Fouzi Lekjaâ, l’architecte du football marocain
Le dimanche 2 février, le patron du football national s’est vu attribuer une importante distinction à Doha pour ses efforts dans le développement du sport au Maroc et dans le monde arabe. Zoom sur le parcours et la stratégie de la cheville ouvrière du football marocain.
Dans un monde où la puissance ne se mesure plus uniquement en termes économiques, le sport est devenu un outil stratégique de premier plan. C’est l’idée portée par Pascal Boniface, géopolitologue et fondateur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), à travers ses travaux sur la diplomatie du sport.
Selon lui, les grandes compétitions et les performances sportives sont bien plus que des événements de divertissement : elles sont des instruments de soft power, permettant aux nations d’affirmer leur rayonnement et d’influencer la scène internationale.
Boniface souligne que l’organisation de grands événements sportifs, tels que les Jeux olympiques ou la Coupe du monde de football, est devenue une arme géopolitique. À travers ces événements, les pays cherchent à valoriser leur image, attirer des investissements et renforcer leur attractivité touristique.
Lire aussi | Lekjaa défend le caractère « technique » des contrôles fiscaux, dont les recettes ont augmenté de 26%
Depuis quelques années, le Maroc a fait de cette discipline une priorité stratégique. Dans sa vision du sport, le Royaume s’est appuyé sur l’un de ses talents.
En un peu plus d’une décennie, Fouzi Lekjaâ a façonné le football marocain. Peu friand des projecteurs, cet homme de chiffres et de stratégies préfère les coulisses aux tribunes, mais sa touche est visible dans le sport marocain.
Né le 23 juillet 1970 à Berkane, Fouzi Lekjaâ incarne la rigueur et l’ambition d’une génération de technocrates marocains ayant su imposer leur vision dans le sport et la politique. Haut fonctionnaire de formation, il fait ses armes à la Direction du Budget du ministère des Finances, gravissant les échelons jusqu’à en devenir le directeur en 2011.
Lire aussi | Fouzi Lekjaa : » Le déficit budgétaire réduit à 4% du PIB «
Mais c’est dans le football que son nom s’imposera avec le plus de force. En avril 2014, il prend la tête de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF), amorçant une refonte en profondeur du football national.
Sous son mandat, le Maroc modernise ses infrastructures, professionnalise ses clubs et place la formation au cœur de sa stratégie. La Coupe du Monde 2022 en est l’aboutissement : les Lions de l’Atlas atteignent les demi-finales, une première sur le continent.
Son influence dépasse également les frontières.
Un homme de réseau
En juillet 2017, il a été élu au comité exécutif de la CAF. Depuis mars 2021, il occupe le poste de vice-président de la CAF et dirige jusqu’à présent la Commission du Budget de la CAF.
La même année, il devient le premier Marocain élu au Conseil de la FIFA, renforçant ainsi le poids du Royaume sur la scène internationale.
Pour la petite histoire, c’est depuis Feu le Roi Hassan II que le Maroc a pris conscience de la nécessité d’avoir des Marocains dans les instances sportives internationales. Pour cela, il a assuré les études supérieures à Nawal El Moutawakel aux USA, ce qui lui a permis, par la suite, de devenir membre du comité exécutif et vice-présidente du Comité International Olympique.
Lire aussi | La société des paris 1xBet opère «illégalement» au Maroc, dénonce Lekjaa
Son parcours n’a rien d’un hasard. Ancien haut fonctionnaire, il a transposé au football son obsession pour la rigueur et l’efficacité. Sous son ère, le Maroc est devenu une référence en Afrique, accueillant des compétitions majeures et s’imposant comme un interlocuteur incontournable.
Mais au-delà de son bilan, c’est une philosophie qu’il incarne : celle d’un football pensé comme un projet national, mêlant ambition sportive et diplomatie d’influence.
Dimanche 2 février dernier, l’homme peu friand des projecteurs s’est retrouvé sur le devant de la scène à Doha, où il a été salué pour son rôle central dans le développement du sport au Maroc et dans le monde arabe.
« La diplomatie du sport ouvre au Maroc une grande lucarne économique », explique l’économiste Mehdi Fakkir. Et d’ajouter :
« Avec l’organisation de la CAN en 2025, le Maroc, en plus de jouir d’une aura continentale, profitera d’externalités économiques. Et avec la Coupe du Monde, les retombées sur le plan touristique seront énormes. »