Lamia Tazi: «La réussite d’une femme en entreprise doit être basée sur ses compétences et ses mérites, et non sur son genre»

À l’occasion du 8 mars, Challenge donne la parole à dix femmes d’exception qui façonnent l’économie marocaine. À la tête d’entreprises, de départements stratégiques ou de projets innovants, elles incarnent leadership, résilience et vision. À travers leurs parcours inspirants, ces managers prouvent que la réussite n’a ni genre ni limite. Découvrez leurs histoires, leurs défis et leur impact dans un paysage économique en pleine mutation.
Pour moi, la méritocratie passe avant tout. La réussite d’une femme en entreprise doit être basée sur ses compétences et ses mérites, et non sur son genre. C’est pourquoi il faut créer un environnement de travail où les opportunités sont égales pour tous, indépendamment du sexe. Et c’est ce que nous essayons de faire chaque jour au sein de Sothema. Sur le plan institutionnel, la loi 19-20 publiée en 2021 avait institué le quota de 30% des femmes dans les organes de gouvernance des entreprises cotées, un taux qui devra être porté à 40% en 2027. Cette mesure est salutaire, dans le sens où elle renforce la représentativité des femmes dans les organes suprêmes des entreprises. Cela dit, il y a encore du chemin à faire concernant la présidence de ces organes par des femmes. Jusqu’à aujourd’hui, je suis encore la seule femme présidant le Conseil d’administration d’une entreprise cotée. J’insiste sur l’importance du soutien des familles, des entreprises et des pouvoirs publics pour favoriser l’épanouissement des femmes en tant que leaders.
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Les pratiques managériales
Une citation de Blaise Pascal, que Feu Sa Majesté Hassan II ressassait dans ses interviews me semble bien répondre à cette question : le style, c’est l’homme. J’ajouterai que le style, c’est aussi la femme. Je pense que cette question devient un peu clichée de nos jours, car le style de management ne varie pas seulement en raison du genre, mais aussi en raison des spécificités économiques de l’entreprise, du contexte socio-culturel dans lequel elle évolue, de la nature des défis à gérer, de la personnalité du manager, de son éducation et de son expérience. A mon avis, les pratiques managériales qui doivent être mises en avant de nos jours, sont celles qui valorisent la communication ouverte, des relations de travail harmonieuses et une prise de décision participative. Les entreprises modernes reconnaissent de plus en plus la valeur de la diversité des styles de leadership et encouragent un management inclusif qui valorise les forces de chacun.
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Accès aux postes de haute responsabilité
Au Maroc, le nombre de femmes ayant brisé le plafond de verre est en constante progression. Ces modèles de réussite ont d’abord compté sur elles-mêmes. Je pense que le premier défi auquel la femme est confrontée pour accéder à des postes de responsabilité est celui de la confiance en elle. Cette confiance qui reste déterminante pour sa réussite s’acquiert avec le temps et l’expérience et aussi grâce au soutien dont elle peut bénéficier au début de sa carrière, un soutien crucial que peut lui apporter l’homme, qu’il soit un père, un mari, un frère, un fils ou un ami. Le Maroc a fait des progrès significatifs en matière d’égalité des sexes, et de nombreuses initiatives sont en cours pour surmonter ces défis. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir pour assurer une égalité réelle des chances pour les femmes marocaines dans les postes de haute responsabilité.