La démocratie peut être une «arme de construction massive»
Face au vote du Parlement européen à l’encontre du Royaume du Maroc, pour « manque de respect des droits humains », l’indifférence peut être une réponse à cette institution sans pouvoir réel. L’indifférence n’est pas synonyme de passivité. Au contraire, elle peut être un choix politique conscient et actif. Elle peut même être nécessaire, lorsque l’«autre» souffre de « cécité et de surdité idéologiques ».
La démocratie n’est pas du « prêt à porter ». Elle s’enracine d’abord localement tout en se nourrissant universellement. De même, sa construction n’a jamais été linéaire. Il n’existe pas de modèle unique. Et ce n’est pas un processus irréversible. Elle peut même être exploitée formellement pour mieux habiller un système autoritaire. Toutes les tentatives ou pressions externes en vue d’imposer un modèle standard de démocratie ont échoué. Dans certains cas, elles ont même contribué objectivement à des évolutions négatives. C’est l’histoire contemporaine qui le dit. Les cas les plus connus sont ceux de l’Irak et de l’Afghanistan.
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Par ailleurs, l’instrumentation de la démocratie à des fins autoritaires n’est pas seulement locale. Elle peut aussi être internationale. Là aussi nombreux sont les exemples où la question des droits humains a servi à des calculs d’intérêts bien évidents et à l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats orientés vers des choix authentiquement souverains. Un regard critique et lucide de l’état de l’ONU, surtout pendant la crise sanitaire mondiale, permet de prendre conscience de cette réalité internationale régie avant tout par des rapports de force. Dans ce contexte de crise, face à une menace commune, les Etats ont, en général, préféré le chacun pour soi.
Au Sud de la Méditerranée, les facteurs d’instabilité se multiplient. L’affaire du Sahara, au sud du Maroc, qui aura bientôt 50 ans, divise les Etats de cette région, en particulier le Maroc et l’Algérie, deux pays pouvant devenir les locomotives principales d’une intégration régionale, bénéfique aux peuples, et meilleure garantie de stabilité et de paix pour toute la Méditerranée. L’Algérie s’embourbe. Pour le moment, elle « respire » grâce à la hausse des prix du pétrole et du gaz. Mais c’est une situation provisoire. Ce pays est structurellement dans l’impasse. Gouverner en achetant la paix sociale tout en cultivant la peur/terreur, ne peut mener qu’au chaos. Le pouvoir conquis par la force ne peut durer que par la force et périr par la force.
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Le Maroc, dès le début du 21ème siècle, a choisi la voie de la réconciliation. Une action quasi avortée ou freinée par les attentats terroristes du 16 mai 2003, mais qui a relativement repris avec la Constitution de 2011, pour entrer en hibernation avec les « frères charlatans ». Puis vint, en 2021, le tour d’un gouvernement dirigé par un Businessman. Le processus démocratique entamé au Maroc n’est pas linéaire. Les acquis sont le fruit des luttes politiques et sociales locales. Dans ce processus, les Marocains n’ont pas besoin de leçons ni d’appui paternaliste. La réalité du Maroc mérite d’être mieux connue. C’est le rôle permanent des professionnels de la diplomatie, mais c’est aussi le rôle des institutions clés du Royaume telles que le Parlement, le Conseil national des droits de l’homme, les partis politiques et les acteurs de la société civile. C’est un front à ne pas sous-estimer.