telle analyse de risques est importante pour conserver le maximum d’informations sur ces puits, leur architecture, leur contexte géologique et leurs conditions de réalisation, d’exploitation.

Une évolution naturelle, au vu des différentes mesures prises dans ce sens par le gouvernement qui a fait de la question de la préservation des ressources hydriques une priorité. En effet, au début de l’année en cours, plusieurs initiatives ont été mises en place, en continuité du fameux le projet de décret N° 2.23.105 relatif au permis de forage des puits concoctés par le ministre de l’Équipement et de l’Eau.

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Un décret qui vise à «définir les conditions et la procédure d’octroi d’une autorisation de forage, les modalités d’exercice du métier, le contenu de l’autorisation de démarrage des travaux de forage ainsi que les éléments qui doivent figurer dans le rapport sanctionnant ces travaux». La loi n°36.15 sur l’eau stipulant d’ailleurs que seules les entités ayant obtenu une licence appropriée peuvent entreprendre des travaux de forage. Le texte vise à anticiper les défis posés par le changement climatique et la rareté des précipitations, en particulier l’utilisation croissante des eaux souterraines. En conformité avec les exigences du décret, l’autorité gouvernementale en charge de l’eau est également tenue de maintenir un registre public des permis de forage valides, accessible aux usagers et aux agences de bassin pour assurer une transparence et une gestion efficace des ressources en eau.

Il faut savoir aujourd’hui que bien des communes sont à court d’eau potable et doivent être ravitaillées par des camions-citernes. Même des agglomérations comme Casablanca sont devenues des zones sous tension dans lesquelles des restrictions ont été mises en place pour tenter de limiter le gaspillage du précieux liquide. L’alerte canicule actuelle ne facilite pas les choses et explique cette ruée vers l’eau qui ne s’embarrasse guère des règles d’usage bien que l’utilisation de l’eau provenant de puits est réglementée conformément à la loi no 36.15.

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Dans un contexte de sécheresse et d’annonces répétées pour une meilleure gestion des ressources en eau, il faudrait que le gouvernement adopte des mesures encore plus drastiques envers «les gaspilleurs» quitte à s’inspirer de ce qui se fait ailleurs comme en France où depuis 2009, la présence obligatoire d’un compteur sur les puits (article L214-8 du Code de l’environnement) frappe les intéressés au porte-monnaie. D’autant plus qu’un puits ne fait que puiser l’eau dans les nappes phréatiques, ce qui constitue un prélèvement domestique à la limite de la légalité et en temps de restriction, les propriétaires de ces installations devraient être soumis aux mêmes restrictions que leurs voisins.

En tout cas, face à̀ la montée des besoins en eau face à des ressources insuffisantes, le gouvernement doit être conscient, et en même temps, bien préparé́ économiquement et administrativement, à tous les scénarios possibles.

 
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