Investissement

IDE : les premiers fruits de la charte d’investissement

Après avoir traversé des périodes à la tendance baissière, le Maroc redresse la barre grâce à des projets stratégiques dans divers secteurs.

Depuis quelque temps, l’économie marocaine a été frappée par un recul significatif des investissements directs étrangers (IDE). Nouvelle charte de l’investissement, roadshows sur les différents continents… En 2023, le gouvernement marocain n’a pas ménagé ses efforts pour faire du Maroc une terre d’investissements, attirant divers opérateurs étrangers dans des domaines aussi variés que l’énergie, l’industrie ou encore la technologie. Les chiffres récents témoignent des résultats de ces efforts. Le Maroc a atteint un record de 16,1 milliards de dirhams (1,6 milliard de dollars) d’IDE en 2024, marquant une hausse de près de 20 % par rapport à l’année précédente. Lors d’un point de presse, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a qualifié cette augmentation de « deuxième plus élevée » de l’histoire du pays, précisant que cela résulte des réformes gouvernementales concernant la charte de l’investissement et l’amélioration du climat des affaires.

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Rappelons que ces dernières années, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures incitatives pour attirer les investissements étrangers, combinant incitations fiscales, infrastructures modernes et soutien sectoriel. Depuis mars 2023, la CNI a approuvé 115 projets totalisant 173 milliards de dirhams, permettant la création de 96 000 emplois, dont 82 % ont déjà démarré, selon Mustapha Baitas.

Une doctrine d’investissement

Depuis les années 2000, le Maroc a connu une transformation économique fulgurante et singulière sur le continent, grâce à d’importants investissements dans ses infrastructures, notamment autoroutières, ferroviaires, aéroportuaires et portuaires. Le pays a également mis en place des stratégies sectorielles dans des domaines comme l’industrie (automobile, aéronautique), le tourisme, l’agriculture, l’offshoring et les énergies renouvelables. De plus, son ouverture commerciale, renforcée par plus de 50 accords de libre-échange, a permis au PIB du Royaume de plus que doubler entre 2000 et 2019, dépassant ainsi les 1 000 milliards de dirhams (plus de 100 milliards d’euros). Cependant, le rythme de croissance a progressivement ralenti, passant d’une moyenne annuelle de 4,8 % entre 2000 et 2009 à 3,5 % entre 2010 et 2019. Ce ralentissement est paradoxal, compte tenu de l’effort d’investissement du pays, qui représente 32,2 % de son PIB, l’un des taux les plus élevés au monde, aux côtés de la Chine et de l’Inde, selon la Banque mondiale. Ce fléchissement a eu un impact direct sur le marché de l’emploi : « chaque point de croissance générait moins de 21 000 emplois entre 2010 et 2019, contre plus de 30 000 entre 2000 et 2009 », selon un rapport de la banque centrale.

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Face à cette situation, la nécessité de repenser le « modèle de développement » est devenue incontournable. « Si le Maroc a enregistré des progrès significatifs mondialement reconnus, son modèle de développement national n’est plus en mesure de répondre aux attentes croissantes des citoyens, de réduire les inégalités et de garantir la justice sociale », déclarait le roi Mohammed VI en 2017. En réponse, une commission spéciale, présidée par Chakib Benmoussa, a esquissé les grandes lignes d’un nouveau modèle de développement. Parmi ses recommandations, l’accent est mis sur une meilleure répartition des investissements vers des secteurs productifs et une implication accrue du secteur privé, avec pour objectif de porter la part de l’investissement privé de 35 % à 65 %. Le souverain a ainsi fixé un nouvel objectif au gouvernement en octobre 2022 : mobiliser 550 milliards de dirhams (50 milliards d’euros) d’investissements et créer 500 000 emplois entre 2022 et 2026. C’est dans ce sens que le gouvernement d’Aziz Akhannouch a adopté une nouvelle charte des investissements, visant à positionner le Maroc comme un hub continental et international attractif.

Contacté par Challenge pour éclairer cette question, l’économiste Mehdi Lahlou explique : « On peut déduire que les différentes actions de la charte de l’investissement ont eu un effet d’entraînement qui a relancé les IDE ». Il ajoute qu’« il y a également la conjoncture des projets, notamment la LGV, la Coupe du Monde 2023 et la Coupe d’Afrique, qui ont, dans une certaine mesure, contribué à cette reprise des IDE ».

De son côté, l’économiste Mehdi Fakir estime qu’il est encore trop tôt pour mesurer pleinement les fruits de la charte d’investissement. Toutefois, il invite à réfléchir sur les impacts qualitatifs des IDE, notamment leur influence directe sur la réduction du chômage.

Les États-Unis, premier investisseur

Selon le dernier rapport de l’AMDIE, « les États-Unis sont devenus le premier investisseur au Maroc, avec un flux net multiplié par 10 par rapport à 2021, atteignant 7,4 milliards de dirhams et représentant 34,1 % du total des IDE reçus par le Maroc ». Cette performance est notamment le fruit de l’opération réalisée par le groupe OCP avec l’américain Koch Ag & Energy Solutions à la mi-2022 : le groupe OCP a cédé 50 % de JFC III pour 3 milliards de dirhams, en plus d’une avance de près de 2 milliards de dirhams accordée à la joint-venture par la maison-mère du géant américain. Il est important de noter que cinq pays (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Émirats arabes unis, Pays-Bas) représentent 81 % du total des flux nets des IDE au Maroc en 2022.

 
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