Politique

Grève générale : les syndicats jubilent, le gouvernement laisse passer l’orage

Plusieurs secteurs ont été partiellement ou totalement paralysés par la grève générale des 5 et 6 février. Les syndicats se félicitent du grand succès de cette action, avec un taux de participation avoisinant les 85% au premier jour (mercredi). Le gouvernement fait le dos rond pour laisser passer l’orage.

D’après des sources syndicales, la mobilisation a été massive dans la fonction publique, avec un taux de suivi de 100% dans certains départements et établissements, comme la Santé, l’Agriculture, les Finances, la Poste et la CNSS. Dans le privé, certains secteurs ont complètement cessé de tourner, notamment le transport, la logistique et l’industrie automobile. Les banques ont été touchées de manière différenciée.

Quatre centrales syndicales ont appelé à un débrayage national de 24 heures, à savoir la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), l’Organisation démocratique du travail (ODT) et la Fédération des syndicats démocratiques (FSD).

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Quant à l’Union marocaine du Travail (UMT), grand vainqueur des dernières élections professionnelle, elle a décrété une grève de deux jours. Cette centrale est bien implantée dans le secteur privé, d’où les taux de participation élevés dans certaines branches d’activité.

La loi sur la grève au banc des accusés

Les cinq centrales syndicales ont mobilisé leurs adhérents pour protester contre le « passage en force » de la loi organique N° 97.15 fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève. La Chambre des Représentants a adopté, mercredi, en deuxième lecture ce texte, ce qui représente la dernière étape de son parcours législatif.

Dans leurs déclarations, les dirigeants syndicalistes affirment, de manière unanime, que cette législation « répressive » est en porte-à-faux avec les principes constitutionnels, les conventions internationales et les règles de l’OIT. Le gouvernement dit le contraire et estime tenir le bâton au milieu en préservant les droits des salariés et des employeurs.

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Outre ce projet de loi, les syndicats veulent exprimer leur mécontentement du blocage du dialogue social, ainsi que du non-respect par le gouvernement des engagements contenus dans l’accord du 30 avril 2022 et le procès-verbal du 30 avril 2024. D’autres dossiers, comme la flambée des prix et la dégradation du pouvoir d’achat, sont au cœur du mouvement social.

Le gouvernement accuse réception

En tant qu’artisan de la loi contestée, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, se montre totalement compréhensif en déclarant : « la grève observée par les syndicats est légitime et un droit garanti par la Constitution ».

A l’issue du Conseil de gouvernement de ce jeudi, le ministre souligne que « la relation de l’exécutif avec ses partenaires sociaux est primordiale et centrale pour le pays et c’est loin d’être conjoncturel ou une affaire de négociations ». Il salue « l’esprit patriotique chez l’ensemble des partenaires, abstraction faite de leur position au sujet de la loi sur la grève ».

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Les syndicats « n’ont pas fait la chaise vide lors des discussions de cette loi, particulièrement durant la phase de présentation des amendements », rappelle-t-il. Et de soutenir : « La majeure partie des modifications introduites par les centrales ont été acceptées car nous sommes convaincus que si cette loi n’est pas équitable, elle sera confrontée à de véritables problématiques au moment de son application ».

Le bras de fer déclenché par la loi sur la grève doit inquiéter au plus haut point et doit rappeler les principaux concernés à leurs responsabilités, d’autant que d’autres réformes plus critiques et plus douloureuses sont en tête de l’agenda du gouvernement, spécialement le système des retraites et la fusion CNOPS-CNSS.

Si les deux parties campent sur leurs positions et choisissent l’escalade à chaque fois, cela mettrait en péril la paix sociale. Pout atténuer les tensions, l’exécutif pourrait décider de mettre en veilleuse les dossiers épineux. Mais, cela risque de retarder des réformes vitales. Un dilemme cornélien dont la solution réside dans la primauté de l’intérêt général.

 
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