Portrait

LEILA DOUKALI: « La diversité dans les instances dirigeantes améliore la performance des organisations, stimule l’innovation et favorise une croissance plus inclusive»

À l’occasion du 8 mars, Challenge donne la parole à dix femmes d’exception qui façonnent l’économie marocaine. À la tête d’entreprises, de départements stratégiques ou de projets innovants, elles incarnent leadership, résilience et vision. À travers leurs parcours inspirants, ces managers prouvent que la réussite n’a ni genre ni limite. Découvrez leurs histoires, leurs défis et leur impact dans un paysage économique en pleine mutation.

Le leadership féminin en entreprise n’est plus une option mais une nécessité. Il est prouvé que la diversité dans les instances dirigeantes améliore la performance des organisations, stimule l’innovation et favorise une croissance plus inclusive. Pourtant, malgré une féminisation croissante des bancs universitaires et une volonté affirmée d’émancipation économique, le chemin vers les postes de haute responsabilité demeure semé d’embûches pour les femmes marocaines.

Loin des clichés, les femmes qui accèdent à ces postes le doivent à leur compétence, leur résilience et leur capacité à naviguer dans un environnement encore largement dominé par des pratiques et mentalités ancrées. Elles démontrent qu’un leadership inclusif et collaboratif constitue une force pour les entreprises, bien au-delà des considérations de genre.

Prôner un leadership transformationnel

Les différences entre les pratiques managériales des femmes et celles de leurs homologues masculins ne tiennent pas tant à des qualités intrinsèques qu’aux expériences vécues et aux contraintes spécifiques auxquelles elles sont confrontées. Mon approche du management repose sur trois piliers :
l’écoute active, la prise de décision collégiale et la valorisation du capital humain.

Lire aussi | Badra Hamdaoua: «Le vrai défi n’est pas d’accéder aux postes de direction, mais de s’y maintenir avec succès tout en restant fidèle à soi-même»

Les femmes dirigeantes ont souvent une sensibilité accrue aux dynamiques d’équipe et privilégient des modèles plus participatifs. Elles sont également plus enclines à intégrer des valeurs de responsabilité sociale et environnementale dans leur gestion. Contrairement à une vision encore dominante du leadership associée à l’autorité et à la prise de risque immédiate, elles prônent un leadership transformationnel, misant sur le long terme et l’impact durable. En ce sens, nos pratiques managériales ne sont pas en opposition avec celles des hommes, mais elles apportent une valeur ajoutée en intégrant une approche plus holistique et inclusive.

Les défis socioculturels

Malgré les avancées législatives et les efforts des organisations, plusieurs obstacles freinent encore l’accès des femmes aux postes de haute responsabilité au Maroc  :

1.Les contraintes socioculturelles : Les stéréotypes de genre restent un frein majeur. La femme est encore perçue comme devant privilégier son rôle familial, ce qui crée une pression supplémentaire pour celles qui aspirent à des carrières ambitieuses. L’équilibre travail-famille demeure un défi, amplifié par le manque de structures adaptées comme des crèches en entreprise ou des horaires de travail plus flexibles.

Lire aussi | Laila Benjdia: La poigne de la cheffe

2. Un accès limité aux réseaux d’influence : Le réseautage est un levier puissant pour l’évolution professionnelle, mais les femmes sont souvent exclues des cercles de décision. 

3. L’autocensure et le syndrome de l’imposteur : De nombreuses femmes hésitent à postuler pour des postes à responsabilité, doutant de leur légitimité malgré des compétences avérées. Ce phénomène, largement observé à travers le monde, est exacerbé par un manque de modèles féminins visibles dans le paysage entrepreneurial et managérial marocain.

4.Un environnement professionnel encore rigide :Les entreprises marocaines ne sont pas encore toutes adaptées à une intégration massive des femmes dans des rôles de leadership. La flexibilité du travail, les politiques de parité et l’adaptation des critères de promotion restent à améliorer.

 Une affaire de compétence, de vision et de détermination

Le Maroc a une formidable opportunité de capitaliser sur son vivier de talents féminins. Pour cela, nous devons agir à plusieurs niveaux :

 Renforcer les politiques d’égalité professionnelle, avec des quotas et des dispositifs incitatifs.

 Faciliter l’accès au financement et aux réseaux d’affaires pour les femmes entrepreneures.

 Encourager les entreprises à adopter des mesures pro-famille, telles que le travail à distance et les crèches en entreprise.

 Multiplier les initiatives de mentorat et de formation, pour accompagner la prochaine génération de femmes leaders.

Les femmes marocaines ne demandent pas des privilèges, mais simplement un environnement propice à l’expression de leur plein potentiel. Il est temps d’abandonner l’idée que le leadership est une affaire d’hommes. C’est une affaire de compétence, de vision et de détermination. Et en cela, les femmes marocaines ont toute leur place. 

 
Article précédent

Fidaroc Grant Thornton retenu pour la refonte du modèle de commissionnement de la SNTL

Article suivant

Plaidoyer pour un pastoralisme durable…