Religion

Le cardinal Sarah sera-t-il le tout premier pape d’Afrique subsaharienne ?

Fils spirituel de Benoît XVI, le cardinal Sarah, qui a eu dans les années 70 la confiance de Jean-Paul II, est sur la liste papabile. Mais qui est l’homme ?

Depuis la mort du pape François, les pronostics vont bon train. Et dans les couloirs feutrés du Vatican, son nom circule avec de plus en plus d’insistance. Le cardinal Robert Sarah, figure majeure de l’Église catholique contemporaine, est considéré comme un papabile sérieux – qui pourrait être le premier Africain subsaharien à accéder à ce poste. Nommé en 1979 archevêque de Conakry par Jean-Paul II, qui l’a appelé à travailler au sein de la Curie romaine en 2001, ce proche de Benoît XVI est devenu ces dernières années un auteur de livres à succès (Dieu ou rien, en 2015, La Force du silence, en 2016, et Le soir approche et déjà le jour baisse, en 2019). Il faut d’ailleurs noter que le cardinal Sarah n’est pas seulement un homme d’Afrique ; il est aussi, et surtout, l’héritier spirituel de Benoît XVI, dont il partage la rigueur doctrinale et la profonde intériorité mystique.

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Né en 1945 en Guinée, dans un village isolé, dans une famille convertie au christianisme, Robert Sarah incarne l’histoire d’un enfant de l’Afrique profonde devenu l’un des penseurs les plus respectés du catholicisme mondial. Il s’est imposé comme l’un des défenseurs d’une Église traditionaliste, favorable à la liturgie en latin, opposé à l’ordination des femmes ou encore par ses positions sur la famille. À presque 80 ans, il est soutenu par une frange ultra-conservatrice.

Un profil entre tradition, mystique…

Si l’éventualité d’un pape africain marque une rupture historique – l’Afrique subsaharienne n’ayant jamais été représentée au sommet de l’Église –, la candidature du cardinal Sarah est bien plus qu’un symbole géographique. Elle représente une forme de retour à l’essentiel, à une Église traditionnelle, silencieuse, priant dans l’obscurité des catacombes plus que dans la lumière des projecteurs. Sarah n’a jamais cherché le paraître : c’est sans doute ce qui renforce aujourd’hui son poids moral. Dans ses ouvrages devenus des best-sellers du monde catholique – Dieu ou rien, La Force du silence, ou encore Le soir approche et déjà le jour baisse –, il dresse un diagnostic implacable sur la modernité, la déchristianisation de l’Europe et la perte de repères spirituels.

Sa proximité avec Benoît XVI – qu’il appelait “le Mozart de la théologie” – et son respect filial pour Jean-Paul II font de lui un pont entre deux pontificats qui ont profondément marqué l’Église. Homme de prière avant tout, Sarah est aussi un homme de vision : convaincu que l’Afrique est le futur spirituel de l’Église, il plaide pour une évangélisation enracinée dans les cultures locales sans céder à la sécularisation. Si ses chances d’être élu pape restent soumises aux équilibres du conclave, il reste une figure cardinale plus qu’en vue.

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Pour rappel, Robert Sarah n’est pas le seul cardinal africain à se démarquer. Parmi les favoris, Fridolin Ambongo, originaire de République démocratique du Congo, et Peter Turkson du Ghana font partie des figures influentes. Au total, parmi les 135 cardinaux électeurs, 18 viennent du continent africain.

Comment se passe le vote ?

Il y a 252 cardinaux dans le monde. Seuls les cardinaux âgés de moins de 80 ans peuvent voter pour un nouveau pape. Et lorsqu’un nouveau pape doit être choisi, tous les cardinaux sont convoqués au Vatican, à Rome, pour un conclave papal. Il s’agit d’un processus d’élection qui a été suivi, presque sans changement, depuis environ 800 ans. Dans les détails, chaque cardinal électeur inscrit le nom du candidat qu’il préfère sur un bulletin de vote, sous la mention « Eligio in Summum Pontificem », qui signifie en latin « J’élis le Souverain Pontife ». Après son élection, le nouveau pape s’adresse traditionnellement aux foules rassemblées sur la place Saint-Pierre. Il choisit le nom sous lequel il souhaite être connu en tant que pape et revêt ses habits de fonction.

Des papes africains dans l’Antiquité

Si l’élection du cardinal Sarah devait avoir lieu, il serait le premier pape noir issu de l’Afrique subsaharienne. Mais l’histoire de l’Église a déjà connu des papes africains, bien que leurs origines renvoient à l’Afrique du Nord romaine, bien avant l’islamisation du Maghreb.

  • Saint Victor Ier (189–199) : originaire de l’actuelle Tunisie, il fut le premier pape à imposer le latin dans la liturgie romaine.
  • Saint Miltiade (311–314) : né en Afrique, il fut pape au moment où l’empereur Constantin mit fin aux persécutions contre les chrétiens.
  • Saint Gélase Ier (492–496) : d’origine africaine, probablement amazighe, il affirma avec force la primauté du spirituel sur le politique.

Ces figures, issues de l’Afrique latine, demeurent à ce jour les seuls papes du continent africain dans l’histoire bimillénaire de l’Église.

 
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