Événement

Les économies sahéliennes en voie d’intégration mondiale

En ouvrant une voie vers l’océan Atlantique, le Maroc s’engage à désenclaver les économies isolées du Sahel. Cette initiative, lancée il y a quelques mois, fait face à des défis de taille, notamment le retrait annoncé du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO.

« En 2024, alors que nous sommes en pleine crise marquée par des coups d’État et les séquelles post-pandémie, il est crucial de ne pas dresser de nouvelles frontières. L’avenir prospère du Sahel et du monde en dépend », a déclaré Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, lors du 7ème Morocco Today Forum. Cette plateforme, centrée sur le thème « L’Afrique Atlantique », met en lumière l’ambition du Maroc de connecter les nations de l’hinterland sahélo-saharien à l’Atlantique. Malgré ses défis, cette région affiche un PIB de près de 70 milliards de dollars, l’un des taux de croissance les plus élevés du continent à 4,5 %, et une dette modérée de 56 % du PIB, contre 66 % pour l’ensemble de l’Afrique.

L’appel est à l’audace !

La réunion, organisée par le groupe Le Matin, a rassemblé des personnalités telles que la ministre Leila Benali et l’ancienne secrétaire d’État française Rama Yade, ainsi que des ambassadeurs du Tchad, du Mali et du Burkina Faso au Maroc, ainsi que des hommes d’affaires d’Afrique subsaharienne.

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En offrant un débouché sur l’Atlantique, le Maroc vise à briser l’isolement économique du Sahel et à stimuler les échanges commerciaux pour accroître leur compétitivité internationale. Ce projet d’inclusion régionale, en gestation depuis des mois, a été bien accueilli par quatre nations sahéliennes, tandis que la Mauritanie envisage de rejoindre ce corridor dans une phase ultérieure.

Initiative fédératrice

« C’est un changement de paradigme nécessaire, car l’approche sécuritaire seule montre ses limites », a souligné Mohammed Haitami, PDG du groupe Le Matin. « L’initiative royale marque une émancipation 4.0 tout en honorant les valeurs ancestrales de partage, de solidarité et de partenariats gagnant-gagnant », a-t-il ajouté.

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Récemment, une réunion ministérielle sur l’Initiative Atlantique, organisée par le ministre des Affaires étrangères marocain Nasser Bourita, a jeté les bases pratiques de cette coopération, avec la création de plusieurs groupes de travail dans les pays concernés. « Si l’Afrique Atlantique partage une volonté commune de développement durable, l’engagement du Maroc est un choix politique », a rappelé la ministre Benali, soulignant les investissements en cours tels que le nouveau port de Dakhla, la West Africa Free Zone, des ports secs et un projet de gazoduc.

Phase de transition

L’initiative représente une alternative bienvenue, surtout après le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO, isolant ces nations sur le plan économique et politique. « Ouvrir la façade Atlantique aux nations sahéliennes est un geste significatif. Le Maroc a soutenu notre pays alors que d’autres nous sanctionnaient », a déclaré le Colonel Major Salissou Mahaman Salissou, ministre des Transports et de l’Équipement du Niger.

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Le retrait de ces nations de la CEDEAO survient dans un contexte de tensions croissantes, ce qui pourrait compliquer la coopération régionale essentielle au succès de l’Initiative Atlantique. « La CEDEAO doit relever deux défis majeurs : la sécurité et la crise institutionnelle liée au retrait de ses membres », a déclaré Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali. Malgré ces défis, certains voient cette initiative comme une opportunité de briser l’isolement des États sahéliens et de répondre aux défis démographiques croissants, avec une population attendue de 120 millions d’habitants d’ici 2050.

Au-delà des enjeux sécuritaires, la logistique et les infrastructures restent des défis majeurs pour cette initiative, invitant à repenser le développement durable et la coopération régionale en Afrique de l’Ouest.

 
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