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Guerre commerciale: Wall Street fébrile, les Bourses européennes résistent

La politique commerciale de Donald Trump a continué à accaparer les marchés jeudi: Wall Street, le pétrole et le dollar ont été plombés par les craintes d’escalade dans la guerre commerciale entre Pékin et Washington, tandis que l’Europe a bondi après le revirement spectaculaire du président américain la veille.

Après un rebond historique, provoqué mercredi par l’annonce du président américain d’une suspension pour trois mois d’une grande partie des surtaxes à l’importation imposées le jour même à des dizaines de pays et partenaires, l’inquiétude est revenue jeudi à Wall Street.

Le Dow Jones a perdu 2,50%, l’indice Nasdaq a reculé de 4,31% et l’indice élargi S&P 500 de 3,46%.

« La journée d’hier a été assez extraordinaire et avec ce type de mouvement, il n’est pas vraiment surprenant que le marché cède une partie de ses gains », a commenté auprès de l’AFP Tom Cahill, analyste de Ventura Wealth Management.

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D’autant que « les droits de douane universels de 10% », autre pan du paquet de mesures protectionnistes de Trump, restent « toujours en vigueur » malgré le revirement de mercredi, explique Jochen Stanzl, analyste pour CMC Markets.

L’indice de volatilité Vix, surnommé indice de la peur, a bondi de plus de 50% en séance, avant de reprendre son souffle.

Surtout, la Chine fait figure d’exception dans la suspension des droits de douane américains. La Maison Blanche a même annoncé jeudi que les surtaxes visant Pékin allaient finalement atteindre un niveau vertigineux de 145%.

Pékin va de son côté réduire, « modérément », le nombre de films américains diffusés sur son territoire, une nouvelle mesure de rétorsion.

Or, ce pays « reste un marché clé » pour de nombreuses entreprises américaines, relève Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. Pour elle, « les incertitudes vont persister ».

« Le fait que tout puisse changer en un instant avec quelque chose d’aussi simple qu’un tweet ou qu’une annonce (…) c’était totalement inattendu », estime M. Cahill.

Dans ce contexte, l’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, a dépassé un nouveau record jeudi, à plus de 3.176,46 dollars l’once (31,1 g).

En revanche, signe de la perte de confiance des investisseurs dans l’économie américaine, le dollar dévisse. Le billet vert a atteint un plus bas depuis plus de dix ans par rapport au franc suisse (+3,69% à 1,2117 dollar vers 15H50 GMT), considéré comme une valeur refuge.

La monnaie américaine a également été plombée par le ralentissement de l’inflation en mars aux États-Unis plus prononcé qu’attendu, à 2,4% sur un an, selon des chiffres publiés jeudi, en raison de la baisse des prix du pétrole.

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L’or noir a nettement reculé jeudi, également lesté par la confirmation que le taux de la surtaxe américaine sur les produits chinois atteint désormais 145%.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord a perdu 3,28% à 63,33 dollars.

Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate a reculé de 3,66% à 60,07 dollars.

Contrairement à Wall Street, les Bourses européennes ont bondi, profitant de la suspension par Donald Trump des surtaxes douanières pour l’Union Européenne, après plusieurs séances de débâcle. Paris a pris 3,83%, Londres 3,04% et Francfort 4,53%. Milan a gagné 4,73%.

Elles ne rattrapent toutefois pas leurs pertes des dix derniers jours, affichant une chute comprise entre 6 et 8% depuis le 1er avril.

L’annonce du revirement du président américain avait été rendue publique après la fermeture des marchés du Vieux Continent, qui n’avaient donc pas pu l’intégrer mercredi dans les cours.

La guerre commerciale a aussi fait trembler le marché de la dette américaine.

« C’est la vente éclair de bons du Trésor américain ces derniers jours qui a finalement poussé Donald Trump à reculer sur sa stratégie commerciale », estime Ipek Ozkardeskaya.

« Je surveillais le marché des obligations », a reconnu le président américain, ajoutant avoir constaté que ses surtaxes douanières « effrayaient un peu » les investisseurs.

Le rendement des emprunts d’Etat américains à dix ans s’est tendu à 4,41% contre 4,33% la veille en clôture. Dans la nuit de mardi à mercredi, il était monté jusqu’à 4,51%.

Challenge (avec AFP)

 
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