Hausse des prix et paix sociale
A peine la tension du Covid-19 ralentie, le monde sort d’un confinement de près de deux ans pour se retrouver face à un phénomène qui va pousser d’un cran l’angoisse engendrée par l’épidémie : la hausse vertigineuse presque générale des prix des produits de consommation. Depuis décembre 2020 dans le monde, et trois mois plus tard au Maroc, un contexte de peur et de panique et une ambiance macabre s’installe partout, des morts en masse étant annoncées chaque jour par les médias dans les quatre coins du monde. Comme des taupes, on ouvrait la porte jetait un regard… les rues sont vides ; il ne manquait que les « Oiseaux » pour compléter le décor du fameux thriller d’Alfred Hitchcock… Les magasins, super et hyper-marchés sont pris d’assaut par des humains méconnaissables, masqués, terrifiés, déboussolés. On mettait les masques, portait des gants, appliquait le gel hydroalcoolique à nos mains et, une fois sur place, de gestes frénétiques, on vidait les rayons, se frayait des coudes son chemin dans des queues longues devant les caisses, tout en s’évitant les uns les autres. Et, une fois chez soi, on souffle un coup et on repart vers ces grandes surfaces, de peur de ne pas avoir eu assez de provisions…
Lire aussi | Aucune hausse pour les prix des pâtes alimentaires et couscous dans les mois prochains
Quelques mois avant Covid, des campagnes de boycott de certaines marques de produits de consommation, qui ont duré pendant près d’n an, se sont emparés des réseaux sociaux, relayées par milliers chaque jour. Certains managements ont dû faire de petites concessions, Centrale laitière baissant le coût d’un demi litre de lait de 20 centimes. Les consommateurs semblaient accepter alors une situation ubuesque. Le même produit de deux marques différentes vendu à deux prix différents, une variation de 20 centimes. « Vaine lutte », semblaient dire certains, qui y voyaient des fins douteuses, car les « vains » centimes du lait, celui qui fut dans le viseur, ne sont même pas assez pour acheter un bonbon. Bizarrement, les instigateurs des campagnes, qui luttaient pour quelques centimes et toute la population qui suivait sans se poser de questions, n’ont pas fait signe de vie aujourd’hui que les prix montent en flèche, tous azimut, du simple au triple… on ne touche plus à rien tellement ça brule. Autrefois, quand les petits poids, haricots verts, brocolis ou avocats se prenaient la tête, on n’en achetait pas, tout simplement, on était libre de nos choix, ces produits dont les prix montent parfois pour des raisons de logistique ou autres ; ça arrive partout dans le monde.
Ce dimanche après-midi, je suis allé à un super marché… hyper nickel, retapé à neuf, depuis qu’un autre hyper est venu s’installer à quelques encablures du premier. La surface a subi une transformation surprenante, entièrement métamorphosée en quelques jours, sans fermer ses portes. L’ambiance à l’intérieur était bon enfant, pour la première fois, je vois les Marocains s’adresser la parole, rigolant à chaque fois qu’ils lisent, le nez tiré vers les sourcils, pour voir plus clair, des étiquettes de prix. Une drôle de situation, celle de voir les gens, même ceux et celles qui, d’habitude, se pètent les bretelles, exprimer leur étonnement des prix trop chers, certains pris de fous rires, les visages animés, l’esprit convivial et même trop sociables… -enfin le gouvernement est parvenu à créer par cet acte idoine de hausse générale des prix qui plus est trop exagérée, une sorte d’union sociale (rien à voir avec l’Union socialiste…).
Lire aussi | Le Maroc interdit l’exportation de tomate, d’oignon et de pomme de terre vers l’Afrique de l’Ouest
Fin de courses, les clients se dirigent vers les caisses, les cadys vides ou presque, contrairement aux années Covid. Après tout, les voitures et les chariots ont ceci en commun : on ne fait plus le plein de gasoil et on ne fait plus le plein de provisions non plus.