Le marocain Petrocab commande auprès du constructeur naval sud-coréen Dae Sun un second pétrolier qui sera assemblé à Casablanca
Un peu plus d’un un an et demi après la livraison de son nouveau pétrolier Challah qu’il avait acheté auprès du constructeur naval sud-coréen Dae Sun Shipbuiding pour 20 millions de dollars, l’armateur marocain Petrocab commande un second pétrolier identique au premier mais qui sera assemblé dans le chantier naval de Casablanca.
Après la livraison le 27 septembre 2022 de son pétrolier Challah d’une capacité de chargement de 9 000 tpl (tonnes de port en lourd) en Corée du Sud auprès du chantier Dae Sun dans le Port de Busan, la Société de Cabotage Pétrolier (Petrocab) a commandé un second navire de même type auprès du même constructeur sud-coréen. Sauf que cette fois-ci, l’armateur marocain a lié à sa commande à certaines conditions. Il a obtenu le navire pétrolier soit assemblé dans le chantier naval de Casablanca. « L’option recherchée n’est pas tant la fourniture d’un tanker précis, mais plutôt d’étudier la faisabilité opérationnelle de faire du port de Casablanca un pivot de proximité dédié à la réparation modulaire des bateaux préalablement construits en Corée du Sud et évoluant le long des côtes Afrique de l’Ouest/Europe. De ce fait, le Maroc est dorénavant identifié comme ressource factuelle dans la fabrication et l’assemblage des navires. Il est important de souligner que, de ce point de vue, le chantier naval du port de Casablanca dispose d’un format idéal modulo le prolongement de la digue Moulay Youssef sur un linéaire de 400 mètres au moins. », explique Najib Cherfaoui, Expert portuaire et maritime.
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Pour le constructeur naval sud-coréen, ce projet de montage à Casablanca du nouveau navire pétrolier commandé par Petrocab, constitue une opportunité. L’Ambassadeur de Corée du Sud à Rabat, Yoon Yeonjean, accompagné d’un représentant de Dae Sun Shipbuiding, a effectué une visite à l’Agence Nationale des Ports le 28 mai dernier et a rencontré Nadia Laraki, Directrice de l’Agence Nationale des Ports (partie à la retraite et remplacée récemment Mustapha Farès). Ils ont discuté des moyens de renforcer la coopération bilatérale entre la Corée et le Maroc dans le secteur portuaire. Il faut dire que Dae Sun lorgne la concession du nouveau chantier naval de Casablanca. A noter qu’après un premier appel d’offres déclaré infructueux en décembre 2019 par l’Agence Nationale des Ports, le groupe industriel français spécialisé dans la construction navale de défense, Naval Group, restait seul dans la course pour décrocher la concession du nouveau chantier naval de Casablanca, après la disqualification de deux concurrents italiens et le renoncement du candidat néerlandais.
Pour rappel, le premier navire fabriqué entièrement dans le chantier naval sud-coréen avait nécessité près de 18 mois. Comme le pétrolier Challah, le second navire qui devrait donc coûter moins cher, sera destiné au cabotage. Ce tanker qui sera long de 117 mètres et large de 19 mètres avec une capacité de chargement de 9 000 tpl, va approvisionnera les différents ports marocains.
Il portera à six le nombre de pétroliers sous pavillon marocain. Les cinq tankers actuellement en service sont : Tingis et Challah (le plus grand navire pétrolier en service de la flotte marocaine) de la même société Petrocab, Cedar et Argan de la Marocaine de Cabotage (Marcab), filiale du Groupe Derhem et le Balea armé par Sertego. Ainsi, cette capacité additionnelle permettra au Royaume de disposer dorénavant d’une flotte stratégique de 40 000 tpl qui va couvrir une partie du transport des importations en hydrocarbures et contribuer à réduire la facture de fret maritime payée en devises et qui s’est élevée à 2 milliards de dollars en 2022.
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Aujourd’hui, les produits pétroliers représentent 10 millions de tonnes. À l’origine, ce trafic était généré à partir de Mohammedia ; depuis la faillite de la Samir ce port traite essentiellement l’importation du GPL (Gaz de produits liquéfiés). Actuellement, l’approvisionnement s’effectue principalement par cabotage à partir de Tanger Med vers les autres ports du Royaume, notamment ceux du sud.
Mais en investissant autant dans un deuxième nouveau bijou en l’espace de moins de deux ans, Petrocab qui va profiter de la nouvelle charte d’investissement qui offre une subvention de 5% de l’investissement dans le secteur du transport, veut anticiper la prochaine entrée en service en 2025 du port de Nador West Med qui sera axée sur les produits pétroliers. En plus des 3 millions de conteneurs que cette plateforme va pouvoir accueillir à son ouverture, le port doit être capable de traiter jusqu’à 25 millions de tonnes d’hydrocarbures. En effet, grâce aux quantités importantes de pétrole qu’il pourra traiter, Nador West Med sera en capacité de proposer des silos de stockages pour les distributeurs nationaux de carburant, mais aussi et surtout pour les transporteurs pétroliers internationaux. Si toute l’Europe ou presque s’approvisionne depuis Rotterdam, le Maroc espère jouer un rôle similaire au niveau du bassin méditerranéen ainsi que pour l’Afrique de l’Ouest.