Statistiques

HCP : l’heure de la réforme !

Dans l’un de nos articles, un économiste appelait à la réforme du HCP, réforme d’ailleurs attendue depuis des années. L’arrivée de Chakib Benmoussa à la tête de l’institution ravive l’espoir de mettre le projet sur de bons rails.

C’était en octobre 2021, à l’occasion de son discours au Parlement pour l’ouverture de la 1ère session de la 1ère année législative de la 11ème législature, que le Souverain avait appelé à “une refonte substantielle du Haut-Commissariat au Plan dans la perspective d’en faire un mécanisme d’aide à la coordination stratégique des politiques de développement et d’accompagnement de la mise en œuvre du modèle de développement”.

Lire aussi | Benmoussa à la tête du HCP

Depuis cette date, le projet de réforme du HCP a été comme une épée de Damoclès sur la tête de l’institution de statistique nationale. Par ailleurs, il est bon de rappeler que cette idée avait également été suggérée par la commission sur le Nouveau Modèle de Développement, dont Chakib Benmoussa était justement le chef d’orchestre, qui évoquait que le système statistique national avait besoin d’innovation afin de mieux exploiter les données. Si depuis 2005, la crédibilité du HCP est confortée par son admission à la norme spéciale de la diffusion des données du FMI, la réforme instruite par le souverain s’avère être une nécessité impérieuse. « Une réforme qui pourrait très bientôt, bien sûr, donner un profil extrêmement pointu à cette institution qui, d’ores et déjà, est bien spécialisée, parce qu’à l’intérieur du HCP, il y a des experts, il y a des économistes, des statisticiens, des économètres, des anthropologues, etc. Mais je pense qu’aujourd’hui, avec M. Chakib Benmoussa, l’initiative lui reviendra pour donner un nouvel élan et un nouveau souffle à cette belle institution qui s’appelle le Haut-Commissariat au Plan », nous confie l’économiste Driss Aissaoui.

La fin d’un chapitre…
« Le Haut-Commissariat au Plan est une institution extrêmement importante. C’est une institution qui a permis au Maroc de mettre au point tout un dispositif d’analyse et de suivi de la conjoncture, et ça, bien entendu, il faut rendre hommage à celui qui l’a initié. C’est Ahmed El Halimi qui, aujourd’hui, a pris une retraite bien méritée et qui est allé très probablement un peu plus loin qu’il n’était attendu », éclaire l’économiste, et de poursuivre : « Avec l’arrivée de M. El Halimi, je pense que le Maroc a pu mettre en place un dispositif qui lui est propre et qui permet aujourd’hui de disposer de statistiques reconnues internationalement.

Lire aussi | Abdelghani Youmni: «Les critiques de l’OCDE à l’encontre du HCP doivent être relativisées»

Et le dernier chantier sur lequel M. El Halimi a bien travaillé, c’est celui du recensement de 2024, un recensement fait de manière très professionnelle, et je pense que les premiers résultats, les premières tabulations existent déjà au niveau du HCP. » Il faut d’ailleurs rappeler que plusieurs économistes avaient également, depuis quelques années, appelé à la réforme de l’institution. « Ils sont nombreux, ces économistes, qui avaient émis le vœu de la réforme, pour une quiétude meilleure. Cette transformation en cours ne doit pas empêcher les universités, les syndicats, les associations professionnelles… de créer leurs systèmes statistiques et d’entreprendre des études et enquêtes pour leurs propres besoins (l’essentiel est que les méthodologies adoptées soient scientifiques et publiées) ; nous confie l’économiste Ahmed Azirar. De son côté, l’économiste Aissaoui a cependant mis le curseur sur les impacts de ce changement sur la structure organique de l’institution. « Il y a des têtes qui vont tomber, il y a ceux qui ne vont pas accepter ce changement, il y a ceux qui appelleront, mais n’oublions jamais que le Haut-Commissariat au Plan est une institution qui rassemble l’essentiel et le maximum de ressources humaines extrêmement compétentes. Les gens qui sont à l’intérieur ne sont pas de simples fonctionnaires, ce sont des militants du développement et ils agissent dans ce sens-là. Il faut juste aller sur le site du HCP pour voir un peu les publications qui sont dedans », martèle l’économiste. Par ailleurs, ce dernier a également insisté sur le caractère indépendant du HCP. « Le HCP a toujours fonctionné en tant qu’institution indépendante. Et je pense que M. Chakib Benmoussa est très conscient de cette situation. Il doit être capable, justement, de pousser les mécaniques dans le sens d’une amélioration, modernisation, activation de tous les mécanismes importants qui peuvent apporter un sang nouveau au suivi de la conjoncture socio-économique dans ce pays. Moi, personnellement, je lui souhaite tout le succès et la réussite au niveau de son travail. J’attends également que cette institution puisse réellement jouer pleinement son rôle avec ce nouveau locataire. »

Le clou OCDE !
C’était il y a à peine deux mois qu’un rapport analysant la situation économique du Maroc avait dans sa trame dédié tout un pan de critique au HCP. Intitulé « Études économiques de l’OCDE : Maroc 2024 », le document de 161 pages, publié le 11 septembre, expliquait le manque de recherches auprès des ménages et sur les investissements publics. « Le manque de statistiques et de données exhaustives, au temps opportun et de qualité, constitue un obstacle majeur à l’efficacité de l’élaboration des politiques publiques au Maroc. Des indicateurs fondamentaux de comptabilité nationale et un large éventail de statistiques sont publiés. Ces informations présentent cependant de nombreuses lacunes en termes de couverture et d’actualité.

Lire aussi | OCDE : la méthode PISA n’est pas du goût du HCP !

Il manque souvent des informations méthodologiques. Les informations statistiques sont publiées par divers organismes publics et il n’existe pas de plateforme en ligne unique de diffusion des données », lit-on dans le dit rapport. Selon l’OCDE, les quelques enquêtes disponibles datent de 2014. Le Haut-Commissariat au Plan, qui est un organisme de statistique indépendant, n’aurait donc pas effectué d’enquête au cours de ces dernières années, ou du moins ne les aurait pas rendues publiques. Comme dans un certain pays en Occident, les analyses de cette institution montrent encore une fois qu’elles ont de l’écho. Rappelons qu’avec son rapport « PISA », elle a été à la base de nombreuses réformes au sein du secteur de l’éducation française.

 
Article précédent

Cinq choses à savoir sur l’exécution de la Loi de finances à fin septembre

Article suivant

Ceci est l'article le plus récent.