Economie

La BAD et le Maroc, une longue histoire marquée du sceau de la confiance

Depuis presque un demi-siècle, le Maroc et la BAD ont une coopération très dynamique. En décembre 2022, depuis Tanger, son président sortant avait plébiscité le modèle de développement marocain. D’Omar Kabbaj à aujourd’hui, la BAD et le Maroc, c’est une histoire d’amitié.

« Personnellement, j’aime venir à Tanger. Le port de Tanger est une infrastructure de classe mondiale. Il est entouré d’immenses zones industrielles qui alimentent l’économie du Maroc dans les domaines de l’électronique, de la construction automobile et de la fabrication de pièces d’avions Airbus. Tanger illustre ce qu’est le Maroc : un pays qui avance ! », avait déclaré le président de la BAD, lors de la 16e reconstitution du Fonds africain de développement (FAD) en décembre 2022 à Tanger.

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La BAD au Maroc, c’est en effet une histoire bancaire de développement. En poursuivant ses cinq grandes priorités, dites « High 5 » : « Éclairer l’Afrique », « Industrialiser l’Afrique », « Intégrer l’Afrique », « Nourrir l’Afrique » et « Améliorer la qualité de vie des Africains », la Banque panafricaine a accompagné le Maroc dans la réalisation de plusieurs projets d’envergure. Selon l’économiste Mehdi Fakkir, « la banque a financé près de 170 opérations pour un montant de 11 milliards de dollars ». « Fort d’une coopération historique, le Maroc a toujours été un collaborateur clé de la Banque Africaine de Développement ». Et d’ajouter : « La BAD, dans son action, a accompagné le Maroc dans plusieurs projets de développement ».

Entre autres, ces financements couvrent différents secteurs, dont l’énergie et les mines, l’eau, les transports, l’agriculture, le secteur financier, le développement social… ainsi que l’appui aux réformes majeures, notamment dans l’éducation et la santé. Et il faut préciser que 84 % des opérations de la banque sont dédiées aux infrastructures de base de différents secteurs, à savoir l’énergie, les transports, l’eau et assainissement, et notamment l’agriculture.

La contribution de l’établissement est d’ailleurs omniprésente dans l’application du « Plan Maroc Vert », ce qui a permis d’attirer plus d’un milliard de dirhams d’investissements privés dans les contrats-programmes filières. Dans le secteur des transports, la BAD a également contribué au financement des grands projets, comme celui de la modernisation de l’aéroport de Marrakech-Menara afin qu’il puisse désormais accueillir 3 millions de passagers supplémentaires pour un total annuel de 9 millions. Sans oublier le dédoublement des voies ferroviaires entre Marrakech et Casablanca. La BAD a aussi soutenu la modernisation et l’extension de l’aéroport Mohammed V de Casablanca.

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Dans le secteur de l’énergie, la success story du programme d’électrification rurale global (PERG) a bénéficié à près de 13 millions d’habitants. L’appui de la Banque a couvert près de 3 300 villages, soit environ 500 000 habitants qui ont été raccordés au réseau national d’électricité. En seulement 20 ans, ce projet a permis de porter le taux d’électrification en milieu rural à plus de 99 % en 2018, alors qu’il n’était que de 18 % en 1995. La Banque Africaine de Développement a aussi contribué au financement du complexe solaire Noor, qui a permis d’accroître la capacité de production de source solaire de 580 MW.

Par ailleurs, au-delà des infrastructures, la Banque est également intervenue dans le secteur social, en l’occurrence l’éducation et la santé, contribuant ainsi à l’amélioration des indicateurs de développement humain et, partant, à celle des conditions de vie de la population des zones les plus reculées. D’autre part, au-delà des faits illustrant la bonne santé de ce partenariat, il faut quand même rappeler que tout est fait pour entretenir ce climat. « Le lien entre le Maroc et la BAD est solide, continu et présente des perspectives toujours intéressantes. C’est un partenariat gagnant-gagnant. La banque fructifie ses ressources de manière sûre et rentable envers un pays dynamique. Lequel Maroc présente à financement des projets utiles, correspondant à la charte de cette banque, particulièrement dans les secteurs prioritaires au développement, dont les infrastructures, le social et le développement territorial », nous confie l’économiste Ahmed Azirar. Nous apprenons d’une source anonyme exerçant à la BAD que « le Maroc a toujours répondu présent à chaque fois qu’il a été sollicité par l’institution. Soit pour contribuer aux augmentations de capital, soit pour soutenir les stratégies et les visions qui sont élaborées par les différents présidents qui se sont succédé à la tête de l’institution ». On se rappelle d’ailleurs la mission sauvetage de Omar Kabbaj, qui avait permis à l’institution de retrouver son triple A.

Stratégie 2024-2033… l’héritage d’Adesina

Bien qu’il soit sur le départ, Akinwumi Adesina, le charismatique président de la BAD, et ses équipes ont récemment dévoilé la nouvelle stratégie décennale de la BAD. « J’ai le plaisir de partager avec vous la nouvelle Stratégie décennale 2024-2033 du Groupe de la Banque africaine de développement. L’élaboration de cette stratégie, qui envisage une « Afrique prospère, inclusive, résiliente et intégrée », intervient à un moment historique pour la Banque, qui célèbre son 60e anniversaire. La mission que le Groupe de la Banque s’est donnée il y a 60 ans reste au cœur de sa vision, de ses projets et de l’impact de ses opérations dans les 54 pays membres. Au cours des années écoulées, des leçons ont été tirées et adoptées pour répondre de manière plus stratégique et plus rapide, ainsi que pour produire un impact à plus grande échelle », lit-on dans le rapport de présentation de la stratégie.

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Dans le texte que Challenge a pu consulter, la formule retenue est la suivante : « La Banque continuera à soutenir la transition nette zéro de l’Afrique au cours de laquelle le gaz naturel est une ressource pertinente pour l’industrialisation du continent, en particulier pour les secteurs industriels plus difficiles à réduire, s’il est utilisé conformément à l’objectif de 1,5 °C de l’accord de Paris (…). La Banque soutiendra l’accélération des investissements dans les énergies renouvelables et le développement d’alternatives durables au gaz naturel pour l’industrialisation et la sécurité énergétique. » Pour le reste, la nouvelle stratégie décennale ne contient pas de grands bouleversements et reprend essentiellement la stratégie que le Nigérian avait mise en place à son arrivée, les « High 5 » : éclairer et fournir de l’énergie à l’Afrique, nourrir l’Afrique, industrialiser l’Afrique, intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains. En clair, les cinq priorités de développement auxquelles s’est attachée l’institution ces neuf dernières années restent les mêmes, « mais avec des objectifs plus ambitieux et renouvelés ». En parallèle, cette stratégie se penche également sur : la promotion de l’égalité de genre, la qualité de vie des jeunes, le soutien à l’adaptation au changement climatique, le renforcement de la gouvernance, notamment économique, ainsi que « la résolution des problèmes transfrontaliers et la réduction de l’isolement des régions enclavées et éloignées ». Enfin, toujours selon le document, pendant les dix prochaines années « le secteur privé sera au cœur des activités de la Banque ».

« Un organisme financier régional important »

Inscrit dans un développement tous azimuts, le modèle marocain a de l’aura auprès des cercles financiers. Pour l’économiste Azirar, « La BAD s’est avérée être un organisme financier régional important. Elle a certes connu des turbulences, qui semblent aujourd’hui dépassées. Elle agit dans toute l’Afrique, du nord au sud, avec émergence au top des économies dynamiques, dont le Maroc, qui caracole au sommet depuis des années. L’intérêt à venir est de financer l’eau, les énergies, le capital humain, l’industrie et le digital, tant ces secteurs sont cruciaux pour le développement du Royaume. Les projets des territoires décentralisés méritent aussi plus de soutien. L’effet de levier que jouent les financements de la BAD est à souligner, en particulier pour des projets coûteux ». De son côté, Mehdi Fakkir revient également sur l’apport de la banque dans la problématique de l’eau qui pèse sur le Maroc. « Le Maroc, depuis quelque temps, a impulsé un programme de 115 milliards de dirhams pour faire face au stress hydrique, et je suis convaincu que l’institution panafricaine sera aux côtés du Maroc dans ce chantier. »

Situation du portefeuille du Groupe de la Banque

Le portefeuille actif de la Banque au Maroc est composé de 25 opérations, dont 15 prêts et 10 dons pour des engagements nets s’élevant à environ 1,7 milliard d’euros. Le secteur des infrastructures (transports, énergie et mines, eau et assainissement, irrigation) continue d’occuper une place prépondérante dans le portefeuille (17 opérations et 86,5 % des engagements), suivi de la gouvernance ou multi-secteur (4 opérations et 13,5 % des engagements) et du secteur social (1 opération, 0,1 % des engagements).

 
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