Investir dans l’oléiculture en France : Quel coût pour les investisseurs marocains
Les Marocains souhaitant investir dans l’oléiculture en France devront débourser 350.000 euros pour une plantation de 10 Ha. Yannick Masmondet nous dévoile le détail de son offre aux investisseurs marocains.
C’est désormais officiel, il faut compter 350.000 euros d’investissement pour une plantation de 10 hectares d’oliviers. Le budget comprend l’acquisition des terres, les travaux de préparation du sol, les plants, les travaux de plantations et de palissage et le financement des charges directes et indirectes des deux premières années suivant la plantation des oliviers, période durant laquelle il n’y a pas encore de production. Alors qu’un hectare de vigne vaut entre 8.000 et 10.000 euros, en exploitation oléicole, il passe à 35.000 euros.
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Le chiffre d’affaires visé pour une exploitation de 10 ha au terme des 5 années, suivant la plantation des oliviers, s’élève, quant à lui, à 140.000 euros. Cela représente un volume d’huile d’olive de 1 400 L à un prix de vente de 10 euros le litre et un rendement de 8.000 kg d’olive/ha. C’est ce qui ressort du business plan établi par Yannick Masmondet pour les investisseurs souhaitant investir dans l’oléiculture. Cet ancien viticulteur bordelais, à l’origine du projet, gère aujourd’hui un domaine viticole sur Carcassonne qu’il restructure en oliveraies. Un projet qui s’étend sur tout le bassin méditerranéen français, la vallée du Rhône et la façade atlantique Gers, Gironde et Charente avec pour objectif 3 moulins pouvant traiter 2000 hectares chacun. Les travaux pour les plantations sont lancés officiellement.
Sur un autre volet, son expérience au Maroc où il a travaillé pendant 8 ans dans le secteur oléicole, lui a permis d’acquérir des compétences techniques et avoir des contacts auprès des investisseurs. Il vient d’ailleurs d’être nommé par l’Union africaine des ONG de Développement, UAOD-FRANCE directeur du réseau Agriculture, Pêche maritime et Développement rural. Il vient aussi de conclure un partenariat avec MIIMOSA, une société de crowdfunding agricole qui offre des financements tant pour les agriculteurs que pour les investisseurs.
Du côté Maroc, Masmondet travaille en étroite collaboration avec une association franco-marocaine sous l’égide du Consul à Strasbourg, afin d’accompagner le dossier et diriger des personnes de la diaspora marocaine présents en France qui souhaitent investir sur des projets à valeur ajoutée. «Ce qui permettra de drainer par la suite à travers cette association des investisseurs marocains qui pourraient passer par eux pour investir», précise l’expert français. D’ailleurs, une première réunion avec la Chambre d’agriculture de Meknès a déjà eu lieu afin de discuter plus amplement du sujet et présenter le projet aux agriculteurs Marocains souhaitant investir en France. Pour en revenir au projet, «l’objectif est d’étendre à terme les plantations sur 2000 hectares entre la Gironde et l’Hérault en passant par le Tarn, l’Aude et les Pyrénées Orientales permettant d’atteindre une production d’olives conduisant à l’élaboration d’environ 2 millions de litres d’huile d’olive », précise Yannick Masmondet.
Pour rappel, l’oléiculture biologique mondiale suit une croissance similaire au développement de l’agriculture biologique générale. Ainsi, les superficies ont augmenté de 178 % en 11 ans et seulement 10% des oliveraies mondiales sont en culture biologique.
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La majorité des oliveraies menées en culture biologique est située sur le pourtour méditerranéen, et la France est le pays dont la part des surfaces d’oliveraies menées en culture biologique est la plus importante (plus de 30%). La consommation d’huile d’olive en France est en augmentation chaque année, cependant le marché français de l’huile d’olive est principalement approvisionné par les importations. Actuellement, les grands groupes industriels connaissent des difficultés d’approvisionnement, et s’intéressent de plus en plus à la production oléicole française. Ajouté à cela, dans le cadre d’un marché du vin qui est aujourd’hui en déclin, les viticulteurs ont plus que jamais besoin de diversifier leur production (souvent en monoculture) et d’aller vers un système de polyculture auquel la culture oléicole pourrait être une solution, notamment dans le Sud de la France où le climat s’y prête parfaitement. Le but de ce projet, est donc de proposer aux grands groupes industriels une huile d’olive bio produite en France et aux viticulteurs la possibilité de diversifier leur culture, mais aussi de mieux valoriser leurs terres.
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«L’objectif n’est pas de rentrer en concurrence avec les producteurs locaux dont la conduite culturale et la commercialisation sont totalement différentes. Le mode de production de l’olive sera semblable à celui de la vigne avec un montage en espalier. Les oliviers seront exploités en agriculture biologique», précise Masmondet. La 1ère partie des plantations se fera sur des terres où l’accès à l’eau est présent afin de pouvoir bénéficier de l’irrigation. Ensuite, l’implantation pourra se faire sur des terres plus arides.