Le symbole et le message
Les résultats des jeux olympiques (JO) ne peuvent pas être appréciés uniquement en nombre de médailles emportées par chaque Etat. Ce n’est guère l’objectif ultime de cette rencontre où les Etats et les peuples sont appelés à vivre et partager des moments de fraternité.
En nombre de médailles emportées, le Maroc n’a pas brillé aux JO. Deux médailles, l’une en or pour Soufiane El Bakkali, pour le 3000 mètres steeple, l’autre de bronze pour nos lionceaux de l’Atlas, dans le football. Malgré ces résultats modestes, le Souverain a décoré S. El Bakkali. C’est là un acte hautement symbolique que devrait bien saisir l’ensemble de nos responsables politiques/publics.
Le sport, en général, et le football en particulier, ont prouvé leur capacité mobilisatrice au sein des nations, en termes d’union, d’appartenance collective à une nation et de compétitivité pacifique dans le monde. C’est dans cette optique que le Royaume, dans sa stratégie de développement, a attribué une importance exceptionnelle au sport, allant d’ailleurs jusqu’à l’intégrer dans le système d’éducation nationale. L’inséparabilité de l’esprit et du corps a ainsi été officiellement consacrée. Les derniers JO ont permis au Maroc d’être présent dans plusieurs disciplines et d’emporter deux médailles dans deux domaines très significatifs. La course et le football. Dans la course, il s’agit d’un sport individuel où le participant représente aussi une nation. C’est là une compétition sportive individuelle qui n’efface pas pour autant la dimension collective, patriotique. Dans le football, sport d’équipe par excellence, le sentiment d’appartenance à un groupe n’élimine pas les spécificités individuelles propres à chaque joueur. Tout le génie réside dans cette capacité de savoir combiner intelligemment ces deux dimensions apparemment opposées mais en fait parfaitement complémentaires.
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La qualité des résultats et leur symbolique constituent une force constructive tournée vers l’espoir, vers l’avenir, avec beaucoup d’optimisme. En décorant S. El Bakkali, héros marocain au JO 2024, l’acte Royal est à saisir dans cette optique, par tous les marocains, mais surtout par nos responsables politiques/publics appelés à dupliquer à tous les niveaux cet acte, non pas pour se comporter comme des « roitelets », mais pour en insuffler l’esprit et l’énergie, cette dynamique collective, cette confiance en soi chez les jeunes, dans tous les domaines. Il est tout simplement question de contribuer, dans la pratique, à une consécration systématique de la compétence, de « tirer vers le haut », pour que les jeunes soient absolument convaincus que quiconque possède une volonté, persévère, participe avec patience, sans jamais faiblir, peut et devrai réussir. C’est là une pratique sociétale à consacrer dans la réalité et à généraliser, une pratique capable de créer une dynamique exceptionnelle de créativité et de changement. « Que le meilleur gagne », sans pour autant céder la place au « chacun pour soi ». La solidarité active a et aura toujours sa place. C’est dire que la réussite méritée et légitime de l’individu n’est pas antinomique avec la solidarité collective.
La consécration de cette logique dans la pratique sociétale peut ainsi déraciner et mettre fin aux phénomènes de « Bak Sahbi », du clientélisme familial, tribal ou partisan, de la « promotion canapé », et autres mécanismes destructeurs de la compétition loyale et de la confiance en soi.
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Dans ce contexte, l’implication actuelle de certaines institutions ou entreprises, actée notamment par le Groupe OCP, dans l’appui au sport, et en particulier au football, reçoit toute sa signification. C’est là aussi un message très fort à saisir, aussi bien par les acteurs politiques, économiques et sociaux, en particulier le secteur privé, gangrené par la logique de la rente. Collectivités territoriales, entreprises publiques ou privées, voire ONG (…) sont appelées à suivre cet exemple du Groupe OCP et à le transformer en mouvement collectif, fondateur de nouvelles valeurs mobilisatrices et créatrices de forces constructrices d’un nouveau Maroc pour lequel plusieurs générations ont tant rêvé et œuvré.