Le calumet de la paix ….. sociale
« Fumons paisiblement notre calumet de la paix » et restaurons patiemment cette confiance en nous-mêmes et avec le monde qui nous entoure.
La récente amnistie royale qui a bénéficié à 4 831 personnes condamnées, poursuivies ou recherchées dans des affaires liées à la culture de cannabis, devrait être située dans un cadre plus global pour être mieux comprise. Cela a commencé avec la création d’un nouveau pôle industriel au nord du Maroc. Le choix de la ville de Tanger, historiquement connue comme une « ville internationale », a été très pertinent, de par son emplacement géostratégique. Une zone séparée de quelques kilomètres de l’Europe, premier client du Royaume, et qui fait jonction avec le continent Africain.
Auparavant, cette zone était connue à travers les médias internationaux, principalement comme étant un espace des flux migratoires irréguliers ou de trafic de contrebande, illustré par les « femmes-mulets » transportant sur leur dos des sacs bourrés de pacotilles venues du nord pour alimenter les circuits informels de distribution, étouffant ainsi l’économie locale. Le trafic de dérivés de cannabis à usage de drogue avait aussi sa « place d’honneur ». Il a fallu une volonté politique ferme et décisive pour entamer un processus profond de transformation socioéconomique. Aujourd’hui, les résultats sont là. Cette zone est mondialement connue notamment dans le domaine de l’industrie automobile. Le transfert technologique est aussi au rendez-vous et devra être qualitativement renforcé pour prévenir les éventuels chocs externes inhérents au marché international et aux évolutions techniques en cours, en rapport avec la lutte contre le changement climatique.
Lira aussi : Jeux Paralympiques Paris 2024 : les athlètes marocains déterminés à briller au plus haut niveau
Un peu plus loin vers l’est, la région de l’Oriental n’a pas été oubliée. Elle émerge doucement mais sûrement. La réalisation en cours du Port de Nador va certainement avoir un grand impact sur l’ensemble de cette région qui a connu un énorme retard par rapport aux autres régions du Royaume. Le même processus a été entamé pour la région de Dakhla, au Sahara, où est prévu un grand port sur l’Atlantique, ainsi que pour Agadir, qui a déjà connu une grande métamorphose. La ville de Nador, pas loin de cette d’Oujda, dispose aussi d’un emplacement géographique exceptionnel sur la mer Méditerranée. Le nouveau pôle industriel de Nador viendra ainsi « décongestionner » la concentration industrielle dans la zone nord de Tanger, tout en renforçant le pôle agroindustriel déjà opérationnel à Berkane. Les universités de haut niveau et les centres de formation professionnelle de la ville d’Oujda pourront ainsi établir un « lien organique » entre les formations dispensées et les besoins réels de l’économie locale et globale. La création de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), par la loi n° 13-21, est à situer dans ce processus global du développement des régions du nord et de l’est du Royaume, sur la base d’une vision stratégique. La culture de cannabis à usage de drogue ne peut être qu’un facteur de continuité de l’instabilité et donc un obstacle au développement de ces régions. Cette réalité a une histoire qui remonte à la période coloniale, reproduite pendant la phase postcoloniale/ néocoloniale. Les familles concernées vivaient dans une précarité permanente, au sens le plus large, jouant constamment « au chat et à la souris ». Impossible de s’intégrer et de se projeter dans l’avenir dans de telles conditions. Les rapports avec l’autorité publique ont été forcément marqués par la méfiance réciproque, la peur, la corruption (…).
Lire aussi : Nouvelle prestigieuse distinction à l’international pour Royal Mansour Marrakech
La mise en œuvre de la stratégie spécifique à l’ANRAC a ouvert la voie à de nouvelles alternatives. Et dès la 2ème année d’activité de cette institution, il est apparu, de toute évidence, que le terrain est devenu favorable à l’accélération du processus de changement. La grâce royale, en plus d’être fondamentalement humaniste, est donc aussi le fruit d’une vision politique lucide et une réponse aux attentes légitimes des populations d’une région qui ont joué un rôle historique déterminant dans l’indépendance du Maroc. Dans cette nouvelle réalité en gestation, les bénéficiaires de la grâce royale peuvent ainsi devenir des acteurs de changement et participer au processus en intégrant les nouvelles activités licites bien définies par la loi 13-21. Ils pourront exercer individuellement ou s’organiser sous forme de coopératives, et cultiver leurs champs en toute quiétude, dans le respect de la réglementation en vigueur et des cahiers de charge élaborés avec l’ANRAC.
De nouvelles relations pourront ainsi émerger dans la transparence et la confiance. Les impacts seront certainement multiples : priver les trafiquants de drogue à base de cannabis des sources traditionnelles d’approvisionnement et donc des sources d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent ; réduire drastiquement le nombre de poursuites pénales et donc décongestionner les juridictions qui pourront réaffecter leurs ressources dans le traitement des dossiers de nature juridique différente ; éradiquer la corruption dans les affaires judiciaires relatives au trafic de cannabis à usage de drogue (…). Sans oublier les nouvelles perspectives très prometteuses dans le développement de nouvelles activités industrielles et artisanales sur la base de la transformation du cannabis licite, notamment dans le domaine pharmaceutique, parapharmaceutique, cosmétique, alimentaire, textile (…). La stabilité des ménages concernés ne pourra qu’impacter positivement l’éducation des enfants, préparant ainsi l’émergence d’une nouvelle génération plus confiante dans l’avenir et dans son pays. Et par-dessus tout, dans l’immédiat, un beau sourire de réconciliation entre le gendarme et le cultivateur honnête du cannabis licite.