Les marchés financiers déboussolés par le yo-yo américain

Les marchés d’actions cherchent la direction à prendre jeudi face aux changements de politique commerciale des Etats-Unis, tandis que les taux d’emprunt des États européens ont continué de grimper, alimentés par les annonces budgétaires allemandes et malgré la nouvelle baisse des taux directeurs de la Banque centrale européenne.
A Wall Street, vers 17H15 GMT, le Dow Jones perdait 1,15%, l’indice Nasdaq lâchait 2,32% et l’indice élargi S&P 500 reculait de 1,80%, après des résultats d’entreprises inférieurs aux attentes qui relancent les inquiétudes sur un ralentissement de la consommation aux Etats-Unis.
Après une séance en dents de scie, les marchés européens ont basculé en terrain positif dans l’après-midi après des propos du ministre américain du Commerce selon lequel les produits en provenance du Canada et du Mexique pourraient finalement être exemptés de droits de douane pour un mois. La Bourse de Francfort a bondi de 1,47%, Milan a pris 0,68% et Paris 0,29%. Londres a toutefois cédé 0,83%.
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Il est « probable » que l’exemption, portant initialement sur l’automobile, concerne « tous les biens et services couverts » par l’accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), a déclaré le ministre Howard Lutnick sur la chaîne de télévision CNBC, évoquant un « sursis » d’un mois. Cela représente l’essentiel des produits échangés entre les trois pays.
Donald Trump a lui annoncé dans la foulée que le Mexique n’aurait « pas à payer de droits de douanes sur toutes les marchandises couvertes par l’ACEUM », jusqu’au « 2 avril ». Depuis mardi, les États-Unis imposaient 25% de droits de douane sur les produits canadiens et mexicains, sauf sur les hydrocarbures canadiens (10%), ce qui avait provoqué une forte chute des actions en début de semaine.
Jeudi, la séance sur le Vieux continent a aussi été marquée par la décision de la Banque centrale européenne (BCE) de baisser ses taux directeurs de 0,25 point. L’institution a aussi annoncé avoir relevé ses prévisions d’inflation. Sa présidente, Christine Lagarde, a prévenu que l’augmentation massive des dépenses dans la défense et les infrastructures en zone euro pourrait « augmenter » l’inflation.
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Un regain d’inflation rendrait moins justifiée la poursuite par la BCE de sa politique de baisse des taux entamée l’an dernier, ce qui accroît la pression sur les emprunts. Les gardiens de l’euro ont d’ailleurs souligné jeudi que les taux étaient désormais à un niveau auquel la politique monétaire « devenait sensiblement moins restrictive ». Cette formulation renforce les attentes d’une pause à venir dans les baisses de taux.
Le rendement allemand à dix ans, appelé le « Bund », référence en Europe, a terminé à 2,83% contre 2,79% en clôture mercredi et seulement 2,49% mardi. Ailleurs en Europe, l’emprunt à dix ans français a atteint 3,54% contre 3,49% mercredi. Son équivalent italien s’est hissé à 3,96%, en hausse de 0,6 point depuis la veille.
« L’obligation allemande va devenir plus risquée pour les investisseurs. Le pays sera davantage endetté, même s’il s’agit davantage d’une normalisation que d’un mouvement de panique », explique à l’AFP Bénédicte Kukla, chargée d’investissement chez Indosuez.
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L’Allemagne a pris cette semaine un virage encore impensable il y a peu en annonçant le lancement d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros et une réforme de ses règles constitutionnelles de rigueur budgétaire pour financer ses efforts de défense, rénover ses infrastructures et gagner en compétitivité.
Les constructeurs automobiles européens ont bénéficié du revirement américain sur les droits de douane au Canada et au Mexique. Stellantis, fortement présent au Mexique, a pris 2,07%. A Francfort, BMW a gagné 4,34%, Mercedes 4,55% et Volkswagen 3,93%. Les équipementiers Forvia (+7,00%), Valeo (+6,98%) et OPMobility (+4,02%) ont grimpé à Paris, comme Continental (+6,74%) en Allemagne.