Généralisation de l’anglais. Les recommandations du Conseil supérieur de l’éducation
La généralisation de l’apprentissage de l’anglais dans le système éducatif marocain est un enjeu majeur pour répondre aux exigences du monde économique actuel et pour préparer les jeunes marocains à un avenir professionnel prometteur. Cependant, cela nécessite une réflexion approfondie et une action concertée pour relever des défis éducatifs et linguistiques.
« Tous ceux qui ont enseigné dans les collèges, les lycées et les universités savent que les lacunes des élèves se reflètent inévitablement dans leur expression orale et écrite. Il est donc essentiel de réfléchir attentivement à la manière dont les langues sont organisées dans le système éducatif marocain avant de procéder à une refonte». Ces propos du Pr. Ahmed Akhchichine, ministre de l’Éducation nationale de 2007 à 2012, donnent une idée des défis auxquels le système éducatif marocain est confronté, notamment en termes de lacunes dans les compétences linguistiques des élèves. Ainsi donc, l’ex-ministre invite les acteurs du système éducatif à réexaminer l’ensemble de la cartographie, de l’agencement et de l’organisation des langues dans le système éducatif marocain. Cela dit, il est important de reconnaître que le système éducatif marocain est unique en son genre, car il utilise trois idiomes linguistiques différents, chacun avec son propre alphabet. Bien que cela présente des défis, cela offre également des opportunités. Il y a donc lieu de réfléchir à la manière de transcender ces difficultés et de tirer parti des opportunités pour apporter une valeur ajoutée à l’éducation des élèves du Royaume.
Il faut dire que la question de la généralisation de l’apprentissage de l’anglais dans le système éducatif marocain suscite de nombreux débats et interrogations. Pour y répondre, le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a émis des recommandations pour la mise en œuvre de cette généralisation.
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La nécessité d’un nouveau modèle pédagogique
Le secrétaire général du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, Aziz Kaichouh, identifie plusieurs préalables pour la mise en œuvre de cette généralisation. Tout d’abord, il recommande de partir sur un nouveau modèle pédagogique prenant en compte les limites de l’expérience Covid-19 en matière d’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement. « Il est également nécessaire de réhabiliter les ressources humaines, notamment en accompagnant les enseignants d’anglais et en préparant le corps d’inspecteurs, d’encadrants et de formateurs. Ensuite, le CSEFRS recommande d’adopter une approche structurée et agressive pour trouver une solution durable et dynamique à la question de la généralisation de l’apprentissage de l’anglais. Il faut également travailler sur l’examen d’actualisation des politiques actuelles intégrant les technologies dans l’apprentissage des langues, et doter les enseignants et les écoles de la capacité à produire du contenu adapté à leur contexte », souligne Kaichouh.
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Enfin, le CSEFRS recommande d’adopter une approche ascendante de la gouvernance numérique et de donner un caractère local à l’intégration de la technologie, ainsi que de mettre en place un suivi-évaluation régulier pour détecter les réussites et les échecs, et permettre une évolution dynamique et naturelle.
Préserver la richesse linguistique du Maroc
Au-delà des enjeux éducatifs, la généralisation de l’apprentissage de l’anglais dans le système éducatif marocain présente également des implications économiques importantes. En effet, l’anglais est aujourd’hui la langue internationale par excellence, utilisée dans les échanges commerciaux, les relations diplomatiques et les collaborations scientifiques. La maîtrise de l’anglais est donc devenue un critère important pour l’employabilité et la compétitivité sur le marché du travail. Cependant, la généralisation de l’apprentissage de l’anglais ne doit pas se faire au détriment des autres langues présentes dans le système éducatif marocain, notamment la langue arabe et la langue Amazigh. Il est important de trouver un équilibre pour préserver la richesse linguistique du pays tout en répondant aux exigences du monde économique actuel.