Les MEDays questionnent les « souverainetés » dans un monde en profonde mutation
Alors que les équilibre géostratégiques, tels qu’on les connait depuis au moins trois décennies, connaissent une profonde mutation, les pays du Sud se trouvent confrontés à des questionnements existentiels quant à la préservation de la souveraineté, sous toutes ses formes. C’est à cette problématique que tente de répondre le Forum MEDays, ouvert, mercredi 27 novembre, au magnifique Palais des Arts et de la Culture de Tanger.
Comme à l’accoutumée, la Fondation des MEDays, en partenariat avec l’Institut Amadeus, rassemble pas moins de 250 orateurs de premier plan et de divers horizons, qui vont disséquer les différentes facettes de cette thématique (Souverainetés et Résiliences : Vers un Nouvel Équilibre Mondial) et tenteront de proposer des pistes de réflexion à même d’aider les pays de l’hémisphère Sud, particulièrement ceux du continent africain, à faire face aux nouveaux défis.
« La souveraineté, ce n’est pas seulement une question de frontières, c’est la capacité pour chaque nation de décider par elle même, pour elle même, de choisir ses alliances, de bâtir son avenir sans dépendre de la volonté d’autrui », lance, d’emblée, Brahim Fassi Fihri, président d’Amadeus, au cours de la séance inaugurale de ces travaux, qui mettent à contribution chefs d’État et de gouvernement, décideurs politiques, lauréats de Prix Nobel, dirigeants de grandes entreprises internationales.
La voix du Sud, longtemps ignorée, « s’élève désormais pour dire que notre avenir n’est pas un privilège concédé par d’autres, mais un droit que nous prenons en main », insiste-t-il, relevant que le Sud « est un acteur, une force motrice, un partenaire indispensable pour relever les défis mondiaux ».
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En consacrant sa souveraineté sur son Sahara, le Maroc, sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a su transformer ces provinces « en un pilier stratégique, non seulement sur le plan diplomatique, mais également en matière de développement régional et continental intégré », assure M. Fassi Fihri.
En effet, les provinces du Sud sont aujourd’hui un hub en pleine transformation grâce à une vision royale ambitieuse et multidimensionnelle. Les investissements massifs dans les infrastructures, tels que le port Dakhla atlantique, les zones franches ainsi que les projets sociaux et culturels, sont autant de preuves tangibles d’une dynamique inclusive et proactive tournée vers l’avenir.
Aux yeux de Mme Suminwa Tuluka Judith, Premier ministre de la République Démocratique du Congo, la question de la souveraineté « est intrinsèquement liée à notre capacité à répondre aux besoins urgents de nos pays et de nous affirmer en tant que nation » car « les crises mondiales nous poussent désormais à aborder la souveraineté comme le vecteur central des aspirations particulières des nations ».
La première chef de gouvernement de l’histoire de la RDC souligne que le pilier majeur de la souveraineté demeure « la sécurité qui est un enjeu crucial pour nos nations, déplorant que cette sécurité « est pour la plupart d’entre nous fragilisée par les différentes crises que nos pays traversent ».
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« Comment envisager une pleine souveraineté lorsque la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la stabilité de la sécurité alimentaire sont inégaux », s’exclame-t-elle, mentionnant que des dizaines de millions de citoyens des pays du Sud ont connu la faim en 2023, spécialement en Afrique « qui représente la plus forte proportion de populations » touchées par ce problème.
Le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, considère que la souveraineté et la résilience des État africains et de leurs institutions vont dépendre « de notre volonté politique et de notre détermination à résoudre les conflits existants et à prévenir les guerres ».
Pour ce faire, fait-il remarquer, il faut mettre en place une « action préventive par la voie diplomatique et la médiation », s’attaquer aux sources des problèmes et ainsi empêcher les crises, sans négliger l’importance d’actions communes allant dans le sens du renforcement des capacités institutionnelles respectives.
Le Premier ministre guinéen, Bah Oury, défend, quant à lui, l’idée d’un non-alignement actif, dans la mesure où les pays du Sud, qui ont les mêmes intérêts et les mêmes problématiques, « doivent développer des approches de résilience, de solidarité et de coopération pour contribuer à asseoir un climat de paix à l’échelle du monde ».
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« En mettant en avant l’intérêt de notre pays, nous optons pour une coopération ouverte avec tous les pays du monde (…) C’est la raison pour laquelle nous sommes pour une revisite de cette notion que nous appelons un non-alignement », dit-il.
Le caractère crucial de la thématique de cette année et son timing promettent des débats fort intéressants pour la seizième édition des MEDays, qui se poursuivent jusqu’au samedi 30 novembre. Des intervenants de haut niveau devront animer cinquante de sessions, avec une attention toute particulière portée aux défis posés à l’Afrique et aux opportunités qui s’offrent aux pays du Sud, en ces temps troubles.