Fuite des cerveaux: Les Marocains plus attachés à leur pays que la moyenne mondiale [Infographies]
Une étude sur la mobilité internationale, menée entre janvier et avril 2024 par The Network et ses partenaires, notamment ReKrute et BCG, a interrogé près de 150 000 personnes dans plus de 185 pays. Il en ressort que les Marocains restent beaucoup plus attachés à leurs pays que la moyenne.
La mobilité internationale devient un marqueur clé de la mondialisation. Dans un monde de plus en plus connecté, où les économies mondiales façonnent le marché du travail, la mobilité internationale est devenue un phénomène marquant de nos sociétés. Certains pôles, grâce à leur attractivité, aspirent ou sont du moins convoités par des travailleurs du monde entier. En se penchant sur ces questions, la plateforme ReKrute s’est illustrée ces dernières années avec ses études sur la fuite des compétences marocaines à l’étranger. Pour cette nouvelle réflexion, elle propose, en partenariat avec le cabinet BCG, une feuille de route sur « la mobilité internationale ».
Quelle est la situation de l’attractivité du Maroc en 2023 ?
Classé parmi les 100 pays les plus attractifs au monde, le Maroc occupe en 2023 la 71ème place, enregistrant une baisse de 10 places par rapport à 2020. Malgré cela, il continue d’attirer fortement, notamment les Français et les Saoudiens à parts égales, suivis de près par les Égyptiens et les Tunisiens. Les pays qui suivent dans l’ordre sont le Nigeria, la Belgique, les Émirats arabes unis, le Canada, le Portugal et enfin l’Algérie. Il est notable que les pays attirés par le Maroc sont souvent ceux qui recrutent de nombreux Marocains, tels que la France, l’Arabie Saoudite, la Belgique ou encore le Canada. Cela pourrait-il signifier que les Marocains aspirent à rentrer au pays dès que les conditions le permettent ? À noter également la forte attractivité du Maroc dans les pays du Maghreb !
Source: Rekrute/BCG
Dans l’autre sens, les destinations internationales favorites des Marocains pour travailler sont, par ordre d’attractivité, le Canada, la France puis l’Allemagne. À noter que le TOP 3 en 2020 était identique. Cependant, cette année, la France est arrivée en 2ème position, reléguant l’Allemagne à la 3ème place en 2023. Contrairement au reste des cadres dans le monde, les pays anglo-saxons attirent les cadres marocains sans différence notable depuis 2020. Les États-Unis arrivent en 4ème position, tandis que le Royaume-Uni reste en 10ème position. Il est également intéressant de noter que le Qatar et les Émirats arabes unis sont complètement sortis cette année des pays les plus attractifs pour les Marocains.
Source: Rekrute/BCG
Obstacles et avantages pour une expatriation
Bien que 52% des professionnels marocains souhaitent travailler à l’étranger en 2023 (ce qui représente plus de deux fois le score moyen à l’échelle internationale, établi à 23%), on observe une baisse par rapport à l’étude précédente en 2020, où 68% envisageaient de s’expatrier. Cela montre clairement que de moins en moins de cadres marocains souhaitent partir à l’étranger, trouvant de plus en plus satisfaction dans leurs perspectives locales, ce qui est positif !
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Malgré un désir évident de mobilité, plusieurs barrières demeurent pour les cadres marocains, notamment les forts attachements familiaux et culturels. Ainsi, 53% des cadres refusent de partir car ils sont émotionnellement attachés au Maroc, un score bien supérieur à la moyenne mondiale qui n’atteint que 33%. De plus, 41% refusent l’expatriation car leur famille ne peut pas les accompagner, représentant le 2ème critère le plus important pour un refus. Bien que les Marocains rêvent d’une longue expatriation, il est crucial pour les recruteurs internationaux et nationaux de comprendre et d’adapter leurs offres et processus aux besoins spécifiques des talents marocains.
Source: Rekrute/BCG
Le Maroc perd entre 600 et 700 praticiens chaque année
Selon une enquête de la Fondation des enseignants médecins libéraux (FEML) publiée en 2023, le Maroc perd chaque année entre 600 et 700 praticiens, soit 30 % des médecins formés actuellement. Cet exode touche toutes les catégories, notamment les médecins spécialistes, les professeurs et même les étudiants en médecine. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont les deux plus grands aspirateurs de talents. Au Kenya, par exemple, plus de 50 % de tous les médecins exercent leur profession à l’étranger dans ces deux pays, laissant au pays seulement 20 médecins pour 100 000 habitants. Selon l’étude de ReKrute, qui offre un éclairage précis sur les aspirations de ces talents lors de leur départ, il en ressort que 62 % des interrogés déclarent partir d’abord pour des raisons financières et économiques. Ensuite, 50 % mentionnent la gestion de carrière, suivie de l’obtention d’une meilleure qualité de vie globale (62 %).
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Jaafar Heikel, économiste de la santé, déplore : « Les médecins au Maroc partent vers les pays du Nord principalement pour les mêmes raisons. D’abord, le problème des revenus, qui sont très faibles par rapport à ce que proposent les pays du Nord. En plus, les conditions de travail sont généralement meilleures ». Mountacer Charif Chefchaouni, gestionnaire hospitalier et expert international de la santé, ajoute : « Aujourd’hui, la solution ne réside pas dans l’attractivité des ressources étrangères, mais plutôt dans l’amélioration des conditions de travail et surtout de la rémunération des médecins dans le public ». En ce qui concerne l’attractivité du Maroc, classé dans le TOP 100 des pays les plus attractifs au monde, le Maroc arrive en 2023 en 71ème position. Selon l’étude, le Maroc attire principalement des Français et des Saoudiens à égalité, suivis de près par les Égyptiens et les Tunisiens. Les suivants dans l’ordre sont le Nigeria, la Belgique, les Émirats arabes unis, le Canada, le Portugal et enfin l’Algérie.
Obstacles et avantages pour une expatriation…
Malgré un désir évident de mobilité, plusieurs barrières demeurent pour les cadres marocains, notamment les attaches familiales et culturelles fortes. « Ils sont ainsi 53 % des cadres à refuser de partir car ils sont émotionnellement attachés au Maroc. Ce score est tout de même de 20 points supérieur à la moyenne mondiale, qui n’atteint que 33 % ! », expliquent les experts. De plus, 41 % des cadres refusent l’expatriation car leur famille ne peut pas les accompagner, représentant ainsi le 2ème critère le plus important pour un refus. « Le cadre marocain est courageux par nature sinon, la majorité des freins à l’expatriation à l’international n’en sont pas pour lui.
On peut citer ici par exemple la barrière linguistique, les inquiétudes concernant la mobilité ou même le coût de la relocation. Les 2 principales raisons qui poussent les Marocains à l’expatriation, et qui arrivent à égalité d’ailleurs avec 62 % de votes, sont les raisons financières et économiques ainsi qu’une meilleure qualité de vie.
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Cette seconde raison est nettement plus essentielle pour les Marocains que pour le reste du monde (55 % seulement des votes au niveau mondial). Ces 2 arguments sont suivis de très près, par ordre décroissant, par un meilleur système social et de santé d’abord, suivi de considérations liées à la carrière, puis par l’épanouissement personnel et l’expérience culturelle (47 % des votes).
Il est important de noter également que 29 % des cadres souhaitant s’expatrier le font car ils souhaitent travailler dans une société plus inclusive, offrant des chances équitables aux gens. Au niveau mondial, cela n’arrive qu’en 10ème position avec 19 % des votes. En ce qui concerne les défis du processus d’expatriation, notamment en termes de support administratif et d’acclimatation, 82 % des répondants attendent une assistance pour le visa et le permis de travail. Une assistance pour le logement est attendue par 63 % des Marocains, en dessous de la moyenne mondiale de 79 %.
Dubaï, le nouvel eldorado des talents africains
La grande citadelle s’est peu à peu imposée comme un hub logistique, mais aussi comme une place financière incontournable et aujourd’hui, comme un pôle d’attractivité pour cadres supérieurs de toutes nationalités. Samsung, LG, Ericsson, Thales, Mitsubishi, Airbus, Accor, Porsche, Goodyear, Nikon, Casio, AliBaba ou encore DHL y ont installé un siège régional. Sur le continent africain, l’émergence d’une nouvelle élite africaine, cultivée, a fait de Dubaï le point focal de ses affaires. Selon les chiffres de la Chambre de commerce et d’industrie de Dubaï, plus de 21 000 entreprises africaines sont implantées à Dubaï. L’essor des sociétés moyen-orientales et africaines s’établissant à Dubaï a partiellement contribué à la diversification fructueuse de l’émirat, qui a atténué sa dépendance vis-à-vis de ses recettes pétrolières. Le commerce hors pétrole avec l’Afrique a augmenté de 700 % ces quinze dernières années, passant de 33 milliards de dollars en 2015 à 50 milliards en 2019, selon la Chambre de commerce et d’industrie de Dubaï. Il faut d’ailleurs noter que cet intérêt renouvelé pour l’Afrique a été stimulé davantage par la Zone de libre-échange continentale africaine entrée en vigueur. Elle regroupe 1,3 milliard de personnes dans un bloc économique de 3 400 milliards de dollars constitué par 54 pays africains.