Le métaverse algérien
Le régime algérien fait croire à son peuple qu’il vit dans une réalité alternative, un « métaverse » politique où la vérité est constamment tordue.
Une vidéo fait le « buzz » sur la Toile. On y voit une présentatrice de la télévision publique algérienne annoncer, sans sourciller, en plein JT, la qualification de l’USM Alger en finale de la Coupe de la CAF aux dépens de la RS Berkane. Une Fake News annoncée en direct par la télévision d’État algérienne et visionnée par des millions de téléspectateurs en Algérie et, grâce à la magie d’internet, bien au-delà. Surréaliste, hors-sol, stupéfiant… les qualificatifs manquent pour décrire cet énième exemple de déni systémique dans lequel végète le régime algérien. Un pouvoir qui connaît moins de limites que la langue française.
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L’Algérie vit-elle dans un autre monde? Bien sûr que non. Mais le régime algérien fait croire à son peuple qu’il vit dans une réalité alternative, un « métaverse » politique où la vérité est constamment tordue. Dans les faits, les exemples de cette distorsion ne manquent pas. Que ce soit en attribuant les incendies meurtriers en Kabylie au Maroc, en avançant des chiffres fantaisistes sur le nombre de martyrs pendant la Guerre de libération, ou en éliminant l’Espagne par une équipe fantôme en Coupe du monde. En termes de science-fiction, le régime algérien n’a rien à envier à Steven Spielberg.
Ce « métaverse » où les faits sont déformés, où la fiction devient réalité aux yeux des dirigeants et d’une partie du peuple. Dans ce monde parallèle, les mensonges d’État sont monnaie courante, utilisés comme outil de manipulation et de maintien du pouvoir. Un classique des régimes totalitaires.
C’est simple. Si on mettait un casque de réalité virtuelle « made in Algeria », on y verra un monde peuplé essentiellement de militaires, organisant des parades gigantesques, remportant des batailles virtuelles contre des ennemis tout aussi fictifs et contrôlant un appareil médiatique du style La Pravda… Pas de place pour la réalité dans un tel monde. Et c’est ce monde-là dans lequel vit le pouvoir algérien. Un monde anachronique qu’il souhaite imposer à son peuple en érigeant le mensonge en doctrine politique.
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Mais cette stratégie du mensonge est en réalité un terrible aveu de faiblesse. C’est que le régime politico-militaire a perdu le contrôle des événements. Diplomatiquement, économiquement, sportivement… le pays est à la ramasse, dépassé par la cadence d’un monde en pleine mutation. Cette volonté de déformer la réalité ne reflète finalement que le désir du pouvoir algérien à contrôler ce qui peut encore l’être dans le récit national. C’est là le signe d’un régime en fin de cycle. Contentons-nous d’espérer pour ce pays un retour à la réalité… pacifique.