Infrastructures

Gestion de l’eau : le Maroc passe à la vitesse supérieure !

Depuis quelques années, le Maroc fait face à des vagues récurrentes de stress hydrique. Tombé à pic, le mégaprojet de «l’autoroute de l’eau» qui acheminera 400 millions de m3 d’eau vers Casablanca et sa région, se positionne comme un pas de géant dans le chantier de la préservation de la ressource hydrique. 

La question de l’eau préoccupe la communauté internationale à plusieurs égards. L’un des «17 Objectifs du Développement Durable des Nations Unies» vise à «améliorer la qualité de l’eau et à accroître le recyclage et la réutilisation en toute sécurité». A sa soixante et onzième session, l’Assemblée Générale des Nations unies a approuvé une résolution en faveur d’une «nouvelle décennie internationale d’action (2018-2028) : L’eau au service du développement durable». Aujourd’hui, la raréfaction et la dégradation des ressources en eau ainsi que la dégradation des ressources naturelles en général, constituent une contrainte majeure à l’échelle mondiale, sous les effets conjugués du changement climatique, des besoins croissants des pays pour répondre à la pression démographique et aux demandes des secteurs socio-économiques clés : agriculture, industrie, habitat, tourisme.

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Le Maroc n’échappe guère à cette réalité douloureuse. Ainsi, caractérisé par des ressources en eau limitées et une très forte variabilité spatio-temporelle des précipitations, le Maroc fait partie des pays subissant «un stress hydrique élevé». Ainsi face à ce défi socio-économique, le Royaume a déployé de grands moyens. Avec sa politique de barrages qui a été un élément structurant de la gestion des ressources hydriques, étendant ainsi la superficie des terrains irrigués à 1 million et demi d’hectares, le Maroc aujourd’hui passe à une autre vitesse en lançant le projet de l’autoroute de l’eau qui pose les bases d’un début de solution face à la problématique de la rareté de la ressource hydrique. «Même si cela ne règle pas le problème dans son entièreté, on peut cependant dire que c’est un pas considérable dans le sentier des solutions», nous confie Mohammed Hammouch, Directeur Energie et infrastructure chez Mazars.

Une œuvre 100% marocaine

En mai dernier, Sa Majesté le Roi avait alors donné ses instructions pour accélérer les différents chantiers en cours dans le domaine de l’eau. Depuis, la mobilisation de compétences exclusivement marocaines a permis d’achever cette infrastructure stratégique en à peine 10 mois, contre un délai normal de 4 ans pour ce type d’ouvrages. Piloté par le ministère de l’Equipement et de l’Eau, le projet de “l’autoroute de l’eau” a été réalisé par la Société générale des travaux du Maroc (SGTM), la Société nouvelle des conduites d’eau (SNCE), la Société de travaux agricoles marocains (STAM), la Société maghrébine de génie civil et du conseil en ingénierie et développement et un bureau d’études relevant du ministère de l’Équipement. Dans les détails, les canalisations de l’ouvrage sont constituées de tubes en acier de 3.200 millimètres de diamètre ; deux stations de pompage avec un débit de 15 mètres cubes par seconde ; et un bassin pour acheminer l’eau vers le barrage de Sidi Mohamed Ben Abdellah.

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Contacté par Challenge, l’Economiste Mehdi El Fakkir déclare: « Aujourd’hui, la question de l’eau est un défi socio-économique. Et avec ce projet de grande envergure qui a nécessité un investissement de 6 milliards de Dirhams, le Maroc apporte une réponse concrète à cette problématique. Surtout que les incidences de ce problème affectent toutes les couches de la société marocaine». Au sujet de la réalisation du projet proprement dit, l’Economiste a salué cette prouesse marocaine. «Aujourd’hui, le Maroc est entré dans le cénacle des nations qui peuvent compter sur leurs compétences locales et surtout quand on voit de nos jours ces compétences marocaines s’exporter dans d’autres régions du monde», prévient Mehdi. De son côté, l’Expert en infrastructures de Mazars nous explique que ce projet a une double dimension. «D’abord, ce gigantesque projet change la donne au niveau de l’offre de l’eau au Maroc, puisqu’il permet de récupérer une grande partie de l’eau qui devait être perdue dans la mer. Il permet de ce fait, d’assurer les fortes demandes d’eau de certaines villes comme Casa et Rabat ». Et d’ajouter: « L’autre point important, c’est bien entendu la rapidité de l’exécution du projet, vu surtout la dimension d’une telle œuvre. Toutes les équipes ont mis en place une task-force pour concrétiser ce mégaprojet en un temps record. A part l’exportation de certains matériaux, le Maroc a démontré qu’il dispose de ressources humaines sur lesquelles il peut compter ».

Le transfert de l’eau, une solution qui marche…
Selon une étude du CESE, l’Espagne connaît le plus grand taux d’aridité de l’Europe et une forte hétérogénéité climatique spatiale. La partie nord représente 11% de la superficie du pays et reçoit 40 % des ressources en eau. Le reste de la superficie (89 %) reçoit 60% des ressources en eau.   Les besoins en eau de l’Espagne sont en forte augmentation, en raison d’une urbanisation croissante, d’une agriculture intensive et d’un tourisme de masse consommant de grandes quantités d’eau.
Pour limiter ce problème, l’Espagne a déployé de grands moyens : «mobilisation des ressources en eau conventionnelles ». En effet, l’agriculture utilise 80% des ressources en eau mobilisées, contre 13% pour l’AEP (alimentation en eau potable) et 7% pour l’industrie.  Pour faire face à cela, l’Espagne s’est dotée de plusieurs barrages qui régularisent les ressources en eau des bassins et de nombreux aménagements hydrauliques ont été réalisés en milieu rural.
Par ailleurs, dans le domaine de la mobilisation des ressources en eaux non conventionnelles : «Transfert de l’eau entre le Nord et le Sud en avril 1993». Dans les détails, le gouvernement Espagnol a proposé un plan de transfert d’eau à grande échelle (concernant 4 Milliards de m3 d’eau/an) des bassins excédentaires vers les bassins déficitaires. 

 
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