Israël bombarde la bande de Gaza du nord au sud malgré les appels au cessez-le-feu
Des bombardements aériens et des tirs d’artillerie ont visé mardi la bande de Gaza du nord au sud, où Israël poursuit sans répit son offensive contre le Hamas après l’annonce de la mort de quatre otages tués dans le territoire palestinien.
Malgré les appels au cessez-le-feu venus du monde entier, les exigences contradictoires des deux camps semblent vouer à l’échec un plan présenté vendredi par le président américain, Joe Biden, après bientôt huit mois de guerre.
Israël a promis d’éliminer le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza et auteur le 7 octobre d’une attaque sanglante sur son sol, tandis que le mouvement islamiste palestinien exige un cessez-le-feu total.
Près d’un mois après le début d’une offensive terrestre sur Rafah, une ville frontalière avec l’Egypte dans le sud du territoire, présentée par Israël comme l’étape finale de sa guerre contre le Hamas, les combats ont repris à travers la bande de Gaza.
Mardi, des frappes aériennes ont visé l’est et le centre de Rafah, selon des témoins et un responsable local. Un témoin a signalé des tirs d’artillerie à Khan Younès, une ville en ruines à quelques kilomètres de Rafah.
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Des bombardements meurtriers ont frappé la ville de Gaza, dans le nord, et le camp palestinien de Bureij, dans le centre du territoire. A Deir el-Balah, toujours dans le centre, huit policiers ont été tués, selon le service de presse du Hamas.
L’armée a annoncé que son aviation avait frappé la veille « 65 cibles terroristes ».
Le plan présenté par Joe Biden, proposé selon lui par Israël, prévoit un cessez-le-feu de six semaines accompagné d’un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages, notamment des femmes et des malades, et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.
Ce plan vise à établir un cessez-le-feu « permanent » dans une phase ultérieure, à condition que le Hamas « respecte ses engagements », selon M. Biden.
Mais le Qatar, qui joue le rôle de médiateur, a dit mardi attendre « une position claire » d’Israël, qui a semblé prendre ses distances avec ce plan.
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Sous une très forte pression de son opinion publique et de ses alliés d’extrême droite, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réaffirmé, après l’annonce du plan, son intention de « détruire » le Hamas et d’obtenir la libération de « tous les otages » enlevés le 7 octobre, avant un cessez-le-feu.
Israël, encore traumatisé, a appris lundi la mort de quatre otages enlevés dans des kibboutz du sud du pays, probablement tués pendant les combats dans le secteur de Khan Younès et dont les corps sont toujours aux mains du Hamas, selon l’armée.
Lundi, des centaines de manifestants rassemblés à Tel-Aviv ont accusé le gouvernement d’avoir « abandonné » les otages. « Le sang est sur chacun d’entre eux, ce sont des personnes qui auraient pu rentrer chez elles vivantes, et non dans des cercueils », a lancé Yifat Kalderon, une cousine de l’otage Ofer Kalderon.
« J’exhorte toutes les parties à aboutir immédiatement à un accord pour parvenir à un cessez-le-feu et libérer les otages. Il n’y a pas d’alternative: tout retard coûte chaque jour des vies », a déclaré mardi l’émissaire de l’ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland.
La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent du 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.194 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur les 251 personnes emmenées comme otages, 120 sont toujours détenues à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l’armée israélienne.
En représailles, Israël a déclaré la guerre au Hamas, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne.
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Son armée a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait jusqu’ici 36.550 morts, dont 71 en 24 heures, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Après plusieurs mois d’offensive au sol, les forces israéliennes sont entrées le 7 mai à Rafah, poussant un million de personnes à fuir, et ont pris depuis le contrôle de secteurs stratégiques, comme le passage frontalier de Rafah avec l’Egypte et le couloir de Philadelphie, une route qui borde la frontière du côté palestinien.
Mais au fil des semaines, des combats ont repris dans plusieurs secteurs du nord et du centre de la bande de Gaza, que l’armée avait pourtant assuré contrôler, témoignant d’un « échec » de la stratégie israélienne, souligne Michael Milshtein, spécialiste des questions palestiniennes à l’Université de Tel-Aviv.
« Depuis janvier ou février, Israël a suivi une stratégie d’opérations très précises, limitées, au lieu de rester sur tout le territoire », a expliqué ce chercheur. « Cette stratégie a échoué », a-t-il ajouté.
Aggravant la crise humanitaire dans le territoire assiégé, l’offensive sur Rafah a entraîné la fermeture du passage avec l’Egypte, crucial pour l’entrée de l’aide internationale.
L’ONG Oxfam a dénoncé mardi les conditions sanitaires « épouvantables » dans la zone d’Al-Mawasi, près de Khan Younès, où sont réfugiés des centaines de milliers de Palestiniens qui ne disposent en moyenne que d’un WC pour 4.000 personnes.
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« Il n’y a pas d’eau propre, les gens sont forcés d’utiliser l’eau de mer », décrit Meera, une employée d’Oxfam réfugiée à Al-Mawasi.
Alors que « 1,7 million d’habitants sont désormais concentrés sur moins d’un cinquième de la bande de Gaza », les bombardements israéliens et les blocages « délibérés » « rendent pratiquement impossible » l’accès aux civils « pris au piège et affamés », dénonce Oxfam.
Dans le nord d’Israël, les pompiers et l’armée tentent pendant ce temps de maîtriser des feux de forêts apparus après des tirs de roquettes depuis le Liban, dans la zone frontalière où les échanges de tirs sont presque quotidiens entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, en marge de la guerre à Gaza.
Challenge (avec AFP)