Les écrans de fumée du foot national
On a l’habitude de dégager en touche quand quelqu’un s’avise à serrer de trop près les causes d’un drame.
Samedi dernier, une jeune fille est morte alors qu’elle souhaitait seulement aller voir son équipe préférée, le Raja de Casablanca, jouer son match contre Al Ahly d’Egypte. Elle ne verra jamais le match car elle est morte en voulant entrer au stade, le très fameux complexe sportif Mohamed V. Le match a eu lieu, le Raja a été éliminé comme on le sait tous, mais ce qu’on ne saura jamais, c’est dans quelles circonstances exactes est morte la jeune femme qui gisait à la morgue, alors que le match se déroulait.
Certes, bien sûr, elle a été secourue, si on peut dire, puisque lorsqu’elle s’est écroulée au milieu de la foule, devant les portes du stade, l’ambulance est venue avec les brancardiers d’usage, mais sans ne rien pouvoir faire, faute de matériel adéquat, et de savoir-faire pour traiter un cas d’urgence. Or urgence il y avait, la victime était quasi inanimée mais dans nos stades on se préoccupe plus de la sécurité que de la santé. C’est ainsi. Et ce n’est la faute de personne car il n’y a que des coupables.
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Coupables ceux qui ont laissé le stade, jadis d’Honneur, devenir le déversoir de toutes les frustrations de la société. Coupable cette presse, toute la presse, qui vante les mérites de la foule au lieu de l’éduquer. Coupables ceux qui vont profiter du drame pour régler leurs comptes… du genre : la victime était supportrice du Raja et bien c’est la faute du président Badraoui, « le parvenu » qui prétend prendre le Raja en otage avec son argent. Accuser le Raja pour dédouaner les autres, tous les autres, dont ces messieurs que vous savez, qui pavoisent quand tout va bien et qui se cachent lorsque ça tourne mal. Se cachent en envoyant au front de l’information ceux qui vont leur servir de haut-parleurs.
Une personne jeune et belle qui n’était pas un « hooligan » est morte au stade, ce « Donor » selon l’expression favorite de l’époque. Oui le stade était bourré de monde. Certains comme d’habitude ont dû s’en mettre plein les poches. Le foot national, si beau, si lumineux, quatrième mondial, parait-il, depuis le Qatar 2022, s’apprête à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations et pourquoi pas du Monde, ce vieux rêve. D’ici 2030, ou plutôt d’ici 2024, quand la FIFA décidera du sort du Mondial 2030, à son prochain congrès, tous les espoirs sont permis. C’est Lakjaa et ses amis qui l’ont dit et promis. On attend toujours la minute de silence dans tout ce brouhaha, discours, applaudissements et congratulations qui parlent d’avenir, oubliant de réparer les trous béants du passé et du présent. Le Raja éliminé, on attendait le pire pour les FAR, dimanche. Et le pire est arrivé, les FAR, n’ayant pu franchir l’obstacle algérois. Seul le Wydad, au forceps, a pu, vendredi, se défaire du sympathique représentant de la Tanzanie.
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Donc, au palmarès, 3 clubs au départ et à l’arrivée il n’en resta qu’un seul : le Wydad. Pas de quoi pavoiser donc. Heureusement, Said Chiba, coach des U.17 a sauvé la face du foot national, en battant l’Afrique du Sud, à Alger, dans une compétition où on a failli ne pas participer. Aussi, mardi matin, toute honte bue, on a pu festoyer en attendant la suite, ce match contre le Nigeria, mercredi. La suite ce seront aussi les explications des experts avec les maires et les parlementaires sur les causes du drame de Casablanca et de son stade. Les signaux de fumée s’épaississent.