L’Espagne, alliée du Maroc, s’oppose à une guerre commerciale sino-européenne [Par Charaf Louhmadi]
L’Espagne cherche à éviter une guerre commerciale sino-européenne tout en renforçant ses liens avec le Maroc. Face aux tensions croissantes entre l’Union européenne et la Chine, Madrid défend ses intérêts économiques et prône la désescalade pour protéger ses exportations et ses relations commerciales.
L’Union européenne et la Chine au bord de la guerre commerciale
L’UE a annoncé vouloir imposer à long terme des taxes sur les véhicules électriques en provenance de Chine. Ces taxes, qui pourraient atteindre 36 %, s’étaleraient sur une période de 5 ans. Les véhicules Tesla produits en Chine sont également concernés par cette mesure protectionniste.
En réponse, la Chine a immédiatement rétorqué en lançant des enquêtes sur l’Union européenne pour pratiques antidumping, visant notamment les produits laitiers importés en Chine. Ces échanges représentaient plus de 1,68 milliard d’euros en 2023.
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Si aucun compromis n’est trouvé, la deuxième puissance économique mondiale et l’Union européenne risquent de se diriger vers une guerre commerciale, dont les effets seraient plus néfastes pour l’UE que pour la Chine. En 2023, la balance commerciale entre l’UE et la Chine était largement favorable à l’Empire du Milieu, avec un déficit de l’ordre de 280 milliards d’euros pour l’Europe.
Il est essentiel que ces deux puissances économiques tirent les leçons de la guerre commerciale sino-américaine. Toute escalade des tensions risquerait de freiner la croissance et les investissements, tout en augmentant les prix des produits importés, avec des répercussions directes sur les consommateurs.
L’Espagne défend ses intérêts et crée une division au sein de l’Europe
Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, s’est rendu début septembre en Chine, où il a rencontré son homologue Xi Jinping à Pékin. Ce fut l’occasion pour le chef du gouvernement espagnol de réaffirmer les « liens forts » qui unissent les deux pays, dans un contexte de tensions croissantes entre l’UE et la Chine.
L’Espagne est particulièrement exposée aux enquêtes antidumping chinoises, notamment concernant les importations de viandes porcines. En effet, l’Espagne est le principal exportateur de ces produits vers la Chine, avec plus de 560 000 tonnes exportées en 2023, représentant un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros.
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Pedro Sánchez s’est prononcé contre les taxes européennes sur les véhicules électriques chinois, appelant l’UE à revoir sa position : « Nous devons reconsidérer, tous ensemble, non seulement les États membres mais aussi la Commission, notre décision. » L’Espagne plaide ainsi pour une désescalade commerciale et un apaisement avec la deuxième puissance économique mondiale.
La politique pro-Maroc pragmatique de Pedro Sánchez
Le Maroc peut compter sur le soutien de son voisin espagnol, notamment sur la question du Sahara. En effet, Pedro Sánchez a aligné son pays sur la position américaine, reconnaissant la souveraineté marocaine sur cette région. Ce geste a permis de mettre fin à près d’un an de tensions diplomatiques et commerciales. Durant cette période de crise, l’ambassadrice marocaine en Espagne, Karima Benyaich, avait été rappelée à Rabat.
En avril 2022, Sánchez a rencontré le roi Mohammed VI et a déclaré que le plan d’autonomie proposé par le Maroc était la solution « la plus sérieuse, réaliste et crédible ». L’Espagne a ainsi été l’un des premiers pays européens à prendre position en faveur du Maroc, une décision suivie par le président français Emmanuel Macron en juillet 2024, soit près de deux ans plus tard. Il est intéressant de noter que des personnalités de la droite française, comme Xavier Bertrand et Rachida Dati, s’étaient prononcées en faveur du Maroc avant l’annonce officielle du président.
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Cette politique pragmatique de Pedro Sánchez prend également en compte le rôle clé que joue le Maroc dans la lutte contre l’immigration clandestine, notamment via les enclaves de Sebta et Melilia.
L’Espagne a par ailleurs renforcé ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis, en développant des terminaux méthaniers sur ses côtes, dans une démarche visant à réduire sa dépendance aux importations de gaz fossile fortement émetteur de CO2.